Généalogie et Histoire en Pays Dolois  

La commune de Sains (35)

 

 

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Le chêne de la Liberté et les habitants de la lande de Montomblet

Amitiés de Sains
Le chêne de la liberté
Un gros plan sur les habitants de la lande sous le chêne
Sur ce groupe se trouvent mon père, mes grand mère et arrière grand mère, grands oncles et tantes.
Le chêne de la liberté, mars 1912
Une pensée de Sains

    Au village de Montomblay, on peut voir deux chênes de la liberté plantés en 1789.
    Ce village est géré par ses habitants depuis la révolution.

Le statut de ce village est particulier, son territoire étant géré par ses habitants.
Nous devons nous trouver sur ce qui était un "inculte" sous l'ancien régime.

Les termes de friches ou landes désignent des terres ouvertes d'usage collectif et des terres closes intégrées dans les exploitations agricoles. Ces terres étaient souvent appelées incultes.

"Les incultes constituent l'équivalent de communaux propriété collective de la  paroisse ou enclaves dans des villages dont ils forment les issues ; cette dernière catégorie ne pouvant être récupérée par le seigneur qui est supposé les avoir anciennement afféagés aux habitants du village qui ont décidé d'en jouir en commun."

"Ce statut de communaux est reconnu a de petits espaces enclavés dans des villages, cours ou accès exploités en commun, dont on suppose qu'il s'agit de terres anciennement inféodées mais que les  vassaux ont trouvé plus profitables  d'exploiter en commun que de partager."

[ La fabrication de l'inculte - Landes et friches en Bretagne avant la modernisation agricole du XIXè siècle, Annie Antoine. Mémoires de Bretagne, Tome LXXIX - 2001, Actes du Congrès de Dol, p. 210-212.]

    Au St-Moron, situé à proximité, vue remarquable sur la baie du Mont Saint Michel, autrefois s'y trouvait une chapelle.

 

LA LANDE DE MONTOMBLAY.

 

La lande de Montomblay se situe au nord de Sains et à l'ouest de St Georges. Sa superficie est d'environ une quinzaine d'hectares, son nombre d'habitants en 1919 était de 210 habitants.

Le Montomblay se trouve à la limite des communes de St Georges de Grehaine, Sains et Roz sur Couesnon, et est le premier balcon de Bretagne jouissant du plus beau panorama qui puisse plaire aux plus difficiles, dominant la baie du Mont Saint Michel l'on y découvre St Georges de Grehaigne, les Polders, le Mt St Michel, Tombelaine et la côte normande d'Avranches.

Le chemin creux qui se dirige vers le Pas au Boeuf, un ancien passage à gué du Couesnon entre St Georges de Grehaigne et Moidrey serait avec la Rue à Roz sur Couesnon l'un des bras de la voie Romaine de Corseul à Avranches,

Sur le sommet se trouvait une chapelle dédiée à St Mauron, la chapelle est disparue, mais la statue de St Mauron se trouve à St Georges de Gréhaigne placée sur la façade d'une maison. Le presbytère se trouvait dans une maison au milieu de la lande.

Lorsque l'on interroge les anciens habitants de la lande, l'on se demande bien si l'on ne se trouve pas dans une petite république autonome, ces gens là vous disent d'abord qu'ils sont Landrièns nés là et veulent y vivre jusqu'au dernier jour. On y élu des conseillers au nombre de quatre qui sont chargés de la gestion des biens communs, qui lèvent des impôts sur les têtes des bétails afin d'assurer les entretiens divers.

Des coutumes bien définies sont établies où ainsi le 14 juillet de chaque année l'on plante le drapeaux tricolore dans les chênes de la liberté et que l'on fait de grands feux de joie avec danses, rondes et divertissements.

Car la lande de Montomblay a été plantée de trois chênes de la liberté en 1793, il faut croire qu'à cette époque les Landrièns étaient fort épris de libertés, pourtant ces biens étaient sous le contrôle de la noblesse du lieu et du chapitre de Dol, mais je me suis laissé dire que le jour certains plantaient les chênes, et que la nuit les chênes se trouvaient arrachés, mais les Landrins gagnaient, et l'on peut voir de nos jours deux magnifiques chênes de liberté qui défient le temps.

Pourtant ces républicains de la Lande n'étaient pas si terribles, puisque nous savons qu'il cachaient leur prêtre de la chapelle St Mauron dans une excavation d'une des maisons.

La police était assurée par les gens du pays. Je me souviens comment pendant la guerre de 1914 un voyou voulant faire peur aux personnes âgées et aux femmes dont les maris étaient partis à la guerre, deux anciens bonhommes scieurs de longs de leur état se chargèrent d'arrêter l'individu et comme châtiment il le trempèrent dans une grande douve jusqu'à ce que le patient eu bu une bonne tasse et en guise de réanimation quelques bons coups de pieds quelques part, ensuite c'était la prison dans le four des demoiselles Aucher.

