La guerre franco-allemande de 1870

 

 

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2-2002

 

DEUXIEME PARTIE 

    De retour au Mans, après avoir fait cette première course en campagne, de laquelle, je viens d’en traduire un abrégé, nous y passons environ quinze à vingt jours, afin de nous reposer un peu de la fatigue que nous venions de supporter et de la misère que nous venions d’endurer : il est vrai qu’il nous a fallu faire de l’exercice pendant ce temps que nous sommes restés au Mans, mais ce n’était rien auprès de ce que nous venions de voir et d’éprouver ; alors, pendant ces quelques jours de repos, je me décide à faire un voyage au pays qui m’a vu naître, pour voir mes parents, mes amis, ainsi que ma bonne amie aussi ;

    Je demande donc une permition qui m’est accordée sur-le-champ, alors, je m’en vais donc de suite ; en arrivant dans mon village, je retrouve encore tous mes parents se portant bien, ce qui me met la joie au cœur, mais malheureusement, non pas tous mes amis, car il y en avait beaucoup qui étaient comme moi et qui avaient été obligés de quitter leur toit paternel pour s’en aller supporter les misères de la guerre et les souffrances que l’on endure en campagne, surtout quand il s’agit d’y être dans la saison rigoureuse comme nous l’avons été pendant l’hyver terrible de 1870.

    J’ai donc le bonheur de pouvoir passer quarante huit heures auprès de mes parents et amis, comme tous les voisins, aussi, que j’ai beaucoup surpris à mon arrivée, car de ce moment, ils ne pensaient guère me voir ; alors ça à été une fête pour eux et pour moi aussi.

    Enfin, au bout de ces courts moments passés auprès d’eux ; il me faut donc les larmes aux yeux, les quitter encore une fois et peut être pour ne les revoir jamais ; et c’est cette seule pensée, qui ; en route, me tourmentait le plus ; une fois que j’ai eu rejoint quelques-uns uns de mes camarades qui s’en étaient venus en permition avec moi, ma douleur alors, a un petit peu cessé, et enfin quand nous avons été arrivés au Mans, il a fallu reprendre les armes et aller à la manœuvre ce qui nous a forcés à oublier tant soit peu les chagrins que nous venions d’éprouver.

    Nous passons encore quelques jours, après notre retour du pays, auparavant que de nous remettre en campagne ; mais auparavant que de partir ; il se trouve des nominations à faire ; comme un de nos sous officiers, étant tombé grièvement malade, il fallait alors qu’il fut remplacé par un autre ; je fus proposé, et le lendemain, après la proposition faite ; je me trouvais alors de garde, au poste des halles de la ville, lorsque l’on vient m’apporter la nouvelle, que j’étais nommé sergent, ce qui m’a surpris un peu, car je n’avais aucunement connaissance que je fusse proposé ; je m’en suis trouvé très satisfait tout de même (c’était alors le 8 novembre 1870).

    Alors, cinq jours après, qui se trouvait le treize, nous embarquons en chemin de fer, pour Nogent le Rotrou, nous y arrivons le soir ou l’on nous laisse passer la nuit en wagons, et le lendemain matin on nous fait descendre pour nous faire aller camper dans un champ qui se trouvait, au nord et à environ un demi-kilomètre de la ville, on nous fait monter nos tentes ; puis on commande une corvée pour aller aux vivres et à la paille ; quand tout ceci est arrivé, on en fait la distribution par compagnie, ensuite par escouade, puis on se met en train de faire cuire la viande pour faire la soupe ; quand tout est bientôt prêt à manger, il nous arrive un ordre de lever nos tentes promptement, que nous partons de suite nous sommes obligés de tout jeter par terre, non pas la viande cependant, pour partir sur-le-champ.

