La guerre franco-allemande de 1870

 

 

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2-2002

 

TROISIEME PARTIE 

     Auparavant de jeter, pour la troisième fois, notre course en campagne, nous passons encore quelques jours au Mans

    Pendant ces jours, une épouvante est jetée sur la ville ; on dit qu’une armée prussienne, composée de 100000 hommes ; arrive, pour prendre la ville du Mans, alors toutes les troupes qui se trouvent en ville, déjà un assez grand nombre, sont mises sur pied, et dirigées, une partie d’un coté de la ville, les autres d’un autre.

    Il nous faut donc mettre en route comme les autres ; mais ce que l’on venait d’annoncer, n’existait pas, dans ce moment, plus tard cela existait, car ils y sont entrés, ces prussiens le treize ou le quatorze janvier soixante et onze et nous étions à cette époque premier décembre 1870.

    Nous nous remettons donc en marche le premier décembre, comme je viens de le dire, pour une troisième fois en campagne : nous ne le croyons pas cependant en partant ; nous croyons seulement faire, peut être deux ou trois lieues au-delà du Mans, et que là nous aurions pu prendre des positions convenables en espérant l’ennemi.

    C’était bien le contraire, ou bien, comme nous l’espérions qu’ils viennent nous trouver, c’est nous qui sommes allés les trouver ; mais il nous a fallu auparavant, faire beaucoup de chemin : nous avons fait au moins vingt-cinq ou trente lieues et là nous sommes rencontrés cependant.

    Le premier jour de marche ne nous a pas été bien pénible ; nous avons fait environ six lieues.

    Nous arrivons assez bonne heure à Saint-Maur d’Outillé, qui est un petit bourg assez convenable ; on nous fait camper dans un petit pré, tout auprès du bourg ; il commençait à ne pas faire chaud, car il avait déjà gelé la nuit auparavant et elle continuait : les demoiselles de ce petit endroit fortes curieuses, viennent nous voir monter nos tentes, et faire nos cuisines, mais elles sont assez bonnes, car elles y viennent pas les mains vides, elles nous apportent du vin jusque dans leurs chaudrons, et il faut nous presser de boire pour qu’elles retournent de nouveau les remplir, et ensuite il arrive un homme avec son cheval et sa charrette qui nous apporte une barrique alors il faut boire du vin, même jusqu’à nous griser, car il y en avait sur le bataillon, je vous promets un assez grand nombre.

    Enfin la nuit tombant tout à fait, il faut aller se coucher ; comme ces demoiselles nous accompagnaient toujours, alors, je demande à quelqu’une si elle n’aurait pas un lit à me procurer pour la nuit ; elles me répondent deux si vous voulez ; alors deux de mes camarades viennent avec moi, nous allons avec ces demoiselles ; mais elles restent encore assez loin du bourg, il y avait bien des kilomètres, enfin nous y allons tout de même ; en arrivant à la maison, où se trouvait un bon et honnête homme, ainsi que sa femme qui ne valait pas moins ; on s’empresse de nous faire une soupe au lait que nous mangeons ensuite, puis après du pain et du beurre du cidre, et une bonne bouteille de vin et la goutte ; il nous a fallu encore prendre tout ceci auparavant que de nous mettre au lit dans lequel nous avons magnifiquement reposé ; le lendemain matin, on nous prépare les mêmes mets que nous prenons et nous rejoignons ensuite notre bataillon qui était déjà en marche ; mais heureusement personne ne nous dit rien.

    Nous nous dirigeons donc de là sur Saint-Calais ou en arrivant nous voyons beaucoup de troupe.

