Généalogie et Histoire en Pays Dolois  

Dol de Bretagne, histoire et cartes postales

Quelques pages d histoire locale

 

 

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L' Ecole Primaire Supérieure et Professionnelle.

 

Cette école était également une école maritime par laquelle passaient tous les futurs officiers de marine

Le capitaine au Long Cours Léon Gautier, célèbre cap-hornier, y fit ses études.

 

 
Vue générale sur l'Ecole Supérieure et Professionnelle de Dol.
Le 19 mai 1882, le conseil municipal de Dol décide de raser de fond en comble l'ancien collège afin qu'un établissement destiné à une Ecole Primaire Supérieure soit édifié à cet emplacement.
L'établissement ouvre le 1er octobre 1888.
  Ancien palais épiscopal transformé en collège communal d'enseignement secondaire en 1808 puis rasé en 1882 pour faire place au nouveau groupe scolaire E.P.S.
 
Vue Est-Sud, sur la rue des Ecoles. On voit les élèves dans la cour de service qui donne accès aux ateliers.   Bâtiment du directeur et cour de service.
 

 
Une salle d'Etude.   Le Réfectoire.
 
Un Dortoir.   Un autre Dortoir.
   
Une leçon de Gymnastique.    
 
Le groupe électrogène et la Laiterie mécanique.   Au Laboratoire.
 
Atelier d'Ajustage.   Atelier d'Ajustage.
     
Atelier de Menuiserie.    
   
Atelier de Menuiserie.    
   
La leçon d'Apiculture.    
 
La jeune Fanfare pose devant les ateliers. Elle se vit décerner le premier prix de lecture et de deuxième prix d'exécution au concours de Dinard le 27 juin 1909. M. Lanoë, chef de fanfare.   Départ pour un match de football, l'équipe, juste derrière la fanfare, porte des maillots rayés.
L'équipe débuta ses rencontres, le 14 février 1909, par un match contre le stade pontorsonnais.
     
   
Correspondance.    

 

Cartes postales originales, collection privée.

En savoir plus :

  • L'Ecole Primaire Supérieure ; une tentative d'enseignement moderne, Claudine Lemetayer, in Le Rouget de Dol, n° 54, 2 nd semestre 1988.

 

Extrait des mémoires du Capitaine au long-cours Léon Gautier,  éditions Jean-Pierre Delarge, Paris, 1978.

 

Tu iras jusque-là à l'Ecole de Dol. Moi-même, je m'en suis trouvé bien — lui déclara son frère Louis;

 J'obéis  et partis pour l'établissement maritime de Dol. J'y fis une entrée discrète le 1er octobre 1907, en tenue de petit officier de marine.

La vie des écoliers n'y était point de tout repos. Agés de douze à dix-huit printemps, il leur fallait travailler ferme. On les préparait sans douceur superflue à la carrière qui les attendait et que la plupart voulaient ardemment.

Selon un horaire minuté soigneusement et qui s'étalait sur quinze heures quotidiennes on y étudiait tout.

Cela allait des sciences à la boxe française en passant par le chant et la musique. Je m'emplissais la tête et développais mon corps dans des disciplines fort diverses et j'y apportais la plus grande application.

Récréation de cette existence studieuse et chargée, un dimanche par mois en famille. Quelle joie de s'échapper de la «boîte». Je descendais en gare de Saint-Malo et flânais sur le port, encombré de terreneuvas devant lesquels, nez en l'air, je rêvais. C'est ainsi que je vis, peu à peu se construire le «Pourquoi Pas ?». Puis je gagnais le point d'embarquement de Dinard, passant l'embouchure de la Rance sur une petite vedette. De la cale de Dinard je parcourais d'un pas léger les cinq kilomètres qui me séparaient de la maison familiale.

Le lundi c'était le retour vers l'école avec la grise perspective du lever à cinq heures trente. Cette scolarité qui devait durer s'interrompit en 1909... De la faute à «Bouf-Bouf».

