Anciens autels tauroboliques du Mont-Dol
Sur le sommet du Mont-Dol, la Tour de Notre-Dame-de-1'Espérance, ainsi que
la petite chapelle qui l'avoisine, ont été bénites le 13 octobre 1857. Sur
le même emplacement existait encore, avant la Révolution, une chapelle
dédiée à saint Michel ainsi qu'un prieuré dont il est fait mention dès le XIIe siècle, et qui est cité sous le nom de « prieuré sous Dol ».
Mais ce qui est intéressant à savoir, c'est que cette chapelle n'était rien
moins qu'un ancien temple païen élevé en l'honneur de la déesse Cybèle ou de
Diane la Chasseresse. Grâce à M. Anfray, ingénieur du département
d'Ille-et-Vilaine qui en releva les plans (1) en 1802, au moment où l'on
faisait disparaître ce rare et curieux vestige du paganisme dans notre pays,
nous pouvons dire un mot de ce temple et des deux autels tauroboliques qu'il
renfermait.
Cet édifice se trouvait sur la pointe orientale, entre la petite chapelle
actuelle et la tour. En se portant sur cette partie, on remarquera encore
des restes de substructions, et en descendant à mi-coteau on constate toute
une maçonnerie de pierres sèches, régulièrement posées sur le rocher et
semblant avoir servi de base à des tourelles.
Le temple possédait, à sa partie orientale, deux autels en pierre, dont la
table, percée de trois rangs de neuf quadrilatères en entonnoir, reposait,
par ses bords sur trois pièces de support, de manière que l'autel restât
creux. Dans le mur extérieur, correspondant à chaque autel, était percée une
ouverture permettant de pénétrer sous l'autel. Avant la démolition on
apercevait encore, à l'extérieur de la muraille, la place des gonds et des
verrous des portes qui fermaient ces issues (2).
Lorsqu'on voulait sacrifier à la déesse Diane ou Cybèle, c'est-à-dire
tauroboliser, le prêtre ou là personne intéressée se glissait sous l'autel.
Un taureau orné de guirlandes de fleurs était amené dans le temple, égorgé
sur l'autel; et son sang, coulant par les quadrilatères en entonnoir,
tombait en pluie chaude sur le taurobolisé.
D'importation romaine, cette sorte de baptême de sang fut opposé au baptême
chrétien dans les premiers siècles de notre ère. Mais on pourrait se
demander pourquoi deux autels sur le Mont-Dol ? Cela suppose de nombreux
sacrifices. On a dit qu'il y avait là, autrefois, une école de druides. Ne
pourrait-on pas croire que les prêtres païens venaient sur ce mont recevoir
leur consécration ?
Il est probable que ces sacrifices à la déesse Diane durèrent sur
le Mont-Dol jusqu'à l'arrivée de la caravane conduite par saint Samson, au
VI° siècle. On montre tout auprès de la chapelle actuelle, sur le roc, trois
croix grecques qui auraient été tracées par le saint évêque et ses
compagnons, lors de leur débarquement sur la côte doloise ou plutôt à
Chausey. Quoi qu'il en soit, les prêtres des faux dieux durent fuir devant
les prêtres de Jésus-Christ. .
Le temple païen, transformé en chapelle chrétienne, et modifié
probablement dans la suite, fut dédié à saint Michel, le vainqueur de
Satan, et longtemps dépendit de l'Abbaye du Mont-Saint-Michel, ainsi
que le prieuré bâti tout auprès.
La table des autels tauroboliques fut recouverte de plâtre et ceux-ci
convertis en autels chrétiens, sur lesquels coula un sang plus pur et plus
régénérateur que le sang des taureaux.
Le culte cessa en 1750, dans cette chapelle qui tombait en ruine. En 1802,
on la renversa complètement pour faire servir ses matériaux à la
construction de la cage d'un télégraphe aérien. L'ingénieur du département,
M. Anfray, dressa les plans de la chapelle et des autels, et sauva
quelques débris de ceux-ci. L'Abbé Rever, archéologue dolois, aurait
également sauvé un fragment de l'autel, qu'il aurait emporté à Conteville
(3)
(1) Mémoire sur les autels du Mont-Dol, trois planches Du moins nous
supposons que ces planches sans nom d'auteur sont l'œuvre de M. Anfray.
(2) Voir DÉRIC, vicaire général de. Dol, Hist. ecclés. de Bretagne,
1780. t. IV, ou. 2e édition 1847, t. II.
— BEAUDOIN DE MAISONBIANCHE, Recherches sur l'Armorique et les
Armoricains, lettre datée de Dol de 1791, dans Mém, de l'Acad. Celtique, 1.
V, p. 147.
(3) Le musée de rennes possède un modèle réduit des autels tauroboliques du
Mont-Dol.
D’après Charles ROBERT, Guide du touriste archéologue à Dol.
Le culte de Mithra
Les mithriaques avaient des sortes de sacrements, un baptême, des onctions,
une communication où figuraient le pain et le vin.
Le culte consistait aussi en mortifications, en purifications. parmi
celles-ci se comptait la pratique du "Taurobole".
Il existait au Mont-Dol dans cet ancien temple deux autels tauroboliques.
La pierre d'autel était percée de vingt sept trous en forme de pyramides
quadrangulaires par lesquels se faisait l'écoulement du sang de la victime,
le plus souvent une chèvre.
Le prêtre se tenait sous l'autel dans une cave ou salle souterraine et
recevait sur lui le sang de l'animal sacrifié sur l'autel.
Il ressortait couvert de sang et les fidèles se prosternaient devant lui.
On peut voir dans l'existence certaine de ces caves du vieux temple
l'origine de la légende d'une salle mystérieuse qui s'est perpétuée jusqu'à
nous.
On sait que le dieu Mithra naît dans une grotte le 25 décembre et que des
bergers lui apportent les prémices de leurs troupeaux.
La grotte naturelle aujourd'hui appelée "Le trou du Diable" put symboliser
pour les fidèles le lieu de sa naissance. elle devint par la suite pour les
chrétiens qui s'attachèrent à détruire ce culte populaire "le Trou du
Diable".
(d'après Claude Henry Galocher, Nouveau petit guide du Mont-Dol, s.d.)
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