    On nous fait aller camper à une demi-lieue de la ville environ, dans une petite plaine, sur le bord d’un coteau ou nous y passons deux nuits, où les jours suivants après, nous marchons vers Vendôme ; nous passons un petit bourg nommé Le Grand-Lucé ensuite nous arrivons à Vendôme, qui est une assez belle ville, il y a une rivière qui la traverse, mais elle n’est pas fameuse ; nous commençons déjà à être bien fatigués, mais il nous faut cependant encore aller plus loin, enfin nous arrivons tout de même au bout de l’étape, dans un petit bourg dont je ne me rappelle pas le nom ; alors on nous a fait camper dans un petit champ et dans un petit chemin à la sortie du bourg.

    En arrivant notre compagnie, est nommée pour la garde du camp ; c’est à dire une section seulement avec un officier ; alors je me trouve donc pris avec ma section toute entière et notre nouveau sous lieutenant avec nous ; notre poste est situé au pied d’une maison sur le bord de la route principale.

    Alors comme c’était la première fois, que monsieur De La Ville-Gontier montait la garde étant officier ; il a voulu faire preuve de sa générosité donne cinq francs à manger, mais nous avons bu pendant la nuit.

    Dans la maison auprès de la cale ou nous nous trouvions, il y avait du très bon vin ; on a bien voulu nous en vendre, alors nous avons acheté et bu pendant toute la nuit ; nous l’avons fait chauffer car il ne faisait pas chaud ; il gelait à pierre fendre, enfin avec cela nous nous sommes échauffés de manière à ce que nous n’avons pas senti le froid pendant la nuit.

    Le lendemain matin quand il a fallu remettre en route, nous nous sommes trouvés capables de suivre les autres, nous avons été mis en arrière garde, ce qui a fait que nous avons pu mettre nos sacs en voiture et nous avons été beaucoup moins fatigués que s’il nous avait fallu les porter.

    Ayant marché presque tout le jour nous arrivons un petit bourg nommé Houcques et à environ un kilomètre de l’autre coté, on nous fait camper dans une plaine, là sans faille il nous a fallu coucher sur la terre recouverte de neige et gelée aussi dure qu’un marbre et n’ayant pu se procurer de bois pour faire du feu, je vous assure bien que nous avons passé une triste nuit dans cet endroit, nous avons pensé geler car il faisait un froid très douloureux.

    Dans la journée du lendemain, on s’occupe de nous chercher quelque lieu pour pouvoir y cantonner, à environ trois kilomètres plus loin on trouve quelques vieilles habitations, et l’on nous y conduit, dans cet endroit nous avons été assez bien couchés car il se trouvait de la paille dans ces vieilles masures en assez grand nombre, il ne nous manquait que du pain, car nous avions encore de la viande et du café un peu.

    Après avoir bien reposé dans cet endroit ; le lendemain, on nous fait faire une étape de cheval, car il nous a fallu courir une partie de la route, pour arriver de jour à Saint-Laurent des Bois, où à une demi-lieue de là, dans une plaine d’une grandeur très considérable, on nous fait camper. Nous avons resté deux jours et demi dans cet endroit ou nous avons pu nous procurer un peu de paille avec quelques livres de pain et un peu de vin ce qui a fait que nous avons pas tout à fait été aussi malheureux qu’ailleurs. Dans la dernière nuit que nous sommes restés là ; vers les trois heures du matin, on fait lever le camp, pour partir à la pointe du jour.

    On nous fait défiler tout le long de la forêt de Marchenoir. C’était alors, le 7 décembre 1870 ; après avoir fait plusieurs kilomètres le long de cette forêt ; nous arrivons à quelque distance du village de Poilly ; on nous fait arrêter dans un certain endroit de la plaine plus profond qu’ailleurs on nous fait former les faisseaux ; quand, vers les dix heures du matin nous entendons plusieurs coups de canon, c’était ce qui annonçait le commencement des combats qui ont duré pendant cinq jours entiers dans cette vaste plaine : on avait commandé à nos hommes de faire de la soupe s’ils voulaient, ils ont obéi, ils se sont mis à en faire, étant à peu près fini quand on commande sac au dos pour partir ; il faut donc jeter tout par terre et puis partir ; on croyait que l’on nous mettait au feu, sur-le-champ, mais, non, nous n’y avons pas assisté ce jour là ; nous allions seulement un peu plus en avant et plus rapprochés d’une ambulance, à seule fin d’y être moins en danger et pour y camper la nuit, car on sait toujours bien que dans les combats il est défendu de tirer sur une ambulance ; le combat a duré pendant tout le jour, et la nuit étant arrivée, nous avons monté nos tentes ou nous avons couché, mais à peu près sans paille, car ce que nous en avons eu c’était pour cacher un peu la terre seulement, nous avons été couchés comme cela pendant trois nuits entières, car nous avons été de garde pendant les deux autres nuits.