En mai arriva la composition de fin d'année en géographie. J'aimais beaucoup cette science. N'était-elle pas la base essentielle de toute navigation ? Nous suivions sur les cartes les voyages de Cook et de Dumont d'Urville. Quelles leçons ! Etant généralement classé deuxième en cette matière, j'avais fignolé mon devoir pour tenter d'enlever la première place.
Avant l'heure fixée, je portai ma composition dont j'étais fort satisfait au «prof» de géo et d'histoire, M. Laurent, le fameux «Bouf-Bouf». Les élèves, je ne sais pourquoi, surnommaient ainsi cet homme portant une épaisse barbe d'un noir d'encre et d'une timidité maladive. Les grands, tout au long de ses leçons ne cessaient de grommeler «bouf, bouf» entre leurs lèvres mi-closes, ce qui le rendait furieux. Ayant laissé mon travail à ce professeur, je regagnai tranquillement ma place. Avant de m'asseoir je jetai un bref regard sur la feuille de mon voisin, lequel d'ailleurs séchait lamentablement. C'est à ce moment que je reçus par derrière la gifle la plus magistrale de mon existence, cependant que j''entendais la voix rageuse de «Bouf-Bouf» qui éructait :

— Vous aurez zéro pour copier.

La mornifle devant une quarantaine de copains goguenards était déjà difficile à digérer. Mais plus que le soufflet, l'injustice et l'imbécillité de l'accusation me révoltèrent. Pourquoi aurais-je copié puisque je venais de remettre ma «compo» ?
Je ne refléchis pas davantage. Le professeur, reculé d'un mètre, était en bonne position. Le réflexe de la boxe française fut instantané et je lui administrai un maître «coup de chausson». Il revint vers moi mais je pris la garde d'un air menaçant et il n'osa insister, se contentant de hurler :

— Vous aurez aussi zéro de conduite.
Un silence atterré régnait dans la classe. Quel scandale à la vénérable école ! Que l'on imagine. Nous étions en 1908 et un élève se permettait de savater un enseignant !

La suite de ma brillante prestation ne se fit pas attendre. Je fus mandé sans délai pour venir m'entretenir avec le Directeur. Celui-ci n'était point un mauvais homme. Je crois bien qu'il n'approuvait pas l'attitude de «Bouf-Bouf» et surtout qu'il ne comprenait pas son accusation idiote. Mais la discipline devait être respectée. C'était un principe. Il supprima le zéro de la composition et maintint celui de conduite. Enfin, circonstance aggravante, il annonça sans grâce qu'il écrivait, derechef à ma mère.

Lors de ma permission de fin de mois, je rasai les murs et me fis tout petit pour franchir le seuil de la maison familiale où le poulet directorial avait semé une consternation malaisément descriptible.

Maman me fit observer les efforts et le travail qu'elle accomplissait pour «mener» la terre, les vaches, les cochons. Tout cela souligna-t-elle fort justement pour me faire éduquer convenablement. Elle était bien mal récompensée ; voici que l'inouï survenait, je me colletais avec un professeur. Je baissais la tête honteux, mais je profitai bassement de la circonstance pour plaider ma cause :
— J'en ai assez de cette «boîte». Si je ne suis pas fichu à la porte, annonçai-je prudemment — je finirai l'année scolaire. Mais dès les vacances, je veux naviguer, partir sur un voilier, voir le Cap Horn.

Suivant les règlements maritimes il me fallait son autorisation pour embarquer. Je le savais et poussant mes avantages pendant que j'y étais je la lui demandai.
Je crois que la pauvre femme était excédée de cette obsession que je rabâchais sans arrêt. La partie de pan-=crace avec «Bouf-Bouf» formait par-dessus le marché, la goutte d'eau qui faisait déborder le vase :

— Eh bien, c'est entendu tu l'auras cette autorisation et tu pourras t'en aller enfin — me répondit-elle.

J'évitai l'expulsion de l'école et terminai l'année sans incident, mais auréolé je dois dire aux yeux de mes camarades par ma démonstration de boxe française à l'égard d'un maître.

En juillet, libre et enthousiaste de mon embarquement proche je retrouvai Ville-es-Quelmées et la maison maternelle. Il faisait le jour de ma sortie, un temps superbe, rafraîchi par l'air du large. Sur les hauteurs, je me retournai pour admirer la mer. L'infini bleu-vert s'ourlait vers les côtes d'une hermine d'écume jouant contre les rochers fauves. Les lames roulantes se frangeaient d'éclairs argentés sous les rayons du soleil. Que c'était beau mon Dieu ! A ce moment précis, j'éprouvai un choc. Lentement, sortant du port un splendide bateau quittait Saint-Malo toutes voiles dehors. Je le reconnus. Majestueux, semblable à un bijou rarissime sur un lit de satin, il gagnait le large, fendant de sa fine étrave, le flot tranquille. Jean Charcot et le «Pourquoi Pas ? » partaient vers leur destin.

 

 
   
 
communication Michel Pelé 

mise à jour : 21/05/2011