Généalogie et Histoire en Pays Dolois  

Dol de Bretagne, histoire et cartes postales

Quelques pages d histoire locale

 

 

Précédente ] Accueil ] Suivante ]

Le Couvent des Grands Carmes de Dol,

cinquième couvent de l’observance de Rennes.

Michel Pelé
Combourg - Rennes

Eté 1975, - révisé novembre 2006

 

Le couvent des Grands Carmes de Dol,

cinquième couvent de l’observance de Rennes.

L'Ordre Mendiant des Carmes tire son nom et son origine du Mont Carmel en Palestine, au dessus d’Haïfa, autrefois habité par les prophètes Elie et Elisée et leurs disciples, dont cet Ordre prétend descendre. Au XIII è siècle, Albert, Patriarche de Jérusalem, donna aux solitaires du Mont Carmel une règle qu'approuva le Pape Innocent IV[1]. La vieille montagne du prophète Elie exerça toujours sur les Croisés un attrait mystérieux. Ils visitaient avec piété, les solitaires vivant dans des grottes. Saint Louis en 1254 revenant de la Croisade, décida six Religieux à l'accompagner à Paris, et une tradition veut que Jean de Bretagne, Comte de Richement et fils du duc Jean Ier, en a également amené deux à Ploërmel en 1271.

D'ailleurs, les Carmes vont émigrer en Europe où ils devront se plier aux obligations des Ordres Mendiants.

Si l'on étudie la situation des Ordres Religieux en Bretagne à partir du XIV e siècle, nous voyons les Carmes à Nantes en 1318, dans une maison que leur donna Thébaut de Rochefort, vicomte de Donges, puis à Rennes, Saint-Pol-de-Léon, Vannes, Dol, Pont-1'Abbé, Hennebont, Le Guildo, Quintin, Josselin, et Sainte-Anne-d'Auray où un couvent de Carmes fut fondé au XVII siècle, à l'occasion du célèbre pèlerinage qui commença à cette époque.

Sous le règne de Louis XIV, le nombre des Religieux Carmes était de plus de 300 en France, mais à la Révolution Française, leur nombre y avait beaucoup diminué.

L'armorial de 1698 leur donne comme blason : « De sable mantelé arrondi d'argent, à trois étoiles, deux en chef et une en pointe de l'un en l'autre.[2] »

Armoiries des Carmes

Il existe aux archives départementales d’Ille et Vilaine, dans le dossier des Grands Carmes, un curieux manuscrit faisant l’historique de cet ordre en Bretagne. Composé au XVII e siècle par un religieux qui a voulu garder l’anonymat, tout ce que l’on sait sur lui, c’est qu’il était prieur à Dol en 1590. Il nous raconte les principaux faits de l’époque en y joignant des détails très curieux d’histoire locale.

Fondation du couvent des Carmes de Dol.

Richard de Lesmenez, évêque de Dol[3] voyant qu'il n'y avait aucun couvent de moines dans sa ville y appela les Religieux Carmes en 1401[4].

Il supplia alors "Benoît prétendu treizième", de lui en accorder la permission. C'est un souci pastoral qui paraît avoir guidé ce dernier : il n'y avait alors aucun couvent de Mendiants dans son diocèse et pas davantage dans celui de Saint-Malo. Sans doute, une telle fondation était-elle appelée à combler, sur le plan pastoral, le vide existant entre Dinan et la frontière normande. Pour des raisons socio-économiques, beaucoup de ces couvents s'étaient établis aux portes de nos villes, dans des faubourgs populaires, à la faveur de donations diverses, souvent précaires... Le rocher de Saint-Malo ne disposait pas alors d'assez de place pour les accueillir. Aussi n'est-il pas surprenant que Mgr. de la Motte commis par le Pape pour vérifier si certaines "conditions précautions et formalités" prévues avaient été observées, s'y soit montré favorable et ait cru bon de passer outre à diverses oppositions locales à Dol. Dans la bulle figurait cependant la clause "vocatis vocandis" stipulant que ceux qui y avaient intérêt seraient en droit d'y mettre empêchement. .. "Nonobstant", l'évêque Richard se décida à procéder à l'édification du dit couvent et commit la conduite de l'œuvre à un habitant de Dol Guillaume Lemesle.

Richard leur donna la grande place d'Armes de l'Aire, joignant à la rue de l'Aire Béart[5] et de Malétroit[6] et à la grande porte de la Ville[7] avec quelques maisons et franchises qui appartenaient à son église que les Religieux acceptèrent[8].

Le jour de la fête de la chaire de Saint Pierre[9] selon la supputation ancienne, le Duc Jean V[10], assisté de ce prélat, de Guillaume de Montauban[11], Seigneur dudit lieu et de Landal, du Sire de Combour, de la noblesse, du clergé et du peuple, « y assia la première pierre et fut ledit monastère basty par l'Evesque, aidé des libéralités de Guillaume, fils d'Olivier de Montauban, de Mahaut d'Aubigné et de Marguerite de, Lohéac, sa première femme »[12].

C'est ce que nous apprend la chronique rimée que voici, tirée d’un ancien missel

L'an mil quatre cent et un an,

Le jour de la chaire de Saint Pierre,

Assist le noble duc Jehan

De céans la première pierre.

Richard, evesque de ce lieu,

Sires, Montauban et Combour,

En la révérence de Dieu,

Le fondèrent en grand labour.

Pour eux et touz autres fondours,

De cest moustier généralement,

Et pour tous autres bienfaitours

Est prié Dieu dévotement.[13]

 

Du procès entre les chanoines et les religieux

La construction du couvent, décidée en 1401 avait subi entre temps bien des vicissitudes.

La tradition qui veut que le duc Jean V[14] en ait posé cette année-là la première pierre paraît fort contestable. Les religieux n'étaient point, les seigneurs féodaux du terrain sur lequel il devait être édifié.

Cette fondation ne se fit pas sans de grandes difficultés ; Le soutien de l'évêque n'évita pas aux Carmes d'entrer peu après[15] en conflit avec les chanoines de la métropole doloise et les deux recteurs portionnaires de Notre-Dame de Dol voisine, préposés à son service. Ces derniers, Pierre Leroy et Nicolas Chrestien, n'ayant point été consultes par l'évêque sur l'opportunité de l’établissement des Carmes, s'y opposèrent, ils entendaient en effet que soit démoli l'édifice que les religieux avaient commencé à faire édifier. Ils intentèrent devant les juges contre le prieur, les religieux et Guillaume Le Mesle, pour faire démolir tout ce qui était bâti. Ils furent déboutés de leurs demandes et plaidèrent à Rome. Par sentence rendue à Marseille en 1405, les religieux étaient condamnés par le "pape de Rome" à démolir leur nouvelle construction faite dans le fief du Chapitre et en la paroisse de Notre-Dame[16], et vider les lieux, l'entrepreneur Guillaume Le Mesle à "ruiner" ce qui avait été édifié et à s'acquitter des frais et deniers du procès[17]...

Richard de Lesmenez mourut sur les entrefaites, et son successeur, Etienne Cœuret[18], ayant obtenu l'arbitrage de cette affaire, la termina vers 1407 à l'avantage des Carmes, qu'il releva de la censure encourue par eux parce qu'ils avaient refusé de détruire leur monastère à peine sorti de terre[19].

Les raisons de ce procès et condamnation.

"Il est à présumer", note le rédacteur du manuscrit, "que le procureur général de l'Ordre excepta de procéder, alléguant incompétence de juge". Le Révérendissime Père Général et lui demeuraient alors à Rome "ou estait le légitime pape Boniface, qu'ils reconnaissaient et non Benoît[20]".

Cette décision doit en effet être replacée dans le contexte particulièrement troublé de l'époque : deux papes s'affrontaient alors. Un tel changement d'attitude s'explique, à n'en point douter, par les derniers développements du Grand Schisme.

Benoît XIII, à Avignon, ne protesta pas. N'avait-il pas intérêt, de son côté, à soutenir le clergé breton qui lui était resté fidèle, malgré la soustraction officielle d'obédience entre 1398 et 1403 ? Il lui en coûtait peu de laisser condamner des religieux aux sympathies romaines affichées. Aussi la sentence fut-elle confirmée par une bulle de novembre 1406.

Pour son exécution canonique in rem judicatam furent commis l'abbé de Saint Saturnin de Toulouse, le doyen de Saint-Malo et l'official d'Avranches "avec le pouvoir de déclarer les prieurs et religieux et Guillaume Le Mesle excommuniés", faute à eux d'obéir à la sentence de 1405. Les religieux se nommaient frère Jean Roger premier prieur du couvent, Roland Barbé, Jan Dadin, Jan Brossart, et frère Hervé. Les taxes et les dépens s'élevaient à 42 florins d'or et huit grosse, somme importante pour l'époque.

L'oeuvre d’Etienne Coeuret

Aux lieu et place de Richard Lemesnez les chanoines lui avaient désigné un successeur "Estienne". "Quelque uns, note le rédacteur,"l'appellent Cœuret, les autres, avec plus de raison Choeret, d'autant qu'il avait été enfant de chœur à Saint Samson"... Alors qu'il n'avait pas encore été sacré évêque officiellement en raison de la situation politique, Benoît XIII lui envoya un bref apostolique "pour ce faire et garder les droits de chascun". C'était le constituer arbitre de la querelle qui opposait alors réguliers et séculiers. Les religieux seraient admis à être relevés de leur excommunication et autres sentences romaines s'ils demandaient humblement leur absolution.

Le nouveau prélat s'employa alors de son mieux à obtenir de son vénérable chapitre qu'il "voulust souffrir et s'assentit" à ce que les religieux et frères Carmes fissent en l'aire Beart leur église maison et habitation, en la ville de Dol. De son côté, Guillaume de Montauban s'engageait à asseoir en assiette bonne et valable sur la terre de Landal, la somme de 60 sous rente pour satisfaire le chapitre, et éteindre la querelle[21] . L'évêque de Dol obtenait également d'un bourgeois Joannet Le Bordelays fils de Robin Le Bordelays qu'il fit raison aux Carmes d'une rente annuelle de 6 deniers et onze chabosseaux[22] de froment" ... Cette rente serait gagée sur quatre journeaux de terre en la paroisse du Mont-Dol au village de La Bardoulière. Il s'agissait bien d'une transaction à beaux deniers comptants. L’acte fut signée le samedi après Pâques, 18 avril 1420, signé Roussel et Le Bordais. La construction du couvent pouvait dès lors être envisagée.

"D'autres fondations, ne s'en est retrouvée aucune de la maison de Landal, fors une rente de 12 francs assignée sue le lieu de l’Estanc de l’Ouaie près le bourg de La Boussac" payée annuellement par le receveur de Landal. Or sa générosité fut sans doute bien plus importante. Le Père Du Paz rapporte, nous est-il dit, "avoir vu le testament de Jean de Montauban, fils de Guillaume, lequel ordonnait d'être enterré fort solennellement au-dessous du grand autel des Carmes. Il serait célébré plus de mille messes outre celle de l'enterrement, et pour le luminaire donna mille livres de cire ; plus, vingt ans durant, et pour l'aumône, offert cent écus[23], destinés à permettre l'élévation du logis où est le réfectoire et les dortoirs dessus".

Ce testament qui a été retrouvé[24] témoigne du grand secours qu'à Dol, comme dans de nombreuses autres villes, reçurent alors les Ordres Mendiants des mains de grands seigneurs mais aussi de divers bourgeois plus ou moins fortunés de l'époque.

Perturbée par ces longs procès, la construction à Dol du nouveau couvent des Carmes fut lente. Elle était encore en cours 50 ans plus tard (1456). Les fondateurs s'étaient engagés à verser pendant vingt ans une rente annuelle pour "parfaire et accomplir" la fondation. Hélas ce paiement souffrit de longs retards et les religieux demandaient en vain à en être satisfaits. De dimensions modestes, l'immeuble en cours de construction, enclavé sur l'arrière[25] et sur les côtés, était déclos sur l'avant à l'Ouest du côté de la chapelle Notre-Dame on y accédait par une cour commune ouverte du côté du faubourg et le puits était accessible aux habitants des environs.

Guillaume de Montauban décéda en 1432 et fut inhumé dans l'église des Carmes, où reçut également la sépulture son fils, Jean de Montauban, amiral de France, seigneur de Montauban et de Landal, mort en 1466[26]. Le testament de ce dernier prouve qu'à cette époque le couvent de Notre-Dame des Carmes de Dol n'était pas encore complètement édifié, puisqu'il légua « pour le parachèvement d'icelui le nombre de cent liv. tournois par chacun an après son décès jusques à vingt ans[27]

La fille, unique de ce seigneur, Marie de Montauban, épousa Louis de Rohan, seigneur de Guémené, mais omit d'accomplir les dernières volontés de son père ; les Carmes le lui rappelèrent dans une requête ou ils demandent les rentes qui leur sont dues, « afin qu'ils puissent parfaire et accomplir leur église, » dont ils reconnaissent que le sire de Rohan-Guemené est fondateur à cause de sa femme[28]

Du lieu ou est bâti le couvent des Carmes

"Le lieu ou est basty le couvent est une place vague, nommée l'Aire Béart joignant la porte du même nom[29], qui est vers l'Ouest et du costé Nord des murailles de la ville", "au fief et domaine de l'évêque".