    Le lendemain, il nous faut lever nos tentes auparavant que le jour paraisse ; notre compagnie à été désignée pour servir de soutien à deux de nos pièces de canons, nous voilà partis en avant, vers les huit heures du matin, c’était le huit décembre; je pensais à avoir de nombreux succès ce jour là, mais il ne nous a été pas plus avantageux que les précédents.

    Après quoi nos artilleurs on eu pris des positions, ils se mettent à tirer, et du second coup qu’ils tirent, les Prussiens leur répondent, et du second coup qu’ils tirent ces prussiens, un de nos hommes à une main crevée par un éclat d’obus, il s’en va sur-le-champ à l’ambulance : nous étions très mal placés aussi, car nous étions tous, presque les uns sur les autres, et pas plus éloignés, de six pieds de nos pièces de canon, et cela de la faute à notre lieutenant, mais il ne connaissait rien du tout, à peine s’il aurait été bon, pour faire un caporal et le nommer encore lieutenant ; le lendemain il nous a été changé, on nous a donné un, que nous avions déjà eu à Nogent, se trouvant plus capable de commander la compagnie : mais il est bien surprenant, comment on a pas été massacrés pendant que nous avons occupé nos positions auprès de ces pièces de canon :

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après avoir resté environ deux heures dans cet endroit où nos artilleurs ayant eu le temps de tirer environ soixante coups de canon, les munitions ne rappliquant pas, alors ce qui nous force de battre en retraite et de reprendre de nouvelles positions à environ un kilomètre plus en arrière ; mais au moment où nous étions en mouvement, l’ennemi s’en aperçoit et nous envoie sur le dos, une poursuite de coups de canon, dont les éclats fracassent les branches des arbres d’un petit taillis auprès duquel nous nous trouvions à ce moment, coupent même jusqu’à des petits pieds d’arbres en entier ; il ne se trouvait, fort heureusement encore, que deux hommes de tués ; et deux de blessés de notre compagnie, l’un a eu les deux genoux presque tout emportés et un de nos sergents le nommé Turmel qui a été aussi, mais légèrement il a encore pu s’en aller à l’ambulance seul, mais il a bien fallu emporter l’autre. Dans le même moment, notre général de brigade passait auprès de nous, où le capitaine et son état major qui était avec lui ; il marchait à pieds quand un éclat d’obus lui brise une cuisse et est fracassé en même temps au bas ventre ; on voulait encore le faire marcher entre deux, mais le pauvre malheureux faisait grand pitié en le voyant pousser des soupirs et des lamentations.

    Nos artilleurs, alors après avoir prit, de nouvelles positions et deux autres pièces qui se succèdent, à eux ; ils se mettent à tirer, et ils ont bientôt fini par avoir gagné leur première position qu’ils reprennent aussitôt, et ils continuent toujours leur feu ; sur le soir, vers les quatre heures, l’artillerie de mobiles de Rennes, après avoir fait Draveil dans la journée, vient se placer à quelque peu de distance de nous ; après être installés ils se mettent à tirer, mais dans une demi heure ou trois quarts d’heure tout au plus, en ce temps ils ont été massacrés ; ils ont perdu deux hommes et trois de blessés et puis trois chevaux tués et des blessés encore puis des caissons de brisés, enfin ils ont bientôt été forcés de quitter leur position, puis de battre en retraite.