    Il est déjà trois à quatre heures de l’après-midi, on nous fait défiler au travers de la ville, où nous nous enfilons sur la route de Paris, quand ayant fait environ un kilomètre au-delà de la ville, nous voyons apparaître une voiture chargée de soldats blessés, on leur voyait leurs corps tout sanglants ; alors nous nous sommes dits ; il faut qu’il n’y ait pas longtemps qu’ils soient blessés pour les voir encore tout sanglants, et en effet il n’y avait qu’un instant que ceci était arrivé, un peu plus loin, on voit une troupe descendant la cote, (car il se trouvait un coteau à cet endroit) et qui battent en retraite ; puis on nous dit, où allez-vous, voici les Prussiens qui nous poursuivent et ils vont entrer dans la ville ce soir, il n’y a pas moyen de leur prévenir résistance ; après avoir entendu ces paroles, nous commençons à monter la cote quand même, puis nous prenons un petit chemin, que nous grimpons vivement, arrivés au bout, dans un carrefour, ou entre trois routes ; on commande la moitié de la compagnie de prendre des positions, d’aller se déployer en tirailleurs dans les champs qui bordaient la grande route que les Prussiens devaient bientôt descendre ; il est environ six heures du soir, on nous voyait presque plus ; nous descendons les champs indiqués pour prendre nos positions ; nous n’étions pas à moitié des champs, quand nous entendons quelques coups de fusil et même nous en voyons le feu ; ces coups étaient tirés, a une intervalle de quelques secondes, même de minutes, les uns après les autres, en descendant la route ; nous ignorions qui c’était ; nous ne savions si c’étaient nos soldats ; ou si c’étaient des Prussiens, enfin nous descendons sur le bord de la route tout de même, où je déploie, comme il faut, deux par deux, mes hommes en tirailleurs,

    Etant placés, nous restons quelques moments dans la même position, quand tout à coup nous entendons une fusillade très vive, mais qui n’est pas de longue durée ; c’était de nos tirailleurs et notre compagnie qui venaient de faire cette décharge, sur un escadron de uhlans, qui avait suivi nos troupes qui battaient en retraite. Aussitôt, ils se replient et remontent la route, passant en face de l’endroit ou nous étions déployés aussi, nous leur en faisons autant ; nous avons laissé quelques morts et quelques blessés ; mais comme ils se trouvent attachés sur leurs chevaux, nous n’avons pu les voir étendus sur la route, ce qui nous aurait fait plaisir cependant ; après qu’ils ont eu reçu ces décharges il fallait les voir défiler à rejoindre leur corps d’armée, que nous croyons voir à chaque instant descendre la route pour entrer à Nogent mais, non, nous avons occupé nos positions jusqu’à deux heures du matin et nous avons rien vu ; nous avons donc été de garde, huit à neuf heures de temps, pendant lequel nous avons souffert un froid presque insupportable :

    On avait bien promis nous relever au milieu de la nuit ; mais il est deux heures et nous sommes encore là ; ce qui a été très mal agit de la part de monsieur De Pontbriand qui était à cette époque notre lieutenant en même temps que commandant de notre compagnie ; il était réfugié dans une ferme, avec la moitié de la compagnie, il était parfaitement là, ce qui fait qu’il n’a plus pensé à nous.

    Enfin à deux heures du matin on vient nous avertir de rejoindre la compagnie à la ferme pour se réunir au bataillon ensuite, afin que la pointe du jour nous fasse battre en retraite ; nous abandonnons donc nos positions sans les regretter, et nous rejoignons de suite notre compagnie, et dans une heure nous avons rejoint notre bataillon qui était en ville déjà depuis quelque temps.

    La pointe du jour nous partons donc, pour nous diriger sur la route de Nogent à Alençon ; nous faisons la route jusqu’à Bellême, pendant que l’armée prussienne entre fièrement à Nogent. Arrivés à Bellême ou nous pensions rester pour y coucher la nuit nous étions déjà cantonnés, quand on nous avertit que les Prussiens nous poursuivent ; alors il faut donc nous préparer à mettre le sac sur le dos pour s’en aller plus loin. Déjà bien fatigués, il faut tout de même marcher ou se faire prisonnier. Nous voilà partis, pour Mamers, où plusieurs ne peuvent parvenir à l’atteindre pendant la nuit ; obligés de coucher en route, mais où, sur la route sur des mètres de pierre, où l’on a trouvé trois qui s’étaient endormis pour ne plus s’éveiller; harassés, par la fatigue comme les camarades, à environ une lieue de la ville de Mamers, sous un petit hangar, se trouve un tombereau où, moi, ainsi que trois de mes camarades nous nous reposons dedans et nous nous y endormons ; peut être deux heures après, il passe encore des soldats où il s’en trouve qui nous éveillent, et nous disent qu’il faut sortir de là, car les Prussiens arrivaient, qui allaient nous prendre ; nous sortons donc promptement de notre humble réduit, pour suivre les autres, mais quand il faut se mettre en route nous ne pouvions plus à peine appuyer ; nous passons environ deux heures de marche pour aller à Mamers oui il nous restait seulement une lieue à faire ; c’était pitoyable que de voir la manière dont nous marchions ; Enfin nous arrivons tout de même à Mamers, le jour commençait à paraître ; nous entrons dans une auberge, où nous nous proposions de boire un café, on est prêt à nous le servir, quand nous voyons dans la rue, le monde courir et crier ; voici les Prussiens ! voici les Prussiens ! Ces mots nous effraient car nous croyons que cela était réel ; enfin nous sommes encore obligés de partir sans rien prendre, nous commençons cependant à avoir bien besoin de prendre quelque chose pour nous donner des forces.