Le monastère des Carmes avait été construit sur un terrain vague appelé l'Aire-Béart, à l'intérieur et à coté des murs de ville et près la porte d'En-Haut. En cet endroit se dressaient quelques maisons contiguës, qu'il fallait ruiner, pour dégager un lieu assez ample. Parmi elles, s'en voyait une "fort ruyneuse sur laquelle estait deub à escuyer Briand de Lanvalay, sieur de Vaudoré, trois sols de rente", bâtie près de la chapelle Notre-Dame et dont l'intéressé se plaignait de n'avoir point obtenu satisfaction. L'église conventuelle[30] fut bâtie sur le terrain relevant de Briand de Lanvallay, seigneur de Vaudoré. Aussi le fils de ce dernier, Bertrand de Lanvallay, demanda-t-il une indemnité au Chapitre provincial des Carmes tenu au couvent de Dol en 1442 « pour avoir raison des "arrérages de son deub »,. « II luy fut accordé par les pères du Chapitre que luy et ses successeurs seigneurs de Vaudoré se feraient enterrer, si bon leur sembloit, en la chapelle de près le revestuaire[31], vers le soleil couchant, qui est de l'autre costé du chœur et en mesme hauteur que la chapelle de Nostre-Dame[32]. »

Si l'évêque était seigneur fondateur primitif des lieux, le seigneurs de Montauban et Landal entendait être reconnu; les "constructeurs et co-fondateurs dotateur" de la dite chapelle ainsi que ses héritiers, « comme ils en baillent aveu et tenue au sieur evesque[33] ».

C, la porte d’En Haut,

E, l’église Notre-Dame,

F, l’église des Carmes,

G, la chapelle des Bénédictines

X, la grande tour des carmes,

Y, petite tour des Carmes.

Le couvent au XVI e siècle.

Quels étaient alors les effectifs de ce monastère ? Nous ne possédons aucun élément chiffré mais il devait être modeste. La licence de fondation relevée par Eubel[34], corroborée par un procès-verbal d'élection du chapitre laisse présumer que le nombre de religieux n'était pas supérieur à une douzaine, inférieur de moitié à celui d'autres établissements plus anciens[35].

Il est petit, incommode, avec son jardin en deux parties, l'une dominant l'autre de toute la hauteur du mur qui les sépare et des escaliers placés aux deux bouts ; en outre, il est fort pauvre. En mauvais état, étayé de la cave au faîte, il a beaucoup souffert des guerres de religion. La Ligue l'a trouvé ses toitures ruinées, ses murailles ouvertes. Toute la ville, hommes et femmes, vient prendre l'eau au puits du jardin, car les habitants, en guerre avec ceux de Pontorson, n'osent sortir de crainte d'être pris.

"Au commencement de la guerre contre les Huguenots et depuis la Sainte Union[36] ", nostre couvent de Dol estait tellement abattu et indigent de réparations, que tout portait sur estancons depuis la cave jusque au haut du feste du logis", l'église et les communs laissés à découvert. Le puits du jardin commun "à toute la ville" était déserté "pour ce que hommes et femmes n'osaient aller aux fontaines en dehors, de peur d'estre prins par ceux de Pontorson"...

Plus de service divin, de religieux, il n'y en avait plus que trois, l'un prêtre, l'autre diacre, le troisième non encore initié. Les conditions matérielles dans lesquelles ils vivaient, assez misérables, laissaient beaucoup à désirer. Ils n'assuraient plus le service divin à Notre-Dame. Le couvent mal défendu était à la merci de toutes les incursions et de tous les pillages. "A la persuasion d'un ingénieur nommé Saint Marc", il avait même été question de faire une citadelle dans le couvent même et d'expédier les religieux chez les bénédictins du Prieuré sous Dol à l'autre extrémité de la ville ou à celui du petit Mont qui sont de l’ordre de Saint Benoit.

Aussi pense-t-on un moment les envoyer dans un prieuré bénédictin et faire du couvent une citadelle. Mais en 1590, le Provincial maître Pierre Bertaud envoya pour prieur Pierre Behourt qui n'avait pu demeurer à Loudun et qui arriva « la vigillle de St Helier ». On ne sait combien il trouva de religieux, mais il employa tout son zèle à rétablir la régularité dans le couvent. D'abord il obtint de l'évêque, Charles d'Epinay[37], dont il était né vassal et voisin, au diocèse de Rennes, de fermer les portes du couvent aux femmes et même aux hommes et qu'on ne vienne plus sans grande nécessité puiser l'eau au puits du couvent. En même temps, il multipliait ses exhortations ferventes aux religieux, les reprenait dans leurs mœurs trop libres, tentait de les obliger à assister régulièrement à l'office et toujours supportait avec patience leurs écarts. Il n'obtint pas grand résultat, sinon qu'il rétablit le chant des Matines à minuit, l'évêque le lui ayant permis, à condition qu'on ne sonnât que la petite cloche, Le père Pierre aurait bien voulu aussi réparer les bâtiments, mais il était sans ressources. Charles d'Epinay, évêque et comte de Dol, était tout occupé à lutter contre Montgommery qui tenait Pontorson.

Pourtant, dans cette cruelle situation, il recommanda le prieur des Carmes à Françoise de Pompadour comtesse douairière de Maure[38], en son château de la Rigaudière, "qui leur bailla seix pieds de chesnes den son bois de Busot près de Landal  et 100 escus en argent pour commencer les réparations.

Pierre Behourt alla aussi prêcher à Saint-Malo[39] et en rapporta cinquante écus et beaucoup de linge car les habitants de Saint-Malo sont « fort dévots à Ne De du carme de Dol ». De Fougères il reçut aussi secours ; enfin, les habitants de Dol eux-mêmes et surtout le chapitre, après la mort de l'évêque[40], contribuèrent grandement à relever le couvent des Carmes. Et aussi beaucoup de nobles s’étant réfugiés à Dol durant les troubles, entre autres, Bonne Bruslon[41], dame de Trans,qui commença au couvent de Dol la piété qu’elle à consommé en celui de Rennes, en la chapelle de Ne De duquel elle est enterrée. Ainsi les réparations purent bien commencer. Les réparations furent faites ainsi que de belles fondations par les nobles et habitants pendant les quatre années de priorat du père Pierre.

La cloche du couvent des Carmes sauve la ville de Dol.

L'an 1590, au plus fort de cette guerre de la Ligue[42], le père Maistre Béraud provincial dépêchait prieur en ce couvent Pierre Béhourt, religieux du couvent de Rennes. Arrivé la vigile de la Saint Hélier il fut bien reçu par l'évêque Messire Charles d'Épinay... qui lui permit "qu'on fermât les portes du couvent aux femmes et filles qui le fréquentaient pour leurs besoins domestiques" et qu'on chantât matines à minuit, pourvu qu'on ne "sonnât que la petite cloche des messes" pour ne pas déranger trop souvent la population.

"Cette cloche fut deux fois la cause de la conservation de la ville"...

La ville de Dol tenait le parti de la Ligue[43] pendant les guerres de Religion. Le 7 janvier 1591, le Huguenot Jacques de Montgommery et son frère Gabriel de Lorges[44] venant de Pontorson, voulurent l'assiéger.

"Les protestants en armes effectuaient de fréquentes courses jusqu'aux portes de la ville et le couvent demeurait exposé. Début janvier, le corps du sieur De Lorge, frère de Mongommery, trouvé mort sur la place[45] fût apporté en ville et restitué finalement contre quelques prisonniers que les huguenots avaient emmenés dans la place forte voisine de Pontorson.

Le Comte de Montgommery qui s'était aventuré, un soir, venu de Pontorson "avec grand nombre de gens de guerre d'eschelles et de flambeaux" à la maison de Larguay à un quart de lieue de Dol "vint un jour avec un seul huissier parlementer avec le soldat trahaitre", placé en sentinelle sur la grosse tour[46] joignant le jardin du couvent, "par ou il prétendait d'entrer pour se fortifier".

Mais à leur arrivée sous les murs de la ville, la cloche du Couvent des Carmes se mit à sonner pour l'office de nuit.

Le premier coup de cloches "qu'il pensait estre le toxsin", l'épouvanta tellement qu'il le mit en fuite. Les soldats ne rodèrent pas moins par les marais "toute la nuit jusque au matin". Les assiégeants croyant qu'on sonnait le tocsin pour un appel aux armes, rebroussèrent chemin et regagnèrent Pontorson.

Sanitat de Dol desservi par les Carmes.

Au commencement du XVIIe siècle, la peste désola la ville de Dol Pour soigner plus commodément les pestiférés et pour mettre les gens bien portants à l'abri de la contagion, on établit un Sanitat ou Lazaret non loin de l'ancienne léproserie St-Lazare dans le faubourg de la Chaussée. Le nom du lieu occupé par ce Lazaret, appelé autrefois le Champ St-James, indique que la chapelle des pestiférés était dédiée à St Jacques; elle fut construite, en effet, sous ce vocable, par Mgr Antoine de Revol évêque de Dol[47].

La peste se déclara dans la ville peu après l’arrivée de Jean de Saint-Samson à Dol. Au moment où elle sévissait le plus cruellement le Bienheureux Jean de Saint Samson, se transporta au Sanitat et y donna des preuves admirables de sa charité. « Il encourageait les malades avec tendresse, les excitait à la confiance par de Saints discours ; il parlait surtout aux agonisants avec tant de ferveur et de charité qu'ils rendaient le dernier soupir au sein d'une paix confiante et douce. »

«  Un religieux du monastère ne tarda pas à être atteint et mourut en peu de jours. Les religieux commencèrent à trembler et lorsque le fléau eut frappé encore un novice, neveu du supérieur, ils résolurent de quitter la maison et de n'y laisser qu'un jeune religieux, nommé Olivier, qui n'était pas encore prêtre, avec un domestique séculier... Jean de Saint-Samson n'imita pas sa communauté. Sa cécité même, qui semblait le rendre impropre au soin des malades, ne lui parut pas être un motif suffisant pour s'éloigner ; il voulut rester auprès du pestiféré... Un jour, il rencontre le malade qui, dans un accès de délire, allait se précipiter par la fenêtre. Il l'arrête, et ayant appelé ses deux compagnons, retirés par crainte du fléau au fond du jardin, il le fait rapporter dans son lit. Assis à son chevet, il priait Dieu de lui rendre l'usage de la raison et de lui accorder la grâce d'une mort calme et consolée par les secours de la religion. II eut le bonheur de voir sa prière exaucée : car, au même moment, la raison revint au malade, et le supérieur étant venu savoir de ses nouvelles, Jean prit aussitôt le pauvre pestiféré dans ses bras et le lui apporta, afin qu'il entendit sa confession. Peu d'instants après, le malade, rapporté dans son lit, passait à une meilleure vie.

Le Saint homme pria à côté du dangereux cadavre et aida à l'ensevelir. Le religieux qui était resté dans le monastère avec lui, ayant à son tour été atteint par la terrible maladie, fut servi avec la même charité... Jean le soigna du mieux qu'il put... et obtint de Dieu sa guérison. Il fut enfin frappé lui-même. Il y avait près de la ville un lieu appelé Champ de Saint-James, où les personnes frappées de la peste étaient envoyées... Conduit en ce lieu, Jean y donna des preuves nouvelles de sa charité. Il encourageait les malades avec tendresse, les excitant à la confiance par de Saints discours ; il parlait surtout aux agonisants, avec tant de ferveur et de charité, qu'ils rendaient le dernier soupir au sein d'une paix confiante et douce. Le terrible fléau disparut enfin ; les religieux rentrèrent dans leur monastère » et Jean avec eux[48].

Au reste, les historiens de ce bon Religieux assurent que Dieu lui accorda la grâce de guérir les malades atteints de fièvres paludéennes, alors fréquentes à Dol et dans les contrées environnantes.

Rentré dans son monastère, en 1607, après la cessation de la peste, il récitait, sur les religieux malades de la fièvre, une oraison particulière et ils étaient aussitôt délivrés de leur mal. Le bruit de ces merveilleuses guérisons s'étant répandu dans la ville, toutes les personnes atteintes de fièvre désiraient que le bon aveugle[49] priât sur elles. « Les malades venaient tous les matins à l'église du monastère et s'agenouillaient devant l'autel ; le Saint- Homme passait, conduit par un religieux, récitait sur chacun d'eux l'oraison dont la vertu était si efficace dans sa bouche, et l'on dit que souvent ils s'en retournaient guéris. »

Nous rattachons ce souvenir des vertus du vénérable Jean de Saint Samson au Sanitat de Dol, parce qu'il édifia grandement cet asile de pestiférés et qu'il put y soigner des fiévreux aussi bien que d'autres malades. Quant à ce Lazaret lui-même, il n'en reste plus de trace. Il se trouvait là où fut l'Ecole tenue par les Frères qui devint l'Ecole Notre-Dame tenue par les Religieuses de Créhen.

Introduction de la réforme de l’Observance de Rennes.

Au commencement du XVII e siècle, le Couvent des Carmes de Dol, par suite du profond et naturel changement des temps, tomba dans un certain relâchement, chacun ne pensait qu’à soi. « Toute piété estait déchue, tant entre séculiers que réguliers » Le désordre régnait à Dol comme dans les autres maisons de la Province, et peut-être davantage que dans plusieurs.

Comme tant d'autres, à cette époque, le monastère devait ressembler à ces cloîtres italiens d'aujourd'hui qu'une loi, peut-être encore plus cruelle que miséricordieuse, n'a pas voulu fermer d'un seul coup et qui traînent, dans une pauvreté sordide, leur agonie lamentable. Cinq ou six vieillards, pareils à ceux que l'on rencontre dans nos hospices d'incurables, ont la garde des longs couloirs sonores, des cellules vides, de la chapelle désolée et des ronces du jardin.