    Le jour commençait à disparaître à ce moment, et bientôt nous avons été forcés de retourner trouver nos lieux de campement ou nous avons de nouveau couché.

    Nous passons la nuit assez tranquilles et le lendemain aussi, car on nous a laissé toute la journée sur notre lieu de campement, pour nous reposer des fatigues de la veille, car presque toute la journée, il nous avait fallu être couchés, en tirailleurs sur la neige et la terre bien froide.

    Nous passons donc, cette journée paisiblement, en entendant le canon ronfler comme le jour précédent et quelques obus même, venaient frapper, jusqu’auprès de nous, puis des victimes, qu’on apportait et que l’on enterrait tout auprès de nous.

    Le soir, il nous faut partir en avant garde aux avant postes.

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Nous passons la nuit sans rien voir que les feux de l’ennemi ; mais le lendemain qui était le 10 ; vers les neuf heures du matin ; le commandant vient donner l’ordre à notre lieutenant de nous faire déployer en tirailleurs, entre les pièces de canon ennemi et les nôtres comme il y avait déjà quelque temps que le canon ronflait, c’était un mouvement qui était très difficile à exécuter, il a bien fallu essayer de le faire cependant, mais quand nous avons été en mouvement pour le faire, il fallait voir la mitraille nous saccager ; il est une espèce de miracle, comment nous avons échappé à un pareil danger, plus de dix coups de mitraille nous ont tombés sur le corps pendant le temps qu’il a fallu pour nous déployer pas un seul de nous n’a seulement été blessé, chose merveilleuse, enfin nous arrivons sur une route qui traversait cette plaine, et dans le talus de cette route nous nous jettons précipitamment pour nous mettre à l’abri de ce pareil danger, nous avons passé presque toute la journée dans cette position, où toute la journée les bombes et les boulets nous ont passés par-dessus la tête, mais à une hauteur assez élevée, car pas un seul de nous ne s’est trouvé blessé

    Vers la fin du jour, un petit mouvement se fait sentir, on nous crie, de nous diriger et de nous replacer en tirailleurs, sur la file de gauche, c’est à dire d’appuyer à gauche, car une colonne prussienne arrivait à nous ; au moment où nous les croyons à notre portée, nous tirons dessus, mais sans être trop surs de nos coups ; puis eux en font autant, mais leurs balles ne viennent pas jusqu’à nous ; nous tirons peut être une demi-heure quand après, nous les voyons se replier ; nous passons, après cela le reste de la journée tranquilles, nous ne sentons plus rien qui vienne nous fracasser.

    Quand le jour a perdu sa lumière nous sommes forcés alors, de regagner notre lieu, où les jours précédents nous avons couché, nous avons passé cette nuit encore sans entendre aucun bruit, non pas sans froid par exemple, car dans nos pauvres tentes, nous endurions un froid toutes les nuits, capable de nous donner la mort.

    Le lendemain, qui était le dimanche ; le feu ne commence pas aussi vite que les jours précédents ; cependant vers les dix heures du matin ; nous entendons encore quelques coups de canon, mais tirés quelque temps les uns après les autres ; il était survenu un brouillard qui nous empêchait à peine de voir ; l’après midi, le temps s’éclaicit un peu, où l’on pouvait voir à son aise, nous apercevons alors des lignes prussiennes se dirigeant vers notre coté et abandonnant leurs positions, puis un roulement que l’on entendait marcher sur la terre gelée ; alors nous avons compris que c’était le bruit de leurs chariots. Le feu avait cessé à ce moment là. On ignorait alors ce que cela voulait dire ; on a pensé qu’ils essayaient de prendre de nouvelles positions afin de nous surprendre ; c’est alors que le soir, vers les dix à onze, on nous fait battre en retraite, et sans avoir perdu seulement un pouce de terrain.

