Cahier
de doléances
Combourg
1789
vit la convocation des Etats généraux. La noblesse bretonne refusa de
députer. L'Assemblée électorale du Tiers Etat fut convoquée le 3 avril 1789
« en la chapelle Saint-Pierre et Saint-Paul, à l'extrémité nord des halles
». Y eut-il campagne électorale?
Il n'est pas douteux que si le gouvernement royal ne fit pas de propagande,
les partis en firent. Volney vint à Rennes rédiger un journal; le duc
d'Orléans fit répandre « ses instructions », enfin les bourgeois de Rennes
établirent, d'après ces instructions, des modèles de Cahiers.
L'Assemblée de Combourg se réunit le 3 avril. Elle désigna comme président :
J. Gesbert de la Noë-Seiche, avocat, et se mit à établir son Cahier. Dans la
rédaction de ses doléances, le corps électoral s'inspira surtout du Cahier
de la paroisse Saint-Martin de Rennes, dont beaucoup d'articles furent
reproduits et, vers la fin, des « Charges d'un bon citoyen de campagne » qui
eurent en Bretagne un gros succès.
Les revendications générales furent celles de beaucoup de paroisses et
n'avaient rien d'exagéré : on demanda la liberté politique, l'abolition des
lettres de cachet, l'égalité civile, le
maintien des droits, franchises et libertés bretonnes, la suppression des
distinctions de personnes et des privilèges, le droit à concourir à tous les
emplois. Les députés ne devaient accepter sous aucun prétexte « la taille ni
la gabelle ".
Deux réclamations spéciales suscitèrent une approbation unanime : « Il faut
restituer les dîmes aux pasteurs qui manquent de pain et de secours, tandis
que les abbés, chanoines et chevaux qui traînent leur embonpoint dans des
chars dorés s'engraissent de leur subsistance ». Le peuple de Combourg
aimait son recteur et ses prêtres et gémissait de voir que sur le tribut
prélevé par le commendataire. seulement 1.500 livres constituaient la
portion congrue du clergé paroissial.
La seconde reprenait un vœu déjà formulé puisque, en 1762, les religieux du
Tronchet et les recteurs des environs l'avaient déjà présenté ; qu'en 1779,
Ogée le signalait dans son dictionnaire :
« Il n'y a qu'une seule route qui va de Dol à Hédé. Les habitants ne peuvent
exporter avantageusement les fruits de leur terre et de leur industrie. Il
serait indispensable d'ouvrir une grande route Fougères, Saint-Brice,
Bazouges, Combourg, Dinan qui serait avantageuse à plus de vingt paroisses
voisines... ». Ce vœu ne fut satisfait qu'en 1840, par l'établissement de la
route départementale n° 16, d'Antrain à Dinan.
L'Assemblée termina ainsi son Cahier : « L'Assemblée de cette ville et
paroisse n'ayant pas eu un temps suffisant pour réfléchir sur tous les abus
qui existent dans l'administration des finances du royaume et de la
province, dans l'état ecclésiastique, civil et militaire, etc... la dite
Assemblée déclare adopter les charges et demandes qui seront contenues dans
le Cahier de la ville de Rennes et qui n'auraient pas été prévues ou
suffisamment développées par le présent.
On choisit comme députés : René Petit, Gilles de Launay, Christophe Moreau,
François Noury, Mathurin Garnier.
Puis 77 électeurs signèrent, et parmi leurs signatures groupées sous trois
sous-titres : anciens et actuels délibérants, nobles personnes, honorables
personnes, on relève les noms suivants qui sont particulièrement évocateurs
: Gabriel Met, Guillaume Nogues, Louis Pelle, Jean Robinaut, Julien Brugalé,
Guillaume Allix, Jean Horvais, Gilles Hodée, Pierre Loizel, Jean Rahuel,
Michel Ruaux, Jean Chantrel, Joseph Dauphin, Georges Griveau, Thomas Dessens,
Gilles Courtais.
Quelques mois plus tard, les députés aux Etats généraux se transformaient en
c Assemblée constituante ». La révolution commençait.
|