Une première fois, en septembre 1613, Philippe Thibault avait été envoyé par le Provincial, Pierre Chalumeau, pour réprimer ce désordre. Il eut peu de succès.

Antoine de Revol, évêque de Dol, qui connaissait depuis longtemps le chemin du couvent des Carmes, y venait souvent avertir avec charité les religieux de se mieux comporter, mais il « ne s'en retournait jamais qu'avec mécontentement ». Ayant reconnu les mœurs et pratiques de ceux de l'Observance Rennes, il leur avait demandé des religieux et n'avait pu les obtenir. Un incident malheureux hâta la réalisation de son désir.

Au mois de juin 1617, un religieux du couvent pris de vin, tua par malheur un homme dans le couvent[50]. Aussitôt, à Rennes, on sut la chose, les juges d’église et séculiers en prirent connaissance et le firent emprisonner dans la prison publique. Le père Philippe Thibault Prieur de la réforme, homme de Sainte vie, Prieur au Couvent de Rennes, avec le père Behourt, envoyés par le provincial Pierre Maillard, arrivèrent à Dol le 27 juin 1617. La veuve du défunt se mit à crier après eux, demandant justice, ce qu’elle fit encore le lendemain matin, les suivant par les rues de Dol jusque dans l’évêché où elle redoubla ses clameurs. L’évêque leur fit de grandes plaintes sur le funeste accident et sur la vie libertine et déréglée des autres religieux. Il assura qu'il tirerait le criminel de là prison publique et le sauverait de la mort, à condition qu'on établît la Réforme dans le couvent. Et pour contre-balancer la mauvaise réputation des Carmes de Dol, il voulut faire entendre au peuple la parole des deux Carmes rennais : le père Thibault prêcha dans la cathédrale le dimanche de la Sainte-Trinité, le père Behourt, pendant l'octave du Saint-Sacrement.

Laissant le père Behourt à Dol, le père Thibault était parti à Rennes rendre compte au Provincial des événements et des demandes de l'évêque. Il se heurta au mauvais vouloir du père Maillard. Cependant il réussit à le ramener avec lui à Dol où, ayant pris connaissance de l'affaire, il se fit remettre le coupable et le condamna à la prison perpétuelle, aux jeûnes et châtiments corporels.

Antoine de Revol, qui avait aidé à le soustraire à la justice séculière, insista auprès du Provincial pour que la Réforme fût introduite dans le couvent. Le père Maillard du céder ; il renvoya les novices, dispersa les religieux dans différentes maisons de la Province, envoya le Prieur à Nantes, et le remplaça par le père Augustin du Saint-Sacrement. Alors, on put faire venir des religieux de Rennes. Parmi eux se trouvait Jean de Saint Samson qui y demeura un an.

Dès que l'accord fut conclu, l'évêque ouvrit sa bourse au couvent qui était fort nécessiteux. Puis il écrivit au Général Sébastien Fantone, lui demandant d'associer le couvent de Dol à l'Observance. Le Général l'accorda volontiers et chargea le père Thibault de veiller au bon ordre. En retour, Antoine de Revol élargit le prisonnier et lui donna pour prison son couvent.

Le couvent au XVII e siècle.

Le Couvent, à partir de Juillet 1617, se releva plus florissant que jamais. On s'occupa de réparer l'église et le logement des religieux qui étaient en très mauvais état.

Le monastère était toujours fort exigu et d'accès incommode, "le jardin divisé en deux, le bout d'en hault eslevé de plus de seix degrés que celuy d’embas et séparé d’une muraille … et deux eschalliers aux deux bouts pour y monter »". Il ne pouvait s'étendre, parce que "les logis et jardins estaient à personnes qui ne voulaient ny donner ny vendre, quand bien même on leur en présentâoit plus que la juste valeur, et le plus difficile à avoir et le plus d’importance estoit unne maison qui advançoit fort dans la cour et jardins, qu’on jugeoit avoir esté aultre fois du couvent ". Finalement les héritiers d'un bourgeois nommé Jean Guihart, consentirent à la vendre et l’un d’eux consentit à échanger un petit logis joignant la muraille du pressoir du couvent au faubourg de la Chaussée et à un autre on bailla cinquante écus qui lui furent avancés par l'évêque. Les religieux firent également l'acquisition "contre la rente" de plusieurs autres petits terrains autour du couvent appartenant à MM. Guillaume Ogier, Jean Ollivier Masurays, Jullien Tallevas.

Le tout fût enclos dans le "pourprins" comme l'exigeait la règle. Les frais de l'opération furent amortis par les soins de Mgr. l'Évêque, ce qui permit d'allonger un peu la muraille "qui touchait le pilier du bas de l'église". Monsieur de la Ramelière, frère de l’évêque et gouverneur de la ville, fit faire un parapet sur la muraille « pour n’estre veus des passants comme auparavant ». Mais comme il n’y avait ni infirmerie ni chambre d'hôtes, en 1625, les vieux logis furent démolis et furent « bastis deux beaux corps de logis se joignant l’un et l’autre en forme de potence », l'un "de soixante cinq pieds joignant le jardin, l'autre de quarante cinq pieds jouxte le mur de dessus la rue[51]".

La pierre à maçonner fut prise sur place dans le sous sol, ce qui obligea à réaliser des arcades pour poser les fondations des bâtiments.

L’évêque, la dame comtesse de Maure ont contribué de notables sommes d’argent à cette reconstruction, ainsi que les aumônes ordinaires et extraordinaires reçues par les pères Carmes.

Les dortoirs furent refaits à neuf[52], l'église reblanchie et "relambricée", sa sacristie restaurée.

L’église est de moyenne grandeur mais son chœur est « fort grand », on y installa 92 chaires. S'y voyaient désormais "un beau grand autel bien estoffé" avec un "beau tabernacle doré". On a fait aussi un chœur sur la sacristie et la chapelle qui la touche.

Appuyées sur de solides fondations de pierre, les nouvelles constructions étaient beaucoup plus salubres, et les religieux souffrirent moins du voisinage des marais. Par la suite, on y établit un couvent d'études. Les évêques qui succédèrent à Antoine de Revol, Hector d'Ouvrier, Cohon, Cupif, continuèrent leur protection au couvent.

Vers 1638, Hector d'Ouvrier, Evêque de Dol[53], fit reconstruire le cloître de Notre-Dame du Carme et plaça ses armoiries « d'azur chargé du chevron d'argent, sept merlettes de sable, accompagnées de trois gerbes mêlées de même », au milieu du cloître, du côté de la sacristie. Le bâtiment faisant face au jardin est aussi de ce temps[54].

Le Couvent de Dol a passé depuis pour une des maisons les plus commode et la mieux bâties de l'Ordre. Le noviciat s'y entraîna avec plus de ferveur et de piété qu'en tout autre couvent, et les études de Philosophie et de Théologie lui donnèrent un grand éclat depuis son rétablissement[55].

Colbert de Croissy, dans son rapport, nous apprend qu’en 1665, le couvent est « bien basty , où on tient ordinairement vingt cinq religieux, et ce monastère peut avoir d’asseuré trois mille livres de rentes »[1].

La vie au couvent

Le 21 octobre 1623, la comtesse de Maure, marquise de Mortemart, dame de Landal, fut reçue solennellement par les religieux.

Le 26 avril 1624, considérant la pauvreté des Carmes de Dol et les réparations qu’ils veulent faire à leur couvent, le chapitre leur accorde une aumône de 30 livres[56].

Le Chapitre général de l’Ordre du 28 mai 1626 fut tenu à Dol avec beaucoup d’éclat, le père Thébaut y fut élu Provincial[57].

Un certain nombre de Dolois entraient dans les ordres religieux. Parmi les Carmes, outre le Dolois Gilles Cronays[58], qui ravit ses frères par la splendeur de ses vertus et mourut en odeur de Sainteté, ayant fait ainsi de sa vie un poème, nommons quelques auteurs. Raphaël de Saint-Mathieu[59], qui connaissait l'hébreu, le grec et le latin, et qui laissa dans sa congrégation un magnifique souvenir, écrivit chez nous, en 1625, pour célébrer la couleur brune de son habit, un badinage agréable de lettré, d'érudit et de moine". Docteur de l'Université de Paris, Albert de Saint-Gilles prononça une oraison funèbre de Louis XIII, qui fut imprimée dans la capitale en 1643. Quelque dix ans après, il fit paraître, en latin, son « Paul, prédicateur de la résurrection des morts » ; cet in-quarto visait les mécréants el les voulait contraindre à suivre le vrai chemin. Comme le précédent, Sébastien des Anges était né à Dol. On loue son caractère avenant. Il publia, dans la noble langue latine, des «Axiomes ou Sentences spirituelles », qui montèrent, en 1653, à leur quatrième édition[60].

Le 12 février 1649, ces messieurs du chapitre de Dol ordonnent une procession générale pour le dimanche 21 février. Cette procession se rendra dans l’église des pères Carmes de la ville. Le but est d’obtenir du ciel la « concorde et tranquillité générale » en France[61].

Le 17 août 1676, Pierre de Courcol[62], prêtre chanoine de la cathédrale, « détenu au lit de griève maladie corporelle et néanmoins sain de jugement », lègue 50 livres aux Carmes de Dol pour célébrer 100 messes basses[63].

Du 31 décembre 1676. Les Carmes envoient une requête « par laquelle ils exposent que la liberté d'aller et de se promener sur les murailles de la ville, du côté qui borne l'enclos de leur monastère, est également préjudiciable aux suppliants et inutile au public, ne servant que d'entretenir le honteux commerce et les sales pratiques de quelques personnes débauchées, qui commettent mille abominations auprès des lieux Saints, et à faciliter aux voleurs, et autres mal intentionnés, l'entrée et la sortie de l'église, sacristie, maison et jardins des suppliants, lesquels ont autrefois souffert par là plusieurs vexations, et fait des pertes considérables, qu'ils ont encore sujet de craindre à l'avenir, si on ne leur permet de faire clore et boucher le passage desdites murailles : d'un bout, à l'endroit qui est entre la porte de la ville et leur église, et de l'autre à l'endroit qui répond à l'extrémité de leurs jardins. » La ville leur accorde l'autorisation de faire deux portes, à leurs frais, à la condition que ces portes permettent aux canons et autres engins d'y passer ; d'autre part, en cas de nécessité, la ville restera libre de démolir ces portes, sans qu'elle soit tenue & dommages intérêts. D'ailleurs, les Carmes pourront garder « les merrains de bois et de pierre » provenant de cette démolition éventuelle[64].

Certaines familles de notables Dolois se faisaient inhumer aux Carmes[65], ainsi en est-il de la famille Le Poitevin :

Après des funérailles à l’Abbaye sous Dol, le corps de Thibault Le Poitevin[66] fut déposé dans le caveau de famille, chez les Carmes. Or, un religieux, qui avait coutume de passer une grande partie de ses nuits au pied des autels, entendit du bruit dans la fosse. Il court avertir le Prieur. Tout le monastère est en émoi, on ouvre le cercueil. Malheureusement, l'air, qui eût été si utile à Thibault Le Poitevin, « le suffoqua » par surabondance, « et lui fit rendre le dernier soupir. » Notre bourgeois « s'était dans sa tombe dévoré un bras »[67].

Le récit de cet évènement a été composé dès le début du XIX e siècle, sur des traditions orales, comme la façon de présenter les choses le démontre[68]. Et l'enterrement qui est raconté n'est pas antérieur au commencement du XVIIIe siècle, puisque les Eudistes de Dol y paraissent.

Nous rencontrons un autre cas de léthargie, au XVI e siècle. Un jeune homme de la Chaussée étant enseveli, le cortège funèbre passait devant la chapelle des Carmes, lorsque le corps donna signe de vie. Et le cercueil fut attaché en ex-voto chez les religieux. Nicolas Dadier, Prieur de Dol (en 1599), et l'un des beaux esprits de son temps, fit «brusler ladite châsse, ne scaichant que signifloit »[69].

Henri le Poitevin de la Crochardière qui mourut le 2 juillet 1774 fut inhumé aux Carmes[70]

Les prédicateurs

Très populaires les frères Prêcheurs étaient appelés à donner à l’extérieur de nombreuses missions. Les temps forts de la prédication sont l’Avent et plus encore le Carême

Si le chapitre de Dol était riche, il n'en allait pas de même des Carmes, mais ces derniers disposaient d'autres ressources, un de leur principal revenu venait des missions qu’ils prêchaient. La sollicitude de nos ducs à leur égard ne s'est jamais démentie. Elle est attestée de multiples façons, privilèges, franchises de taxes, etc... Dans les querelles qui les opposaient souvent au clergé séculier, ils interdisaient qu'on leur fasse procès spécialement au sujet des enterrements (choix des enfeux pour les laïcs, enterrement des enfants), bénéfices dont ils disposaient souvent. Les ducs accordaient aussi aux Mendiants toute licence de quêter lors de leurs déplacements, licence qui allait à l'encontre du monopole épiscopal en la matière. Nous voyons ainsi les Carmes de Dol en disposer au début du XVI e siècle, à l'initiative de la reine Anne, pour un de leurs plus célèbres prédicateurs.

Les Carmes obtenaient aussi d'autres faveurs spéciales dont ils ne se privaient pas. Ils reçoivent la permission de parcourir toute la Bretagne quelques années après 1505[71].