    Dans cette nuit ou nous avons commencé à battre en retraite ; on nous à fait faire environ une lieue et demie, arrivés sur la hauteur d’une plaine par où passe la route sur laquelle nous marchons, on nous fait former les faisseaux, puis on nous dit, vous pouvez vous coucher auprès si vous voulez ; comme ayant besoin de se reposer, nous nous jettons au pied et nous nous couchons les uns contre les autres suer cette terre toujours glacée afin de mieux nous réchauffer ; mais il n’y a aucun moyen de pouvoir dormir, nous restons encore au moins trois heures dans cette bien triste position quand on vient après nous faire lever, pour mettre en route de nouveau.

    En route, au lieu que de nous faire marcher par la route, on nous faisait marcher au travers des sillons dans la plaine en ligne de bataille par compagnies ; ce qui nous fatiguait horriblement, nous avons fait au moins une lieue dans cette marche semblable enfin après cela, on nous fait marcher à volonté sur la route après cette marche en bataille.

    Dans cette journée nous avons fait au moins neuf à dix lieues, enfin nous arrivons, à un petit bourg très gentil, qui s’appelle Frétéval ; il se trouve situé entre deux coteaux, et une rivière qui le traverse au milieu, puis au nord la ligne du chemin de fer du Mans à Orléans, passe tout auprès ; ce village appartient au département du Loir et Cher ; ainsi que ceux d’où nous sortons de nous battre, c’est à dire les villages de Poilly, Villermain et Lorme, que j’avais oublié d’insérer auparavant, comme de vous dire aussi, que nous nous battions sur une ligne de bataille, de au moins huit kilomètres de longueur et que nos pertes ont été beaucoup moins sensibles que les leurs.

    Etant arrivés à Frétéval ; la pluie tombait à torrent et le jour avait disparu, il nous faut encore faire au moins un kilomètre auparavant que de nous faire camper. On nous fait rentrer dans un petit champ, ensemencé en blé ou froment, mais il ne nous a pas été possible de monter nos tentes pour nous cacher, seulement de la pluie, car il n’y avait pas moyen de s’y coucher avec une boue, où l’on s’y coulait jusqu’à demi-jambe ; enfin nous sommes obligés de passer la nuit comme cela cependant, sous la pluie ou le froid insupportable, nous en avons encore enduré de dures cette nuit, je vous assure.

    Le lendemain matin, presque transis, nous ne pouvons seulement, trouver un peu de bois pour allumer un peu de feu, et un besoin de prendre quelque nourriture que nous éprouvions avec cela qui nous faisait périr ; enfin je trouve le moyen de pouvoir me procurer environ une livre de pain pour me donner des forces, qu’il m’a fallu payer un franc, chose abominable, mais j’étais cependant encore content, car il y avait longtemps que je n’avais mangé, car nous ne mangions que du biscuit depuis que nous étions en campagne.

    Vers les dix heures, nous nous remettons en marche, on nous fait monter un coteau auprès duquel nous nous trouvions, on aperçoit ensuite quelques champs dans lesquels nous nous coulions dans la boue, jusqu’à demi-jambe ; nous avons bien mis une heure pour faire environ une demi lieue, quand nous sommes arrivés à cette destination ; on nous fait camper dans un petit bois de sapins, ou nous avons restés pendant deux jours et demi. Dans le jour nous étions chargés de servir de soutien à quelques pièces d’artillerie qui se trouvaient placées au devant d’un petit bois ou nous nous trouvions ; pendant deux jours il s’est livré quelques attaques depuis Frétéval à Vendôme ; mais ce n’était rien auprès des combats qui venaient d’avoir lieu à Poilly ; quelques coups de canon étaient tirés chaque jour seulement et quelques fusillades que l’on entendait de temps à autres, car on ne pouvait se voir l’ennemi et nous, vu qu’ils étaient sur un coteau et nous sur l’autre et cachés le plus possible et il y avait au moins un kilomètre et demi d’intervalle c’est à dire d’un coteau à l’autre ; ils en avaient fait sauter tous les ponts qui traversent la rivière ; ce n’était pas facile de passer après cela : nous avons pendant deux jours empêchés l’ennemi de passer ce passage, mais après on nous a fait battre en retraite de nouveau.