Maintenant, la lande n'a plus que deux chênes, les vrais Landrins se font moins nombreux, mais la lande de Montomblay a toujours son charme particulier et l'on s'y sent bien se reposer dans le calme tout près des beaux étangs de Sains et de l'autre côté ce si beau coup d'œil sur la baie du Mont-Saint-Michel.

Monsieur Francis PELE, Dol, 1973


LA REPUBLIQUE de MONTOMBLAY EN COLÈRE :

Le 14 juillet, on n'a pas hissé le drapeau sur les deux chênes de la Liberté

 

« Landrins, levez-vous, la République est en danger !..... Diable, que se passe-t-il ? Sur la Lande
de Montomblay, à Sains, près de Dol-de-Bretagne, c'est l'inquiétude des veilles de révolution : cette année, au 14 juillet, pour la première fois depuis 1793, on n'a pas hissé le drapeau sur les deux chênes de la liberté plantés à la Révolution.

Et pourtant, les quatre représentants du peuple ont bien ramassé les impôts, comme tous les ans ; eux seuls gèrent les biens de la lande, pas la Commune, donc la République est toujours indépendané Mais si les Landrins commencent à se démobiliser alors, c'est le commencement de la fin, et la porte ouverte aux ingérences étrangères. Telle est la situation préoccupante de cette lande de 15 hectare qui vit (mais oui, c'est authentique) en semi-autonomie depuis la Révolution.

La Lande de Montomblay se trouve à la limite des communes de Saint-Georges-de-Gre-haigns, de Sains et de Roz-sur-Couesnon. A cette terre âpre, on ne s'arrache pas facilement, les racines sont solides comme celles de l'ajonc. Aussi est-on farouchement républicain et, au moment de l'abolition des privilèges, la noblesse du jieu et le chapitre de Dol durent aller chercher fortune ailleurs.

Mais ça chouannait dans le pays. Les Républicains de la Lande bataillèrent ferme pour planter leurs trois chênes de la liberté : le jour, ils plantaient ; la nuit, les Chouans arrachaient. Finalement, bien sûur, les Landrins l'emportèrent. En fait, ils chouannaient un peu aussi et cachaient leur prêtre de la chapelle Saint-Mauron dans une excavation d'une des maisons. Toujours est-il que, 180 ans après, la Lande est toujours à eux, allez donc le leur demander !

Ah ! les 14 juillet sous le grand chêne.

« D'abord, on paie nos impôts, dit Mme Marie Duval. Si on ne ies payait plus, la Lande ne serait plus à nous. Tous les ans, les quatre conseillers ramassent 2 ou 3 F par fête de bétail, attention ! pas pour les poules, les dindes et les lapins. Mais il faudrait qu'ils bougent, les conseillers. Le 14 juillet, cette année, vraiment, ça, ça n'va plus ! »

Le temps n'est plus en effet où les conseillers faisaient le tour de la lande avec un cheval pour ramasser les fagots. On allait hisser le drapeau au sommet des deux chênes (les scieurs de long ont eu raison troisième), on faisait un immense feu de joie et ça dansait, pour sûr.

« Même chose à la Saint-Jean, dit Mme Verdier (qui y est née et qui y mourra) On tirait la chèvre : on amenait une bassine de cuivre, on mettait des pièces de bronze dedans et, pendant qu'une femme tenait ferme le bout du jonc sur le rebord de la bassine, une autre tirait, fallait entendre ça ! "

Dans la Lande, on rendait aussi la justice d'une façon particulière : « Je me souviens, dit M. Francis Pelé, un Landrin exilé à Dol, comment, pendant la guerre de 1914, on avait puni un voyou qui faisait peur aux personnes âgées : deux anciens l'avaient plongé dans une douve pour lui faire boire la tasse ; ils l'avaient ranimé de quelques bons coups de pied quelque part et ensuite l'avaient emprisonné dans le four des demoiselles Aucher ».

Mais, dans la République, les maîtres mots étaient bien la liberté, l'égalité et surtout la fraternité ; ça fraternisait dans le café de Mme Verdier :.

« Les hommes venaient boire une bolée, un mic, souvent aussi je leur donnais une demoiselle.

- ?

— Il y a d'moiselle et d'moiselle. Une demoiselle, c'était un pot en étain ; ça faisait un vingtième de litre, et là-dedans on servait la goutte

Il n'y a plus de café à Montomblay aujourd'hui : est-ce la fin de la République ? Certes non, du moins tant que les anciens seront là. Car leur « patriotisme » n'est pas basé sur quelques souvenirs de fêtes; leur histoire, ils la conservent au fond d'eux-mêmes : personne ainsi ne pourra la leur voler.

Michel ROUGER
Ouest-France
24 août 1973
page L'Ille-et-Vilaine en vacances.

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mise à jour 19/04/2010