En 1509–1511, les Carmes de Dol reçoivent l’autorisation « de publier en leurs prédications les pardons et indulgences concédés par le pape et de requérir et demander leurs aumosnes charitables[72] ». Le relevé de leur motivation et de leur provenance a été effectué avec soin[73]. Il témoigne assez de l'importance des dons divers que les religieux recevaient à l'occasion de ces missions fréquentes. Ces dons, ils les affectaient pour partie au financement de leurs constructions (églises couvents) pour partie, aussi, à leurs frais de chapitres et d'entretien.

Les communautés de villes rétribuaient volontiers les Carmes pour la tenue de leurs sermons de Carême. A Nantes où les miseurs rétribuent les prédicateurs, un carme de Dol reçoit dix livres en 1529[74].

Touchant le revenu de leurs fondations, les Carmes de notre ville n'ont laissé aucune archive[75]. Il est à présumer qu'il était assez modeste. Ces diverses ressources ne commenceront à décliner qu'à partir de la seconde moitié du XVIe siècle.

En 1591 Pierre Behourt prêche le carême à Saint-Malo, en 1600, il prêche le carême à la cathédrale de Dol, et il donne l’habit religieux à Mathieu Pinault au couvent des Carmes[76]. Des habitants de Saint-Malo, chez qui le père prieur s'était rendu à maintes reprises prêcher, les Carmes obtinrent "50 écus d'argent et beaucoup de linge", tant pour le service de l'église que pour leurs dépenses personnelles. Les gens de Fougères contribuèrent aussi beaucoup, ainsi que le chapitre et plusieurs nobles venus se réfugier dans la ville pendant les hostilités de la Ligue, contraints qu'ils étaient alors d'abandonner leurs manoirs souvent mal fortifiés.

Le père Louis de Cenis, qui fut trois fois provincial de la Province de France, prédicateur renommé, prêche le carême de 1607 à Dol[77].

En 1617, le père Thibault prêche dans la cathédrale le dimanche de la Sainte-Trinité, le père Behourt, pendant l'octave du Saint-Sacrement[78].

L’éloquence religieuse était distribuée dans le diocèse par les Carmes de la ville, ordinairement. Vers 1643, les stations de carême furent payées ainsi qu'il suit : La paroisse de La Boussac donna 100 livres de fil et 46 écus; celle de Meillac : 160 livres de fil et 21 écus ; celle de Sainl-Broladre : 20 écus et du fil ; celle de La Fresnais : 67 livres en argent, sans fil ; celle de Saint-Coulomb : 100 livres, sans fil59. Ces missions à travers les campagnes exigeaient un long travail préparatoire et entraînaient des fatigues considérables pour les prédicateurs, mais elles plaisaient au peuple, et, au point de vue de l'unité nationale dans la foi et du maintien de la morale publique, elles avaient une efficacité merveilleuse. La somme qui restait au religieux, après ses dépenses nécessaires, revenait au monastère de Dol, lequel portait péniblement le poids d'une pauvreté démesurée[79].

Les religieux

Au XV e siècle, on ne possède aucune indication chiffrée sur l’établissement de Dol, aussi on peut lui attribuer un effectif de 12 religieux.

En 1506, le Prieur est natif de Rennes, il y possède une maison dont il gratifie le couvent de la ville le 24 juillet 1506[80].

Jean du Moulin fut baptisé à Sens le 30 décembre 1571. En 1575, il perd la vue ; vers 1582 il devient orphelin, mais malgré tout il reçoit une formation classique, et vers 1584, il est organiste à Sens. En 1600, Jean s’installe à Paris chez son frère. C’est le début d’une période d’indigence voulue par Jean. Autour de 1603, il s’installe près du couvent des carmes de la place Maubert, mais il continue à mener une vie de mendiant et de musicien[81]. Entre 1604 et 1606, Jean fréquente les Carmes et dirige frère Mathieu Pinault. Peu à peu, un cercle spirituel se crée autour de Jean : il fait découvrir la littérature mystique de qualité. En 1606, Jean du Moulin devient Frère Jean de Saint-Samson lorsqu’il entre au noviciat de Dol-de-Bretagne. On lui donne l'habit et, bien que ce ne fût pas la coutume avant la Réforme, il reçoit en même temps un nom de religion. A son nom de baptême qu'il conserve on ajoute celui de Saint Samson, premier évêque de Dol et patron de l’église cathédrale, peut-être aussi par allusion au Samson aveugle de l'Ecriture. Jean Du Moulin fait place à Frère Jean de Saint-Samson.

Il continue à souffrir de nombreuses maladies. En 1607, il prononce ses vœux ; grâce à sa renommée de thaumaturge, il rencontre Monseigneur Antoine Revol, évêque de Dol, son fils spirituel pour lequel il écrira l’Aiguillon en 1629. Pour aider la Réforme de Touraine, en 1612, les Carmes le transfèrent au noviciat de Rennes, où il formera une constellation de spirituels carmes. Le 14 septembre 1636, il meurt dans le plus complet dénuement, entièrement perdu en Jésus crucifié. Par un geste fraternel, le 20 juillet 1990, les Carmes Dechaux[82] donnent aux Grands Carmes  de France  le crâne de Frère Jean de Saint-Samson gardé jusqu’alors dans leur couvent d’Avon.

Vers 1626, un jeune religieux, nommé Raoul Roquet, en religion frère de la Visitation, ayant fait sa profession aux environ de la fête de la Visitation Ne De, son père René Rocquet, sieur de la Roncette, donna de sa propre et libre volonté au couvent un petit logis et un jardin joignant le couvent qui furent enclos dans la ceinture du couvent.

Le 3 9bre 1660, les frères Lazare de Saint François et Michel Joseph de Saint Marc furent l’objet d’un arrêt pour être sortis du couvent de Dol sans obédience.

En 1665, d’après Colbert de Croissy, il y aurait 25 religieux.

En 1727, le frère Eydern est directeur chapelain et aumônier des religieuses bénédictines.

Le 30 octobre 1736 fut inhumé dans l’église le corps de révérend père Mathurin de Saint Julien, Prieur de la communauté. Il repose devant l’image Saint Charles Borromée qui est dans le sanctuaire[83].

Le prieur François Berthe[84], en religion Bertin de Saint-François. Né le 29 juillet 1737, entré aux Carmes le 5 mai 1764. Malgré la promesse écrite faite le 19 février 1791, ne prêta pas serment à la constitution civile du clergé, serment auquel d'ailleurs il n'était pas tenu, mais prêta celui de soumission aux lois les 3 mai et 19 septembre 1792. En ce mois de septembre, il était allé habiter Baguer-Morvan et y suppléer le curé. Il est dit vicaire de Dol sur la liste des pensionnés de l’état de 1793 et ne figure pas sur celle du 20 septembre 1794[85].

Le procureur de la communauté, Laurent Le Goff, en religion père Laurent de Saint-François. Né le 20 mai 1733; entré en communauté le 20 Janvier 1762. Imposé comme directeur des Bénédictines le 19 juillet 1791 par la municipalité de Dol à la place de M. de la Croix, qu'elle avait relevé de ces fonctions. Le 10 avril 1792, il refusa le poste de directeur des hôpitaux qu'on voulait lui confier[86]. Le 22 mars 1791, il dépose à la municipalité une déclaration en date du 31 janvier par laquelle il exprime son vœu de se retirer[87].

Pierre-Anne Martin, né à Rennes, paroisse Saint-Martin, le 5 décembre 1756, entré en communauté le 6 septembre 1779[88]. Le 4 mai 1790, il fait, devant la municipalité, la déclaration de vouloir sortir dès ce jour de la maison des Carmes où il réside et même de l’ordre des carmes[89], sauf à lui de jouir de la pension assignée aux religieux de son ordre par les décrets de l’Assemblée Nationale des 19 et 20 dudit mois de février …

Tous les trois firent la déclaration de quitter leur monastère, conformément à la loi du 13 février 1790.

Jean de Saint Samson

Jean de Saint Samson[90] était Frère lai au monastère des Carmes de Dol.

C'est dans ces lieux que vécut un personnage mystérieux qu'on a désigné comme le "Saint Jean de la Croix " français et comparé à Sainte Thérèse d'Avila.

Jehan du Moulin naquit et fut baptisé à Sens le 30 décembre 1571. Issu d'une famille aisée, fils de Pierre du Moulin, contrôleur des tailles et de Marie d'Aiz. On ne sait quasi rien de ses parents, honnêtes bourgeois et, semble-t-il, dans l'aisance. Il eut deux frères. L'aîné, « brillant cavalier », au service de Henri IV, « mourut vaillamment, les armes à la main en défendant la ville de Corbeil contre les espagnols » Le second, nommé Jean-Baptiste, eut une jeunesse un peu singulière, mais sur laquelle nous avons peu de renseignements. « Après de sérieuses études, nous dit-on, il passa quelque temps à Rome, où il sut se faire estimer et aimer, et rentra en France à la suite de Marie de Médicis. Marié à Paris avec la fille de M. Douet, trésorier-payeur de la gendarmerie française, il fut pourvu de cette charge après la mort de son beau-père et mourut lui-même à Lyon en 1601[91].

Il devint aveugle à l'âge de 3 ans et orphelin à 10 ans. Il « passa sous le toit de son oncle maternel, Zacharie d'Ais, qui lui avait été donné pour tuteur. Cet oncle s'occupa avec soin de son instruction et lui fit même donner des leçons de langue latine par M. Garnier, curé de Saint-Pierre-le-Rond. L'enfant fit des progrès si rapides, qu'il se rendit capable en peu de temps d'entendre et d'expliquer le latin, nous disent les documents. Mais cet oncle s'efforça de le rendre habile surtout dans la musique. Il apprit à jouer de l'épinette, de la viole, de la mandore, du luth, de la harpe, de la flûte, mais ses préférences furent pour l'orgue et si remarqués furent les progrès qu'il fit dans ses études d'organiste, qu'à l'âge de douze ans, il tenait déjà l'orgue de l'église des dominicains dans sa ville natale ». Déjà, semble-t-il, assez porté à la dévotion, mais sensible au beau sous toutes ses formes, «il aimait à se faire lire des livres, et employait son argent pour en acheter ». Il racontait plus tard au P. Pinault qu' « en sa jeunesse, il se faisait lire par ses parents et amis toutes sortes de livres, tels que historiens, poètes français, et qu'il avait tellement inculqué en son imagination le style et la phrase du poète Ronsard, qu'il faisait des sonnets et autres vers à son imitation ». « Il se reprochait même d'avoir une fois, à la prière d'une de ses parentes, composé quelques vers galants[92] ».

Dans sa jeunesse, musicien inné, il anime des concerts, puis progressivement va se diriger sur le chemin de la foi. Il découvre le Carmel parisien de la place Maubert en 1603. Et en 1606, à l'âge de 35 ans, il entre au couvent de Dol de Bretagne et prend le nom du premier évêque de cette ville.

De constitution délicate sa santé résiste mal au climat du marais dolois, il est miné par les fièvres paludéennes très répandues à cette époque dans notre région.

C'est un prédicateur renommé, le père Louis de Cenis, provincial des Carmes, venu prêcher le carême à Dol en 1607, qui le conseille. Puisque les remèdes humains sont sans effet, il lui apprend une oraison qu'il a vu faire effet sur des fiévreux à Rome. "Il la dit lui même sur le malade, mais sans succès. Le lendemain était le jour où la fièvre devait revenir[93] ; Jean se confesse, communie, prononce l'oraison sur soi avec un grand esprit de foi et est guéri aussitôt. On crie au miracle, et d'autres religieux malades de demander au frère Jean de dire l'oraison sur eux. Il s'y refuse par humilité ; mais en ayant reçu l'ordre des supérieurs, il guérit par ce moyen les malades du couvent». La peste sévit en ces années dans la région et le frère Jean se dévoue auprès des pestiférés. Son renom de Sainteté franchit très vite l'enceinte du couvent et lorsqu'une nouvelle épidémie de fièvres paludéennes se répand on se souvient du pouvoir miraculeux du frère aveugle.

L'évêque de Dol, Mgr Antoine de Revol, accepta fort mal ces guérisons et voulut faire cesser ces pratiques superstitieuses. Il se rendit au couvent accompagné de son théologal. Il surprit le frère Jean en train de procéder à des guérisons : "Frère Jan, dit-il fort âprement, qui vous a faits hardi de bénir mon peuple en ma présence ? Ledit frère répondit : Pardonnez-moi, Monseigneur, je ne vous pensais pas là. Et lui ayant dit que ce qu'il faisait n'était qu'abus et que tromperie et l'ayant grandement rabroué et hontoyé devant tous, ledit évêque ajouta que son oraison était superstitieuse. Ledit frère demanda congé à l'évêque de parler, qui lui ayant permis, il répondit : "Pardonnez-moi, Monseigneur, l'oraison est en sens parfait, il n'y a point de superstition". Ledit seigneur évêque se tourna vers le susdit théologal en lui demandant : "Que vous en semble, Monsieur le Docteur ?" Lequel répondit : "les Apôtres n'en faisaient pas davantage ; si nous menions la vie de frère Jan et si nous avions autant de foi que lui, nous guéririons tous ces malades aussi bien que lui". Antoine de Revol voulut encore savoir d'où frère Jean tenait cette oraison. Il lui dit l'avoir apprise du père de Cenis et la réciter sur les malades par ordre de ses supérieurs. "Et bien. Frère Jan, conclut l'évêque, j'ajoute à votre obédience le commandement de continuer à guérir les malades, "

Les fièvres se firent à nouveau sentir et les forces de frère Jean diminuaient sans cesse. C'est alors que le recteur de Roz, François Forgeays offrit de le prendre chez lui et de le garder jusqu'à ce qu'il fût guéri. Jean de Saint Samson fit ainsi plusieurs séjours à Roz, tant le climat de Dol lui était pénible à supporter. Le révérend père Donatien de St Nicolas a laissé un récit de ce séjour dans notre paroisse dans son ouvrage écrit en 1651.

