Généalogie et Histoire en Pays Dolois  

Les pêcheries de la baie de Cancale et du Mont Saint Michel

 

 

 

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mise à jour 06/08/2006

 

Les pêcheries


La pêcherie est constituée de deux "pannes", en forme de V. A la marée descendante, les poissons pris au piège restent dans le "bâchon", grosse nasse où les pêcheurs viennent les ramasser.

Les pêcheries sont très anciennes, elles sont déjà signalées en 1050 et dans une enquête 1181.

Extrait de :

De l'état ancien et de l'état actuel de la baie du Mont-Saint-Michel et de ... Par François Gilles Pierre Barnabé Manet

Pêcheries exclusives, appelées parcs de clayonnage ou bouchots , situées sur les grèves de la baie, à une demi-lieue en avant de la digue. On y prend quantité de poissons plats, tels que soles, plies , turbots, barbues, raies, etc.; d'autres poissons ronds, tels que rougets, morues, anguilles, roussettes ou chiens de mer, etc., et même quelquefois des marsouins, des thons, des saumons, des esturgeons, et autres grosses pièces (*). Chacune d'ailleurs produit par an une certaine somme d'argent en moules, qui s'y attachent avec plaisir (**) ; car ce coquillage préfère, pour végéter, le bois aux rochers. Elles commencent à la pointe du Bec du Puy, sous Cancale, et se prolongent jusqu'au-delà de Chérueix. Toutes, au nombre d'environ 50 , sont construites de branchages entrelaces fort épais autour de pieux solidement enfonces dans le sable, et élevés hors de terre de plus de six pieds vers le fond. Toutes sont placées à 4o0 brasses de distance les unes des autres,d'après l'arrêt du conseil du 11 août 1736 ; et toutes présentent leurs ouvertures vers la terre. Leurs ailes, pannes, ou côtés, peuvent avoir 100 à 130 brasses de longueur. A l'extrémité de l'angle qui fait le fond de chaque pêcherie, est une ouverture ou égout, de quelques pieds de large sur toute la hauteur du clayonnage : c'est là qu'est la cage , où sont tendus divers engins, tels que verveux, guideaux, tonnelles, basches ou bonastres , nasses, gonnes, et autres , formés de rets , ou de verges d'osier; dans lesquels s'arrête définitivement le poisson. D'après l'arrêt déjà cité, ces diverses pêcheries ne peuvent être établies qu'à 200 brasses au moins du passage ordinaire des vaisseaux, à peine de démolition aux frais des propriétaires. Toutes, à l'époque de la révolution, étaient du ressort et sous la surveillance de l'amirauté de Saint-Malo : mais par ordonnance du roi du 24 juillet 1816, la police supérieure de tout ce qui est relatif à la pêche dans cette baie , fut dévolue à l'intendant de la marine à Brest, par l'intermédiaire de l'administrateur en chef de la marine à Saint-Servan. Malgré les règlement sages qui ont fixé la grandeur de la maille du filet qui les ferme , et qui ordonnent de les tenir ouvertes dans la saison du frai, on ne peut se dissimuler qu'elles ne détruisent sans remède une quantité énorme de jeune poisson ( car comment l'autorité la plus vigilante pourrait-elle , afin d'obvier aux contraventions des pêcheurs , visiter chaque marée , de jour et de nuit, les pieds dans la vase , souvent la pluie ou la grêle sur la tête, et toujours aux risques de s'enliser, si l'on s'écarte trop de la vraie route signalée par quelques branchages fichés de loin à loin dans le sol, les sacs de ces parcs disséminés sur une aussi grande étendue?) : mais cet inconvénient est-il une raison bien suffisante pour abolir toutes ces pêcheries, comme l'ont proposé dernièrement quelques hommes à systèmes? C'est ce que nous laissons à décider à de plus habiles que nous. Ce que nous nous permettrons seulement de dire sur cette matière , qui intéresse si particulièrement presque toute la population de la côte, c'est que tel des économistes cités ci-dessus qui regrette de ne pas voir sa table fournie à meilleur marché, pourrait bien lui-même, sises vœux se réalisaient , se repentir d'avoir fait comme ces sauvages, qui , pour avoir deux ou trois noix de coco de plus , abattent l'arbre qui les porte.

(*) Entre autres poissons rares pris sur ces grèves, M. Blondel ( Not. hist. sûr le Mont Saint-Michel, p. 74) en cite un fort singulier, qui y fut un jour laisse à sec, et dont M. de Buffon ni ses continuateurs n'ont parlé, — Cet animal avait trois pieds et demi de longueur. Sa tète était large, et beaucoup plus grosse que le corps. Sa gueule s'ouvrant d'un pied de haut, présentait des dents aiguës et rangées comme celle du requin. Le milieu de son palais était hérissé d'un amas de pointes très-piquantes. Sous son collet, de droite et de gauche, sortaient deux mains; et de dessous son ventre, deux pieds qui lui servaient de nageoires. Il portait le long de son dos comme trois petits mâts mobiles , de la grosseur d'un faible tuyau de blé, dont le plus haut, celui du milieu, pouvait avoir huit pouces de hauteur. Chaque de ces mâts était orné, à la pointe , d'une espèce de guidon carré long , d'une peau bleuâtre , mince, transparente , et de 6 ligues de long sur 3 de large. Le corps de ce poisson était blanchâtre ; et sa queue se terminait en pointe, comme celle des saumons et des morues. Le peuple ne sachant quel nom lui donner, l'appela un diable de mer. Les pécheurs qui le montraient en plein jour pour de l'argent, ne voulurent le vendre, que lorsqu'il ne fut plus possible de le conserver.

Une capture à peu près pareille eut lieu, le 24 juin 1785, sur nos parages. Notre bateau-pilote , en faisant sa tournée, prit, à six lieues au large, un de ces monstres aussi inconnus . qui pesait environ 500 livres. Sa tête tenait également de celle du requin ; mais elle était plus pointue. Ses yeux étaient grands. Il avait cinq ouvertures de guignes de chaque côté, et deux grandes nageoires au-dessous. Au bas de son ventre étaient deux espèces de fuseaux, formés d'os et de chair, et vides dans toute leur longueur. Sa mâchoire inférieure était armée dans le devant de quatre rangées de dents fort aiguës , et sa mâchoire supérieure de deux rangs seulement. Sa peau était brune, et pas si rude que celle du chien de mer. Sa queue était singulièrement .faite , et aucun de nos navigants et pêcheurs n'en avait vu de semblable. Avec lui, on risqua de prendre un petit de son espèce, qui l'avait suivi jusque sur la vase , où, à coups de gaffes et de perches on l'avait contraint de s'échouer.— On en envoya la description au journaliste de Bruxelles, qui l'inséra dans sa feuille du 6 août suivant.

(**) Il ne faut qu'environ un an pour peupler de moules un bouchot, pourvu qu'on y laisse un dixième de la peuplade. — Il passe, après tout, pour constant, que ce coquillage est malsain dans tous les mois où la lettre R n'entre pas, et encore plus quand le frai des étoiles marines vient l'infecter. Dans ce dernier cas , les vomitifs , et surtout le vinaigre, sont les antidotes  les plus efficaces. (Voir sur ce sujet le mémoire de M. de Beunic , inséré dans la Collection de l'abbé Rozir, année 1779, p. 384,).

Les pêcheries de Cherrueix (images)

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