    Nous nous informons maintenant où est passé notre bataillon, personne ne peut nous en donner de renseignement ; alors nous suivons la route et nous arrivons à l’extrémité de la ville ; les troupes circulaient toujours, mais nous n’apercevons point les nôtres :nous nous trouvions en face du bureau de l’octroi, je frappe à la porte, on m’ouvre, je demande à allumer ma pipe, mais auparavant que de l’allumer, le monsieur m’invite, ainsi que de mes camarades qui étaient entrés avec moi, à manger un morceau ainsi qu’à boire un coup, ce que nous ne refusons pas, car nous avions grand besoin, après avoir pris ce peu de nourriture qui nous fait beaucoup de bien et ne voyant encore point notre bataillon passer ; nous nous décidons à partir tout de même, car nous nous sommes dits, peut être est-il devant la colonne ; enfin nous partons ; à une lieue environ de la ville, il se trouve deux routes, une conduisant à Alençon et l’autre à La Hutte ; arrivés là, nous voyons des troupes circuler sur les deux routes ; alors, nous ne savions pas laquelle prendre ; nous demandons encore à quelques-uns uns si on n’aurait pas connaissance ou serait passé notre bataillon, on nous répond toujours que non ; ils étaient comme nous aussi, je crois bien, ils ne savaient pas où étaient passés les leurs, car l’armée était dans une déroute complète.

    Il faut donc se décider à en choisir une de ces routes car nous ne pouvions pas rester dans cet endroit là, nous avons eu encore un peu de chance car nous avons pris celle qu’il nous fallait prendre.

    Chemin faisant, l’eau s’est mise à tomber comme pour rien ; ne trouvant point ou nous cacher, nous appercevons un petit bourg assez éloigné de la route, mais nous y courons tout de même, nous y arrivons mais non pas sans être bien mouillés, nous entrons dans une des premières maisons, où l’on nous fait un grand feu ; nous séchons nos habits promptement, et pendant ce temps, nous mangeons un morceau de pain et de fromage de lait, puis nous buvons un bon coup de cidre ; après cela on nous offre une voiture pour achever notre route, que nous acceptons volontiers, et nous voilà partis. Nous remercions bien la femme de cette maison auparavant, car elle avait bien pris soin de nous, puis nous disons adieu au bourg de Saint-Rémy ; quand nous arrivons au croisé des deux routes de La Hutte et de Saint-Rémy, alors nous rencontrons notre bataillon qui achevait aussi sa route ; nous étions très contents. En arrivant à La Hutte, sans le faire exprès, un homme qui avait encore son fusil chargé, tue le cheval du commandant, ce qui nous fournit de la viande pour manger : ensuite on nous fait former les faisseaux dans une espèce de prairie, en espérant que le train du chemin de fer soit arrivé pour nous reconduire au Mans ; mais il nous a fallu l’espérer longtemps ce train, car depuis environ cinq heures du soir que nous étions arrivés il nous a fallu attendre il était plus de trois heures après minuit. Enfin, il arrive cependant, puis nous montons dedans, et nous arrivons au Mans vers les sept heures du matin : on nous conduit à notre arrivée, quand on est dans l’appartement du théâtre de la ville, car toutes les casernes étaient pleines, vu qu’il y avait beaucoup de troupes.

(Voilà l’abrégé de ma seconde campagne).

 

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