"Ce recteur était un homme fort charitable qui portait sur sa face beaucoup des linéaments de celle du B. François de Sales, évêque de Genève, et qui lui ressemblait encore plus dans son grave maintien, dans sa douceur et en beaucoup d'autres perfections. Il avait avec lui une sienne soeur, vieille femme veuve, fort grave, dévote et charitable vers les malades et les pauvres de toute la paroisse. A peine notre frère fut-il arrivé chez ce bon ecclésiastique qu'il commença à embaumer, non seulement cette maison, mais encore tout le pays de l'odeur de ses vertus, et on reconnut aussitôt en ces quartiers le prix du trésor que Dieu y avait envoyé dans ce vertueux aveugle. Le recteur et les autres prêtres de la paroisse se firent aussitôt ses disciples en la vie spirituelle et tous les jours il leur faisait de pieux entretiens sur les matières de la vertu et des obligations de leur condition ; à quoi la bonne dame dont je viens de parler prenait un grand contentement, y appelant tous les soirs les domestiques et serviteurs de la maison, afin de profiter tous des conférences Saintes qu'ils avaient par ensemble.

Il y avait entres autres un bon prêtre qui tenait l'école et enseignait la jeunesse, lequel, à certains jours de congé, amenait ses écoliers à frère Jean de Saint Samson. Celui-ci les entretenait avec tant d'affabilité et de dévotion que souvent il leur ôtait l'envie de se recréer. Tantôt il leur faisait lire quelque livre spirituel, tantôt il les interrogeait sur leur catéchisme et les instruisait si méthodiquement en la foi catholique que la plus grande part des paroissiens prenait plaisir à le venir voir et entendre ses pieux entretiens.

Ces exercices de piété chrétienne, que les guerres précédentes avaient étouffés dans tout le pays se renouvelèrent en sorte parmi le peuple que plusieurs se confessaient et communiaient aux fêtes et dimanches et même les plus dévots le faisaient assez souvent au jeudi. C'était chose ordinaire, même parmi les enfants, de dire tous les jours les litanies de la Sainte Vierge. Les filles vivaient chez leurs parents, retirées des occasions de vanité et plusieurs de ces enfants de l'un et l'autre sexe embrassèrent depuis la vie religieuse en divers ordres, dont le nôtre peut donner encore aujourd'hui des témoignages pleins de bénédiction et d'odeur de vertu. Ainsi notre humble frère laïc fut choisi de Dieu comme un vrai apôtre de ce pays de Dol, pour défricher cette terre inculte, pleine d'épines et de halliers que l'hérésie et les guerres y avaient produits. Car, à l'exemple des habitants de cette paroisse où il fit tant de bien, ceux des paroisses voisines devenus émulateurs de leurs vertus et de leur piété, commencèrent à se porter à la dévotion et au service de Dieu, de sorte que par ce moyen tout l’évêché a été peuplé de personnes très ferventes en la foi et affectionnées aux exercices de la piété et de la perfection chrétienne".

Le recteur de Roz et sa soeur, sous la conduite de cet aveugle tout emprunt de spiritualité changèrent leur maison en petit monastère recevant les pauvres et les passants avec beaucoup de charité et les servaient à table.

Frère Jean de Saint Samson quitta Dol pour Rennes en 1612. Nombre de personnes dévotes et plusieurs grands personnages, parmi lesquels un des amis de François de Sales, Mgr de Révol, évêque de Dol, venaient fréquemment le consulter. Marie de Médicis, espérant toujours quelque miraculeux retour de fortune, s'adressait à Jean de Saint-Samson par l'intermédiaire du P. Philippe Thibaut qu'elle aimait beaucoup. Il écrit aux possédées de Loudun pour les consoler dans leur détresse. On voudrait savoir de quelle nuance particulière — tendresse ; pitié ; crainte — se colorait la vénération qu'on avait pour lui. Il semble avoir été parfaitement bon, un peu perdu entre ciel et terre, ingénument obstiné à ne parler que de Dieu[94].

Ce religieux aveugle fut et reste l'un des plus grands mystiques français et joua un rôle important dans la reforme de son ordre. Il est l'auteur de nombreux écrits spirituels. On lui attribue 4000 pages de notes dont la majeure partie est conservée aux archives départementales à Rennes.

Jean de Saint-Samson fut le principal collaborateur du P. Thibaut. Appelé en 1612 à Rennes où, sauf une courte mission réformatrice au couvent de Dol, il doit résider jusqu'à sa mort, en 1636, « ses hautes vertus et les faveurs surnaturelles qu'il recevait d'en haut lui créèrent une position exceptionnelle... Il devint le conseil non seulement des simples religieux, mais aussi des supérieurs. Ceux-ci le consultaient sur l'esprit qu'il convenait d'inoculer à la nouvelle réforme; ceux-là lui ouvraient leur intérieur, recevaient ses conseils, se soumettaient à sa direction ». « Dieu l'avait destiné pour être le plus clair flambeau de notre petite observance dans les choses spirituelles », a écrit de lui son premier biographe. A cette influence de l'exemple et de la parole, « il faut ajouter celle qu'il exerça par ses écrits. On peut affirmer, toute proportion gardée, qu'il fut sous ce rapport le Saint Jean de la Croix de la nouvelle réforme ». Dans son Vrai esprit du Carmel « il prouve que la contemplation forme l'esprit principal de l'Ordre et donne des règles pour s'incorporer cet esprit et s'élever jusqu'aux sublimes hauteur de la vie mystique »[95].

Il mourut en odeur de Sainteté, le dimanche 14 décembre 1636. Son tombeau se voyait dans l'église des Carmes de Rennes, dans la chapelle Notre-Dame de Pitié, près du tombeau de Robert Cupif, évêque de Dol[96]. Il consistait en une dalle de marbre que fit placer Luc Godard, Seigneur des Loges et Président au Parlement de Bretagne, qui attribuait aux prières de ce Saint Religieux la guérison d'une grave maladie. Le Chef de ce Bienheureux fut conservé dans le couvent des Carmes de Rennes. Actuellement une relique de son corps se trouve dans une petite chapelle chez les Carmes de Bourges.

La dévotion à Notre-Dame des Carmes

Les Carmes étaient, de grands dévots du culte marial. A Dol cette dévotion à Notre-Dame des Carmes[97] était vive : les bourgeois de Dol et les habitants du Clos Poulet venaient y faire leurs dévotions, les marins « y rendre leurs vœux », sitôt, « qu’ils estoient de retour de leur trafic sur mer ».

Le religieux auteur du manuscrit nous rapporte trois "miracles" intervenus par l'intercession de la Vierge, sous le patronage desquels ils s'étaient placés et qu'il juge exemplaires. Miracles feins ou questuaires ? Ces prodiges étaient pour les religieux moyens d’agrandir leur maison.

Des miracles faits par les prières de la Vierge.

Il faut confesser que nous et nos devanciers avons esté  fort négligentz de faire avérer et approuver les miracles faicts par l'Invocation de Ne De du Carme de Dol, tant sur mer que sur terre, et les dévotz habitantz de St Malo qui y ont tant de dévotion en rendent bon et fidèle tesmoignage. J'en raconterai seullement trois, desquelz le plus signalé est la resurection d'un jeune homme du fauboure de la Chaussée, qui ne mancquoit jamais sitost qu'il estoit levé de son lict au matin de venir faire ses prières en la chapelle devant l'imaige de la Vierge. Un soîr il  trespassa, invocant les prières de sa bonne dame et maitresse, et demeura toutte la nuict froid et roide mort; le lendemain on l'apportoit à l'église de Ne De, qui est la parochaine de la ville, pour faire son service et le mettre en terre, mais comme ceux qui le portoint furent près la porte de la chapelle Ne Dame, furent contrainctz de s'arester comme ceux qui portoint l'enfant de la veusve de Naïm et il commença à crier :

 « Ne passés pas oultre, je n'ai pas prié ma maîstresse aujourd'hui » On l'oste pronptement du cercueil (que là ils appellent chasse), on lui oste le suaire de dessus les yeux, et il s'en alla avec le linceul où il avoit esté ensevely devant l'imaige de la Vierge, et de là s'en retourna vivant et sain dans sa maison; et afin de perpétuer la mémoire de ce miracle la châsse fut.attachée avec des lames et agraffes de fer à la closture d'entre le chœur de l'église et la chappelle de Ne Dame où elle estoit encore l'an mil cincq centz quatre vingt dix que je fus envoyé prieur aud. couvent, et y a encore plus de cinquante personnes vivantz dignes de foy tant religieux que sœculiers qui la ont veuëe, entre autres le révérend père Mathieu Pinault religieux dud. couvent et à présent provincial de ceste province, mais qui en parle plus scientifiquement est le père Nicolas Dadier, qui estant prieur aud. couvent de Dol l'an mil cincq centz. quatre vingt dix neuf, encore vivant en ce couvent de Plouarmel. confesse ingénument avoir fait brusler lad. Chasse ne .scaichant que signifioit.

Autre miracle qui nous a premièrement esté raconté par le mesme revèrend père provincial et depuis certifié par plusieurs autres : Unne honneste femme du marais do Dol ayant sa maison située sur le bord de la Banche, qu’est l'un des esgoutz par où l'eau des marais s’écoule dans l'océan, sur le chemin par où on vient du bourg de Chesrué à Dol, allant en ses champs pour quelques affaires, par inadvertance laissa un sien petit filz a la porte du logis, et revenant à elle, se ressouvenant du péril de tomber dans l'eau où elle avait laissé son enfant, prenant sa course pour s'en retourner s'escria : « Ne De du Carme, je vous recommande mon filz » Comme elle arriva elle le vit assis el se Jouant sur l'eau, d'où l'ayant retiré luv demanda : « Mon fils, comment, ne vous êtcs vous point, noyé? » II luy respondit : « Une belle fille, comme je tombois, m'a prins par la main et m'en a empesché. » Le lendemain la mère amena son filz à l'église des Carmes pour remercier Dieu et la Vierge de l'avoir conservé, et le père Noël de Mardeaux célèbra la messe à ceste intention, comme luy-mesme nous a récité depuis peu de temps.

Le troisième miracle se rapportait lui, à une conversion exemplaire : Sur les conseils d'un marin catholique.

Le dernier est d'un marchant Anglois lutérîen, qui venant à St Malo fut surprins d'une furieuse tempeste, qui le minst hors toutte espérance de salut, n'attendant plus que la perte du vaisseau, de tout ce qui estoit dedans et de la vie ensemble. Il y avoit dans le vaisseau un jeune garçon catholique, qui luy dist qu'il s'estoit autresfois trouvé en semblables perilz et que  les nauchers faisoint vœu a Dieu et Ne Dame du Carme de Dol, et puis venoint a heureux port. Il respondit qu'il ne scavoit ce  que c'estoit mais qu'il le fist pour luy et qu'il l'accompliroit. Le voeuf fait, la tempeste cessa et ils vintrent miraculeusement à port, et incontinent bien joyeux veinrent rendre leur vœu devant l’autel et l’imaige de la Vierge, où estant agenouilz il fut touché intérieurement d’abjurer son hérésie et se faire catholique. Il fut, conduit à Me Pierre Berthelot[98], docteur de Paris et théologal de Dol, qui le catéchisa, et d'autant qu'il n'y avoint pas pour lors d'evesque résident .à Dol il l'envoya a l'évesque pour estre absoult de son hérésie et admins en l'église Catholique apostolique et romaine.

Période révolutionnaire

Journal des évènements

Le 14 juillet 1789 on résolut d’illuminer la ville, et de faire ; chez les Carmes, un service funèbre pour les patriotes égorgés à Paris[99].

Le 6 septembre 1789, l’hôtel de ville ne pouvant recevoir tous les assistants, on dut se réunir dans la chapelle des Carmes[100]

Le 22 février 1790, le père Legoff, procureur de la communauté des Carmes, dépose la déclaration des biens que possède sa communauté[101].

Le 25 février 1791.Le directoire de Dol écrit à celui du département : Les ci-devant Carmes de cette ville nous ont présenté leur compte de 1790 que nous joignons à la présente. La bonne réputation du religieux qui nous l'a rendu ne permet pas de douter de l'exactitude de ce compte. Par le résultat nous voyons que cette communauté a subsisté sur 1,225 liv. 10 s. 9 d. pendant l'année 1790; il lui revient donc 364 liv. 9 s. 3 d. pour le complément du traitement de deux Carmes et 400 liv. pour les trois premiers mois de 1791, total : 764 liv. 9 s. 3 d. Nous leur avons adressé un mandat de cette somme et nous vous prions de l'ordonnancer le plus tôt possible. Ils méritent la célérité que nous sollicitons pour eux. Ils nous ont remis un état de reste montant en argent à 1,720 liv. 14 s. 5 d. et à 59 boisseaux de blé froment; ils nous entremis leurs journaux avec les titres qui en sont la justification ; ils nous proposent la remise de tout ce qu'ils doivent aux termes de l'art. 9 du titre 3 de la loi du 5 décembre 1790 sur la désignation et administration des biens nationaux. Incessamment et à notre retour de rennes nous nous occuperons de ces inventaires.