    Nous abandonnons nos positions le soir, pour marcher toute la nuit et le lendemain tout le jour,

    Nous arrivons à Mondoubleau il est environ quatre heures de l’après-midi, où nous nous trouvons deux corps d’armée ensembles, ce qui a fait un démêlé par la ville, que l’on ne se reconnaissait plus, par la foule enfin le soir, on nous fait camper dans un pré au-dessus de la ville, et le lendemain matin à la pointe du jour nous partons ; nous avons passé à Baillou ensuite à Valennes ce sont des petits bourgs, puis nous arrivons camper à Precey. Le surlendemain nous nous remettons en route, nous passons à Le Luar ensuite à Connéré ou j’ai été fait prisonnier ; il commençait à se faire un peu tard ; mais cependant il nous a fallu encore faire une demi lieue au moins quand après être arrivés dans un petit bois de sapins où nous campons, où nous séjournons le lendemain ce qui nous fait beaucoup de bien et nous touchons des vivres qui nous remettent en état de pourvoir le lendemain de remettre encore en route.

    Etant un peu défatigués ; nous nous mettons en route pour Le Mans, nous passons à Pont de Gennes puis à Montfort ensuite à Savigné-l’Evêque ou nous arrivons après à Sargé ou l’on nous fait camper auprès d’un vieux château pur le garder ; mais le lendemain nous croyons aller au Mans, mais non, au lieu que d’y aller, on nous fait retourner sur nos pas jusqu’à Savigné-l’Evêque ; en arrivant notre compagnie reçoit l’ordre d’aller en grande garde, nous allons garder un château qui se trouvait à environ une demi lieue de Savigné, nous y avons été très bien reçus ; les autres compagnies restent cantonnées au bourg, et le lendemain nous sommes relevés par la troisième, car nous étions douze compagnies à la fois de grande garde, mais dans différents endroits.

    Nous avons passé quinze jours dans ce joli petit bourg où nous n’avons pas eu grand chose à faire le temps était très mauvais il n’y avait pas moyen de faire beaucoup d’exercice, cependant il y a huit jours, on nous a fait faire un peu.

    C’est alors, le vingt deux décembre nous sommes arrivés à Savigné nous avons été cantonnés dans un appartement tout neuf qui n’avait encore pas de porte ni de croisées ; quoiqu’ayant de la paille pour se coucher, il ne faisait pas chaud cependant ; et moi, j’ai eu un peu de chance pendant ces quinze jours dans ce petit endroit.

    En face de l’appartement ou nous étions cantonnés ; se trouvait un petit négociant qui m’offre un lit, pendant le temps que nous resterions là, alors, je ne puis le refuser, j’irais donc coucher le soir, menant avec moi un de mes camarades et le lendemain il me dit qu’il avait encore un autre lit disponible, que je pouvais choisir deux autres de mes camarades pour les amener coucher avec moi, ce que j’ai fait ; enfin nous passons ces quinze jours agréablement, car depuis que nous étions en campagne nous n’avions pas couché une seule fois dans un lit, nous avons trouvé cela bien doux.

    Quand il a fallu partir, et quitter ces braves gens, nous assurent qu’ils ont été bien tristes de notre départ : nous nous en sommes trouvés la même chose; car nous avions déjà fait des connaissances ensembles.

    Ce sont toujours, de braves gens, de qui je me souviendrai longtemps.

- Voilà la fin de ma troisième campagne.-

    Il me reste encore, à vous raconter, la quatrième et dernière, ensuite quelques détails sur les combats du 9 et du 10 janvier 1871 où j’ai été fait prisonnier, et emmené captif en Bavière.

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mise à jour 06/08/2006