Le 22 mars 1791, le père Legoff, procureur de la communauté, dépose la déclaration par laquelle il exprime le vœu de se retirer et de mener une vie privée avec les avantages accordés à chaque individu par l’Assemblée Nationale. Imposé comme directeur des Bénédictines le 19 juillet 1791 par la municipalité de Dol à la place de M. de La Croix, qu'elle avait relevé de ces fonctions. Le 10 avril 1792, il refusa la poste de directeur des hôpitaux qu'on voulait lui confier.

Le 26 août 1791, la municipalité décide de faire établir un catalogue des livres, médailles, machines, tableaux, gravures qui composent les bibliothèques des séminaires et de la maison des Carmes de Dol, ainsi que l’inventaire de l’argenterie et papiers des dites maisons. Ces inventaires devant être remis aux administrateurs du district[102].

Le 3 novembre 1791 est faite l’adjudication de la descente des cloches des églises Notre-dame des Carmes et de l’Abbaye de la Vieuville, adjudication faite au sieur Labarre pour la somme de 300 livres, procès verbal en est fait le 29 décembre à la municipalité[103].

Cette église des Carmes, n'avait d'ailleurs qu'une cloche qui pesait 696 livres 1/4 et qui fut expédiée à l'hôtel des monnaies de Nantes

Le 1er décembre 1791, le directoire du district écrivait à la municipalité pour l’informer … la porte de la bibliothèque de la maison des Carmes a été enfoncée et on y a enlevé beaucoup de livres[104].

Le 25 mai 1792, l’inventaire était terminé et il était fait dépôt à la municipalité de 1438 cartes indicatrices des volumes composant la bibliothèque des ci-devant Carmes[105]. Cette bibliothèque comprenait quelques incunables et bon nombre de livres imprimés au XVI e siècle.

Le Couvent des Carmes ne fut jamais riche. En 1790, il possédait en maisons, terres et rentes, un revenu de 2.877 livres et avait 846 livres de charges ; partant, il ne lui restait que 2.031 livres de revenu net.

Le 15 pluviôse an IV (4 février 1796), le directoire, considérant que dans l’église de la ci-devant communauté des Carmes servant de parc pour les bouchers de l’armée, il existe une tribune qui menace bêtes et gens …, charge la municipalité d’en faire la démolition[106].

Le tout fut vendu nationalement pour une soixantaine de mille francs. Quant au mobilier, il n'atteignit à la vente que 600 francs : ce qui dénote bien sa pauvreté.

La plupart des rentes dues aux pères Carmes furent abandonnées à l’Hospice de Dol et à la Caisse d’amortissement par arrêté des Consuls du 27 Fr an XI.

Le 5 fructidor an XII (12 août 1803), le maire de Dol écrit à M. le sous-préfet de Saint-malo : L’ancienne église des Carmes, à Dol, ne sert plus au culte depuis plus d’un an. On est occupé à la démolir pour y  bâtir une maison[107].

Pendant la révolution, la chapelle servit de salle de réunion, de boucherie pour l’armée, de magasin pour les foins de la république[108], d’atelier de salpêtre pour le citoyen Cousin. On la démolit en 1804

L'an XII de la République Française, le 28 prairial, aux 4 heures de l'après-midi, demoiselle Anne-Françoise Revers des Beauvais[109], comparaissant devant les membres de la Fabrique et M. le Curé de Dol échangea le Grand Autel et accessoires des ci-devant Carmes, contre des lambris de chapelles, une carrée, deux niches à statues, quatre petites colonnes et, accessoires en sculpture de la Cathédrale. Cet autel fut placé dans la chapelle au côté vers midi, joignant la sacristie de l'église-cathédrale[110]. Il a subsisté jusqu'au 8 décembre 1872 où fut béni l'autel actuel en l'honneur de St Joseph

Depuis lors, l'église a été démolie, et ce qui reste des bâtiments conventuels est devenu méconnaissable. Toutefois on aperçut encore longtemps ces tristes débris à l'entrée de Dol, près du pont construit sur la voie ferrée de Saint-Malo. D'ailleurs, ce n'est qu'en 1863 qu'a été rasée la chapelle Saint-Sébastien, dernière portion restée debout de l'église conventuelle de Notre-Dame du Carme.

Carême de 1791.

Dans sa délibération du 18 février 1791, la Municipalité de Dol avait nommé le père Berthe, Prieur des Carmes, comme prédicateur de la Station Quadragésimale. Mais dans leur sollicitude pastorale, les pieux édiles « attendu, disaient-ils, que l'expérience a prouvé que la multiplicité des sermons pendant le Carême, ralentissait la ferveur des fidèles » déclarèrent suffisants deux sermons par semaine : le dimanche et le mercredi, en tout quinze sermons, et fixèrent les honoraires du prédicateur à 60 livres[111].

Deux notables de Dol, Jean Tallon et Malo de Louche, eurent le bon esprit de tourner en dérision cette délibération prise « en bonnet de nuit » non pas à la maison commune, mais «auprès du feu de Monsieur le Maire» lequel, tout en délibérant contre le despotisme épiscopal, s'attribuait les droits anciens de l'évêque et du chapitre. Avec raison, les deux notables firent remarquer que, à défaut de l'évêque, c'était au Recteur qu'il appartenait de nommer le prédicateur de Carême.

Le Maire de Dol et ses collègues bondirent sous l'ironie et s'expliquèrent dans une Epître dont le style grotesque caractérise bien l'époque :

«Dans ce moment où les crises se succèdent avec rapidité et se propagent avec abondance, la Municipalité de Dol, sachant que le défaut d'Evêque laisserait le peuple sans sermons pendant le Carême prochain, toujours vigilants à détromper le peuple égaré par les insinuations perfides des ennemis des nouvelles lois, a pourvu à la Station du Carême de 1791. Elle a imposé l'obligation au Sieur Berthe, qu'elle a choisi, de faire précéder le texte de son sermon, du serment prescrit par la loi ; celui-ci a accepté la station aux conditions a lui imposées ».

Le Prieur des Carmes avait, en effet, accepté tout d'abord la mission que lui confiait la Municipalité, et de s'astreindre au serment qu'il n'avait pas encore prêté jusqu'alors.

Mais Mgr de Hercé, Evêque de Dol[112], n'eut pas grand effort à faire comprendre à ce Religieux, la gravité du cas. Aussi le père Berthe écrivit-il que sa mission ne pouvait être autorisée que par l'Eglise, et n'étant qu'un ministre subalterne il laissait « aux pasteurs titrés le droit qu'ils ont d'instruire leurs ouailles ».

Ce refus du Prieur des Carmes fut remis à la Municipalité au moment où celle-ci terminait la rédaction de sa lettre au Département. Elle en fut quitte pour constater -que le père Berthe avait été « dévoyé du sentier où il était ».

Quelque temps après les trois dernier Carmes du Couvent de Dol : Le Prieur François Berthe ; le Procureur Laurent de Saint-François et Pierre Martin, firent la déclaration de quitter leur monastère conformément à la Loi du 13 Février 1790 et s'en allèrent en exil à Jersey.

 Vestiges des Carmes à Dol

Le couvent des Carmes survécut jusqu'à la Révolution.

Il a disparu et n'a pas été remplacé. Après lui fut détruite l'ancienne église Notre-Dame, la seule paroisse de la ville demeurée indépendante du régaire de l'évêché et de son chapitre et à laquelle les habitants de la ville étaient demeurés à ce titre très attachés. Elle se dressait, on le sait, auprès d'une porte ancienne également détruite, donnant accès à la cité épiscopale du côté du vieux faubourg de Pontorson. Des maisons nouvelles, construites dans le courant du XIX e siècle sont venues occuper le terrain autour de la place où furent édifiées également au siècle dernier des halles, sans caractère, qui subsistent toujours. Seule, la tour voisine, dite des Carmes, en perpétue aujourd'hui le souvenir, par ailleurs bien oublié.

Voyons ce qu'il reste encore de ce couvent construit sur l'aire Béart en 1401[113].

1) En bordure nord de la rue des Carmes, peu avant le coude de cette rue en venant du centre de la ville, au fond d'une petite cour connue sous le nom de cour aux ânes, existe encore jusqu'aux deux tiers de leur hauteur, les murs de ce qui fut, sans doute, la maison priorale des Carmes, la partie supérieure ayant été supprimée en 1954 par son propriétaire parce qu'elle tombait en ruine. Son pignon porte un écusson dont le motif n'apparaît qu'à peine. II a été comme tous les autres à Dol victime d'une décision du conseil municipal du 14 novembre 1792 qui ordonna de les piquer tous "pour qu'il n'en reste aucune trace". Vestiges démolis en 1977 pour faire place à la construction d'un supermarché Marguerite devenu aujourd’hui Intermarché.


La cour aux ânes - Dessin docteur Testard – collection particulière.

2) À l'entrée de la promenade des douves s'élève encore une partie de la chapelle ou église des Carmes. De nombreux auteurs ont voulu qu'il n'en reste rien. Beaucoup en effet ont cru qu'il s'agissait d'un grand édifice. Tous les plans existants n'indiquent que par une petite croix son emplacement, ce qui met cette opinion en doute. Par ailleurs, un plan établi par les ingénieurs vers 1770 et conservé aux archives départementales d'Ille et Vilaine est assez précis à ce sujet. Les derniers vestiges de l'église des Carmes sont donc ce qui était encore le café Renault dans les années soixante. Une petite tourelle visible à l’entrée de la promenade des douves devait faire partie de ce couvent, elle renferme encore un remarquable escalier de pierre à vis.

Tous ceux qui prendront cette promenade des douves reconnaîtront cette chapelle dans l'extrait suivant des actes successifs de vente de la propriété qui, après avoir été cédée comme bien national au citoyen René Marie Pinoul, fut vendue à demoiselle Anne Françoise Rever le 1er messidor an IX (1801)...à citoyen Julien Barbé (an XII 26 germinal)... à monsieur Nivolle (4 novembre 1843) etc.... Julien Barbé fit démolir l'église en 1804.

Sur un ancien acte de vente on peut lire " L'église des ci-devant Carmes de Dol, située au coté vers le nord de la rue de la révolution[114] consistante dans ses quatre gros murs de clôture, charpente et couverture, la tour au coté nord du bout vers orient avec son dôme joignant vers midi au pavé de la rue, d'orient au gros mur de la ville nord et occident au citoyen  ….. de plus 7 mètres 48 centimètres de terre[115] au coté occident de la tour en alignement d'ycelle et en fond pour y construire un édifice de cette grandeur …. " Cet édifice fut bien édifié puis détruit vers 1937-38. Il fut alors creusé des fondations, et nul ne saura sans doute jamais le nombre de corps relevés alors, dont un d'un tout jeune homme à la mâchoire parfaite[116].

Ainsi restent encore debout la tour et le bout de la chapelle, le corps de l'édifice allant jusqu'à la rue ayant disparu pour que soit construit un peu plus à l'ouest l'immeuble des garages de la Cote d'Emeraude. Le cellier, dans la cour, près de l'ancien café Renault en est sans doute aussi un autre vestige, chapelle latérale ou sacristie[117].

Documents annexes

Religieux pères Carmes connus

XV e siècle

Année

Nom                    Liste non exhaustive

fonction

1405

Jean Roger

premier prieur du couvent

 

Roland Barbé

 

 

Jan Dadin

 

 

Jan Brossard

 

 

frère Hervé

 

XVI e siècle

1590

Pierre Behourt

Prieur (1590-1594)

1599

Dadier Nicolas

Prieur

XVII e siècle

1600

Mathieu Pinault

Reçoit l’habit religieux âgé de 13 ans.

Il fait profession en 1603.

1604

Mathieu Pinault

Quitte Dol pour Paris.

1606

Jean de Saint Samson   (Jean Du Moulin)

Novice

1607

Pierre Behourt

Prieur

1607

Jean de Saint Samson

Fait profession

1608

Symphorien Godivier

Supérieur du couvent,

prieur du couvent de Rennes en 1590,

a Dol de 1608 à 1611.

1611

Mathieu Pinault

Quitte le couvent de Dol pour celui de Rennes

1612

Jean de Saint Samson

Quitte le couvent de Dol pour celui de Rennes

 

 

Le prieur en place est envoyé à Nantes.

1617

Augustin du Saint-Sacrement

Prieur nommé pour la réforme du couvent

 

Jean de Saint Samson

Passe un an à dol pour la réforme du couvent.

1623

Regnault Legendre

 

Vers 1626

André de la Visitation   (Raoul Roquet)

Fils de Me René Rocquet, sieur de la Roncette.

1636

Séraphin de Saint René

 

 

Jean de Saint Samson

 

1640

Hugues de Saint François

Prieur (12.04.1640)

 

Maurice de Saint Pierre

 

 

Célestin de Saint François

Sous Prieur

1640

Modéran de la Passion

Prieur (26.06.1640)

 

Samson de Saint Louis

Procureur

 

Benoist de Saincte Marguerite

 

 

Saturnin de Saint Pierre

 

 

Macaire de Sainct Clément

 

 

Denis de Saint Paul

 

 

Alexandre de Sainct Yves

 

1649

Modéran de la Passion de Notre Seigneur

Prieur

 

Benoist de Sainte Marguerite

Sous-Prieur

 

Nicolas de l’Incarnation

 

 

Pacifique de Saint Nicolas

 

 

Saturnin de Saint Pierre

 

 

Barnabé de Saint Paul

 

 

Macaire de Saint Clément

 

1660

Lazare de Saint François

Prieur

 

Michel Joseph de Saint Marc

 

1687

Rodolphe du Saint Sacrement

Prieur (03.06.1687)

 

Georges de Saint Armel

Procureur

 

Eudeline de Saint Samson

 

 

Denis de Saint Pierre

 

 

Claude de Saint Pierre

 

 

Hippolitte de Saint Elisée

 

 

Paulin de Saint François

 

XVIII e siècle

1706

Denis de Saint Pierre Thomas

Prieur

 

Noël de Saint Mathurin

Procureur

1712

Noël de Saint Mathurin

Procureur (1712 & 1714)

1714

Ange de Sainte Monique

Procureur (27.10.1714)

1719

Cozos de Saint Jérome

Procureur

1721

Athanase de Jésus

Prieur

 

Pierre Thomas de la Nativité

& 1727

 

Brice de Saint Samson

Procureur & 1727

 

Jacques de Saint Joseph

 

 

Epiphane de Sainte Thérèse

& 1727

 

Julien Marie de Saint André

 

 

Fulgence de Saint Olivier

 

 

Théosphore de la Trinité

 

1727

Louis de Saint François

Prieur

 

Laurent de Sainte Marie

Directeur des religieuses bénédictines

 

Eydern ?

 

1729

Pierre Damascène de la Nativité

Prieur

 

Aignan de Saint Barnabé

Procureur

 

Salomon de Saint Pierre

 

 

Laurent de Sainte Marie

vicaire

 

Dominique

Procureur Syndic

1732

Laurent de Saint Jean baptiste

Prieur

 

Guy de Saint Nicolas

Sous Prieur

 

Sébastien de Saint Jean Baptiste

 

 

Célestin de Sainte Anne

Sacriste

 

Hyacinthe de la Sainte Vierge

 

1732

Thomas de Saint Dominique

Prieur

1735

Constantin de Saint Ignace

Prieur

 

Guy de Saint Miolad

 

1736

Mathias de Saint Julien

Prieur

1738

Edouard de Saint Ambroise

Procureur

1738

Salomon de Saint Pierre

 

 

Sulpice de Sainte Anne

(13.10.1738)

1740

Jean de la croix

 

1745

Siméon de Saint Pierre

Prieur

1762-1790

Laurent de Saint François   (Laurent Le Goff)

Procureur, directeur des Bénédictines.

1764-1790

Bertin de Saint François   (François Berthe)

Prieur

1779-1790

Pierre-Anne Martin

 

 

Quelques revenus et charges connus

Une grande partie des revenus sont les fondations qui consistaient à concéder une rente en argent ou en nature ou un capital destiné à l’achat d’une rente, ou un bien-fonds, pour entretenir des services religieux ou pour disposer du droit d’enfeu à perpétuité. Le montant ou la valeur du bien peuvent être extrêmement variables, mais sont généralement en relation avec l’importance du service religieux escompté. Il y a aussi des achats de maisons ou terres qui sont ensuite louées à des particuliers[118].

Rentes dues à la communauté sur terres et rentes diverses

Liste non exhaustive. [119]

Genre

Lieu

Paroisse

Valeur

 

 

 

 

rente constituée

 

?

11 l 20 d

rente foncière

Bien de succession

?

36 l

rente foncière

Sur héritage

?

13 l 45 s

terre

Les Planches Mondins

?

04 l

terre et seigneurie

La Ville Guillaume

?

18 l

maison

L’Abbaye près Dol

Abbaye près Dol

03 l

maison & jardin

En haut de la paroisse, nommée les Trois Croix

Abbaye près Dol

12 l

rente foncière

Sur des effets

Angers

05 l

biens

A Jean Juhel (frère Eloy)

Baguer-Morvan

07 l 10 s

pièce de terre

Les champs Mingenes

Baguer-Morvan

07 l 10 s

rente constituée

 

Baguer-Morvan

13 l 15 s

rente foncière

Héritages situés aux environs de la Morinais

Baguer-Morvan

07 l

rente foncière

Lieu dit de la Villemain

Baguer-Morvan

03 l 05 s

rente foncière

Sur héritage

Baguer-Morvan

01 l 10 s

rente foncière

Sur héritage de la Moignerie

Baguer-Morvan

06 l

terre

La Guillonais

Baguer-Morvan

44 l

terre

Le pré Dibou

Baguer-Morvan

40 s

rente constituée

 

Baguer-Pican

28 l 20 s 06 d

rente constituée

 

Baguer-Pican

02 l

terre

Pièces de terre

Baguer-Pican

15 l

& 3 demeaux F.M.

rente foncière

Sur héritage

Bonnemain

05 l

terre

2 pièces, Landelle et Treghan

Bonnemain

12 l

maison

Le petit plat d’étain, Rue du Moulin

Carfantin

02 l

rente foncière

Sur héritage

Carfantin

10 l

terre

 

Carfantin

07 l 10 s

terre

La Petite Héraudière

Carfantin

03 l

terre

Le Clos Tréhel

Carfantin

06 l

terre et métairie

Haute Lande

Carfantin

50 l

terre

Les Sommaillères à la Laronnière

Cherrueix

05 l

terre

Sur le Clos et Grange

Cherrueix

03 l

terre

La Rue, 38 sillons

Cuguen

05 l

maison

Appelée l’Ancienne Saulnerie

Dol

10 l

maison

Avis de ce couvent, touchante le mur et la grande porte chartière des dames Bénédictines

Dol

06 l

maison

Fauxbourg de la boulangerie près l’hôpital, avis l’Imaige Notre Dame

Dol

03 l

maison

Fauxbourg de la Lavanderie

Dol

3 l

maison

L’Image Saint-Pierre

Dol

30

maison

Mazures nommées La Geberdières,

fauxbourg de la Chaussée.

Dol

20 s

maison

Nommée le Petit Soleil sous les porches

Dol

05 l

maison

Proche le fauxbourg de la Boulangerie

Dol

06 l

maison

Proche les Baselliers et remparts

Notre-Dame

02 l

maison

Sous les porches nommée l’Ancienne Saulnerie

Dol

02 l

maison & jardin

Fauxbourg de la Boulangerie

Dol

03 l

maison & jardin

La croix Peguille

Dol

04 l 10 s

maison & jardin

Près fauxbourg de la Lavanderie

Dol

03 l

maison et jardin

Aux Basseliers

Notre-Dame

03 l 05 d

rente constituée

Deux rentes sur la Maison de l’image Notre-Dame

Dol

10 l

rente foncière

Guillaume Pelé sieur de la Guihommerais, rente à perpétuité sur terres situés en la paroisse de Sains et à l’Abbaye.

Dol

40 l

rente foncière

Héritages situés aux Beauvais

Dol

06 l 10 s

terre

A la Chaussée nommée la Margattière

Dol

02 l

terre

Au seuil de la Brèche Arthur près le Champ Saint James

Dol

06 l

terre

Le pré Cornel

Dol

16 l

terre

Legears près Dol

Dol

02 l

terre

Les Passagères en Pont-Labat

Dol

06 l

maison & jardin

Deux petites maisons avec jardin derrière en la paroisse du Crucifix

Dol - Crucifix

07 l

terre

Pré dépendant de la maison de la Brosse

Epiniac

 

terres

Pieces de terre et biens en Equiou proche Evran, évêché de Saint Malo

Equiou

12 l

maison & terre

Maison et clos

Hirel

06 l 13 s 03 d

maison

Sur le château et dépendances de Landal au Comte de France

La Boussac

12 l

terre

lieu de l’Estanc à l’Ouaie, près le bourg

La Boussac

 

terre

Le pré dom Georges

Lislemer

03 l

 

Sur héritage

Mont-Dol

06 l

maison & jardin

Maison, jardin & courtil

Mont-Dol

10 l

rente foncière

Sur les Cherandières

Mont-Dol

10 l

terre

 

Mont-Dol

03 l

terre

A Carcoul et la Chaussée

Mont-Dol

06 l 10 s

terre

Au village de Chantelou

Mont-Dol

06 l

terre

La Goutte Changette

Mont-Dol

04 l

terre

La Sourdossière, sur la Banche

Mont-Dol

01 l 5 s

terre

La Vergerie

Mont-Dol

02 l 10 s

terre

Les Pouets au seuil de la Bégaudière

Mont-Dol

06 l

terre

Sur un clos ….près le Vivier

Mont-Dol

04 l 10 s

terre

Sur un clos ….près le Vivier

Mont-Dol

03 l

terre & maison

Les Gours, au pied du Tertre

Mont-Dol

03 l

terre

4 journeaux au village de la Bardoullière

Mont-Dol

 

maison

A l’enseigne de la Fleur de Lys

Notre-Dame

06 l

maison

Avis la chapelle de la Vierge de la communauté nommée la maison des Carraux

Notre-Dame

05 l

maison & jardin

Bas Celliers

Notre-Dame

06 l 05 s

terre

Nommée La Turquoise

Notre-Dame

04 l 10 s

maison

Haut de la Chaussée

Notre-Dame

10 l

maison

La Vieille Foulonnerie

Notre-Dame

23 l 15 s

terre

La Rousse

Notre-Dame

25 s

terre

La pièce des champs

Pleine Fougères

04 l

rente

Sur héritage

Roz-sur-Couesnon

70 l

terre

L’Epinay sur quatre personnes

Saint-Broladre

30 l

terre

Le haut des champs, près le bourg

Saint-Léonard

02 l

 

Rentes en bled, monnaye, corvées et autres dues :

Etat des rentes boisseaux Froment dues à la communauté [120]:

Dans les années communes :

Valeur Boisseau Froment Terrain

3 L 10 s le boisseau

 

Valeur Boisseau Froment Marais

3 L

 

A la Saint-Michel :

 

 

Hirel

4 B. F. M

 

Cherrueix

½  B. F. M.

 

Cherrueix

3 demeaux F. M.

 

Baguer-Pican

3 ½ B. F. T. et 2 chapons

 

Mont-Dol

4 B. F. M.

 

Epiniac

5 B. F. T.

 

Notre-Dame

8 ½ B. F. T.

 

Hirel

11 B. F. M.

 

A Pasques :

 

 

Saint-Marcan

28 B. F. M.

 

 

Soit 

202 livres

 

 

 

Rentes dues à la communauté sur terres et rentes

811 livres 4 sols 18 deniers

Rentes dues par la communauté pour remboursements d’emprunts (1745):

Rentes constituées dues à Dol :

 

pour fourniture de viande au sieur Coudray et femme veuve Savary, boucher. (mais comme ils doivent 44 l et 40 sols, il ne reste que 6 livres).

090 livres

Rentes dues à Rennes :

 

A la veuve de la Motte Fouque pour 7 000 l. d’emprunt.

152 livres par an

pour un emprunt de 3 000 livres à Mme de la Monneraye le Meze, dame de Bourgneuf.

150 livres

pour 2 000 livres empruntées au sieur Prigent de la Treiguillys.

200 livres.

à M. le chevalier de Cicé.

400 livres

pour une dette de 1 500 livres à Mme Odye.

075 livres

pour André Nicol, religieux de la province.

060 livres

Soit

1127 livres

Corvées que doit la maison :

Tous les ans, 3 jours ½ pour fanner dans le pré nommé de l’Evesque, on y envoie un journalier.

Soit 17 livres

Rentes en avoine pour obiterie dues par la communauté :

Baguer-Morvan

10 l 15 s

Baguer-Pican

05 l

Notre-Dame

04 l

 

Rentes en bleds, monnaye et autres dues par la communauté :

Le val,

Saint-Marcan

Au Prieuré de Saint-Broladre

3 B. F. M.

Soit 12 l 13 s

 

Au seigneur des Hommeaux

13 sols en argent

 

Au Clos lupin

Aux religieux bernardins de la Vieuville

2 B. F. T. et 7 l

1 ½ B. F. et 5 l 5 s

Soit 12 l 05 s

 

 

 

 

 

A Mr de Saint-Méloir

 

2 sols monnaye qui font 2 sols 5 deniers

une paire de gants blancs

deux chapons

Soit 01 l 07 s 05 d

 

A Mss du chapitre de Dol

2 B. F. T.  et 4 godets

1 l 8 s 5 d en argent

Soit 10 l 08 s 05 d

 

A la seigneurie de Malestroit

4 B. F.

Soit 16 l

Grande Epine,

Baguer-Pican

A M. le comte de Noyant, seigneur de la Mancelière

7 godets F. et 8 sols en argent

Soit 05 l 10 s

 

 

 

 

Fouages dus par la communauté :

Baguer-Pican

12 livres

L’Abbaye près dol

06 livres 10 sols

Carfantin le Noble

01 livre 05 sols

Capitation due :

Pour deux domestiques

02 livres 02 sols 08 deniers

Rolles dus à différents fiefs et seigneurs

Seigneur de la Mancellière et plusieurs autres

05 livres

Droits du provincial :

Au révérend père provincial

 

Pour droit de visite

18 livres

Taxes de la province

40 livres 06 sols

Autres charges annuelles :

Chirurgien

pour raser les religieux (M. Beauvais, notre chirurgien actuel, ne prend rien non plus que pour les saignées et autres traitements).

Ordinairement 20 livres

Buandière

 

45 livres en 1745,

36 livres en 1767,

60 livres en 1770

Domestiques

 

(un domestique jardinier en 1781)

45 livres en 1781,

40 livres en 1782,

60 livres en 1784,

60 livres en 1788.

Gages

Gages du garçon

30 sols

Cordonnier

(Gilles Mancel)

04 livres le soulier,

03 livres 04 sols l’escarpin.

Pour l’année 1790 :

D’après le chanoine Guillotin de Corson :

Maisons terres et rentes

Revenu :

2 877 livres

 

Charges :

816 livres

 

Revenu net :

2 031 livres

Directoire de Dol :

Le 25 février 1791.Le directoire de Dol écrit à celui du département : Les ci-devant Carmes de cette ville nous ont présenté leur compte de 1790 que nous joignons à la présente. La bonne réputation du religieux qui nous l'a rendu ne permet pas de douter de l'exactitude de ce compte. Par le résultat nous voyons que cette communauté a subsisté sur 1,225 liv. 10 s. 9 d. pendant l'année 1790; il lui revient donc 364 liv. 9 s. 3 d. pour le complément du traitement de deux Carmes et 400 liv. pour les trois premiers mois de 1791, total : 764 liv. 9 s. 3 d. Nous leur avons adressé un mandat de cette somme et nous vous prions de l'ordonnancer le plus tôt possible. Ils méritent la célérité que nous sollicitons pour eux. Ils nous ont remis un état de reste montant en argent à 1,720 liv. 14 s. 5 d. et à 59 boisseaux de blé froment; ils nous entremis leurs journaux avec les titres qui en sont la justification ; ils nous proposent la remise de tout ce qu'ils doivent aux termes de l'art. 9 du titre 3 de la loi du 5 décembre 1790 sur la désignation et administration des biens nationaux. Incessamment et à notre retour de Rennes nous nous occuperons de ces inventaires.

Sources :

Archives départementales d’Ille et Vilaine,

4E6747 : minutes Juhel, notaire, 1721 – 1738.

Nombreux actes concernant les pères Carmes.

1F1971 :

Plan du projet de rue rejoignant la place du Champ à la rue de Rennes, 1er août 1769

Xx         :

Plan de Dol levé par Picot, ingénieur de Garangeau, en 1693

 

Fonds des Grands Carmes. 9 H 1 - 47.

Les carmes de Dol n’ont pas laissé d’archives ou presque pas, si ce n’est les actes consignant les débuts de la communauté.

9H1 : Grands Carmes de Dol.

Lettre d’Antoine de Revol, datée aux Ormes le 6 septembre 1620.

Pièces diverses, fondations, transactions.

Procès contre les paroissiens de Baguer-Morvan.

Parchemins concernant la fondation du couvent.

Deux actes sur parchemin,

Livre rentier fait aux pères Carmes de Dol, fait en l’année 1745 par le père Siméon de Saint Pierre (1745 – an XI).

Accord de transaction entre sieur François de Bruc et sieur François de La Motte, 1642

Fondation de Mathurine Cadet, 1643.

Plaidoiries avec le recteur de Notre-Dame pour les inhumations.

Plaidoiries avec le général de Baguer-Morvan pour les fouages.

Donations diverses.

9H7 :

St Charles Borromée était vénéré au couvent des Carmes de Dol ainsi qu’en témoigne un acte d’inhumation du 3 octobre 1736.

Mandement de Monseigneur Hector d’Ouvrier, Carmes, réédification du monastère, 1639.

Lettre avec grand sceau d’Antoine de Révol.

Donations, actes divers sur parchemin

Bibliographie :

BOUCHEREAUX Suzanne Marie, La réforme des Carmes en France et Jean de Saint Samson, Etudes de Théologie et d’Histoire de la Spiritualité, Librairie Philosophique J.Vrin, Paris, 1950.

CRBC, La Bretagne en 1665 d’après le rapport de Colbert de Croissy, Jean Kerhervé, François Roudaut, Jean Tanguy. Centre de Recherche Bretonne et celtique, Faculté des Lettres et Sciences Sociales, Université de Brest, 278 p. 1978.

BREMOND Henri, Histoire du sentiment religieux en France, depuis la fin des guerres de religion jusqu’à nos jours, vol. II, l’invasion mystique, (1590-1620), chapitre V, Jean de Saint-Samson. Paris, Bloud et gay, 1916-1936, 11 vol. et 1 vol. d’index.

DELARUE Paul Gustave, Le clergé et le culte catholique en Bretagne pendant la Révolution, District de Dol, documents inédits, Rennes, 1903-1910, 6 vol., 2eme partie - 1905 - commune de Dol.

DUINE François, Histoire Civile et Politique de Dol jusqu'en 1789, Paris, Champion, 1911, 349 p ; réédition, Laffitte Reprint, Marseille, 1975.

DUINE, Mémoires Société Archéologique d’Ille et Vilaine, t. XXIV, 1895, p. X-XII.

GUILLOTIN DE CORSON Amédée, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. René Haton et Fougeray, Rennes et Paris, 1880-1886, 6 vol. gd in-8°.

MARTIN Hervé, Les ordres mendiants en Bretagne (vers 1230 – vers 1530). Université de Haute-Bretagne, Institut de Recherches Historiques de Rennes. Librairie C. Klincksiek, Paris, 1975.

SERNIN, R. P. Marie de Saint André, Carme déchaussé, Vie du vénérable frère Jean de Saint-Samson, religieux carme de la réforme de Touraine, Paris, Poussielge frères, 1881, 392 pp.

VILLERS L. (de), Histoire des carmes en Bretagne, A. de La Borderie et L. de Villers, Carmes de Dol, Mémoires Société Archéologique d’ Ille-et-Vilaine, t. XXV, 1896, pp. 193 – 207

Table des matières

Le couvent des Grands Carmes de Dol,  cinquième couvent de l’observance de Rennes. 2

Fondation du couvent des Carmes de Dol. 3

Du procès entre les chanoines et les religieux. 3

Les raisons de ce procès et condamnation. 4

L'oeuvre d’Etienne Coeuret 4

Du lieu ou est bâti le couvent des Carmes. 6

Le couvent au XVI e siècle. 7

La cloche du couvent des Carmes sauve la ville de Dol. 8

Sanitat de Dol desservi par les Carmes. 8

Introduction de la réforme de l’Observance de Rennes. 9

Le couvent au XVII e siècle. 10

La vie au couvent 12

Les prédicateurs. 14

Les religieux. 15

Jean de Saint Samson. 16

La dévotion à Notre-Dame des Carmes. 19

Des miracles faits par les prières de la Vierge. 19

Période révolutionnaire. 21

Journal des évènements. 21

Carême de 1791. 22

Vestiges des Carmes à Dol 24

Religieux pères Carmes connus. 27

XV e siècle. 27

XVI e siècle. 27

XVII e siècle. 27

XVIII e siècle. 28

Quelques revenus et charges connus. 29

Rentes dues à la communauté sur terres et rentes diverses. 29

Rentes en bled, monnaye, corvées et autres dues : 31

Etat des rentes boisseaux Froment dues à la communauté : 31

Rentes dues par la communauté pour remboursements d’emprunts (1745): 31

Corvées que doit la maison : 31

Rentes en avoine pour obiterie dues par la communauté : 31

Rentes en bleds, monnaye et autres dues par la communauté : 31

Fouages dus par la communauté : 32

Capitation due : 32

Rolles dus à différents fiefs et seigneurs. 32

Droits du provincial : 32

Autres charges annuelles : 32

Pour l’année 1790 : 32

Mandement de l’évêque Hector d’Ouvrier : 34

Sources : 35

Archives départementales d’Ille et Vilaine, 35

Fonds des Grands Carmes. 9 H 1 - 47. 35

Bibliographie. 36

Table des matières. 37


 

[1] La Bretagne en 1665 d’après le rapport de Colbert de Croissy, p. 75.

[1] 1243 – 1254.

[2] Armorial général de 1698.

[3] Evêque de Dol (1391-1405). "De gueules à la croix cantonnée de quatre têtes de lion, le tout d'or". Ancien Grand Chantre de Nantes. Archidiacre du Poher. Trésorier du Duc. Ambassadeur en Angleterre du duc Jean IV, il fut nommé à l'évêché de Dol le 17 février 1391 et fit sa soumission à la Chambre apostolique le 18 avril. Aux Etats de Bretagne de 1398, il réclama la première place comme privilège des évêques de Dol.  Responsable de l'introduction des Carmes. En 1401, il commença la fondation du couvent des Carmes. Meurt le 25 mai 1405.

[4] Selon l’histoire des Carmes en Bretagne, le couvent fut fondé en 1401, à la requête de l’évêque de Dol, Richard de Lesmenez qui avait fait valoir auprès de Benoît XIII, d’une part que la région lui était fidèle (cela pour s’attirer ses faveurs), et d’autre part que les mendiants n’étaient pas encore implantés dans son évêché. Il céda aux religieux une « place vague nommée l’aire Béart, joignant la porte Béart maintenant appelée la porte d’en haut » ;  ainsi que quelques maisons et censives situées dans son fief. HM, p. 62.

[5] L'Aire Béart est l'actuelle rue des Carmes (aéra béarti ou beardi).

[6] Cette rue aujourd'hui disparue, longeait les remparts depuis la rue Ceinte à l'actuelle place de Chateaubriand.

[7] Porte Saint-Michel ou d’En Haut.

[8] Si l’on peut admettre que l’évêque de Dol donna aux religieux le « fond primitif », il faut également mettre en relief l’intervention du seigneur de Montauban et de Landal « constructeur et datateur » du couvent. Un document de la fin du XVe siècle nous dit d’ailleurs que le couvent a été fondé par « feu noble et puissant messire Guillaume de Montauban ».

[9] 22 février 1401.

[10] C’est Jean V qui aurait posé la première si l’on en croit une notice rimée extraite d’un ancien missel. Cette version ne peut être admise dans son intégralité. Quand à la date tout d’abord ; c’est seulement en 1403 que Benoît XIII accorda l’autorisation de fonder le couvent. HM, p. 62.

[11] Chevalier, seigneur de Romilly. Chancelier de la reine Isabeau, veuf de Marguerite de Lohéac, épouse en 1414 Bonne de Visconti, fille de Carlo Visconti, seigneur de Parme et de Crémone, et de Béatrix d'Armagnac. L'un des Trente. Fondateur du monastère des Carmes de Dol. Inhumé aux carmes de Dol. De gueules à sept mascles d'or, 3, 3, 1 ; au lambel de quatre pendants d'argent. Son nom reste attaché à la construction du château de Montauban de Bretagne.

[12] Quand à la participation du duc, elle est vraisemblable au vu des liens unissant les Montfort et les Carmes, mais point prouvée. HM, p. 62

[13] Dom Morice, Preuves de l’Histoire de Bretagne, III, 842.

[14] Alors enfant.

[15] En 1403.

[16] Le soutien de l’évêque n’évita pas aux Carmes d’entrer en conflit avec les chanoines et les recteurs de Notre-Dame de Dol, qui leur intentèrent un procès en cour Pontificale, afin d’obtenir la démolition de couvent que l’on avait commencé d’édifier.

[17] BMSAIV, 1896, pp. 194-196.

[18] Etienne Coeuret, ou Cueuret, Ceuvret - Evêque de Dol (1405-1429). "D'argent à trois coeurs de gueules, posés 2 et 1 ". Originaire de Fougères. Ancien Archidiacre de Nantes. Official à Paris. Chancelier du duc. Chancelier de Bretagne. Docteur en droit et secrétaire du duc Jean V. D'abord évêque de Saint-Brieuc, il est nommé à Dol le 6 novembre 1405 par Benoît XIII. Participe à de nombreux conciles et ambassades. On porte à l'actif de ce prélat une oeuvre importante de restauration dans plusieurs parties de la cathédrale, au grand porche et surtout au petit porche qui a conservé le nom de "petit porche Coeuret". Poursuit la fondation du couvent des Carmes et restaure le château qui tombait en ruine. Meurt le 6 décembre 1429 et est enterré dans la cathédrale. Son tombeau disparut en 1742.

[19] Albert le Grand, catalogue des Evêques de Dol, p. 200, les séculiers tirèrent argument du fait qu’en donnant commission à Robert de la Motte, évêque de Saint-Malo, d’accepter cette fondation, le pape avait demandé qu’il consultât le chapitre et les recteurs de Dol. Cette clause n’ayant pas été respectée, ceux-ci ;  qui « pretendoient interest » a la nouvelle fondation intentèrent une action. C’est la raison de la lente édification du couvent.

[20] Le pape d’avignon.

[21] BMSAIV, 1896, p. 196-197.

[22] Boisseaux ?

[23] Alors l’écu ne valait pas vingt sous (note du rédacteur).

[24] B.N. Man. Fr. n° 8269, f° 70, 18 avril 1460.

[25] Par les remparts.

[26] Jean de Montauban, seigneur de Landal, Maréchal de Bretagne, mort en mai 1466, voulut être enterré dans la chapelle des Carmes de Dol. Ce Jean était le fils de Guillaume de Montauban, l’un des Trente, et, fondateur du monastère.

[27] Le couvent de Dol, dont la première pierre fut posée en 1403 est encore en cours de réalisation en 1456 : le descendant des fondateurs s’engage à verser cent livres pendant vingt ans pour mener les travaux à bonne fin. Plusieurs années après, les religieux n’ont encore rien touche de cet argent, qui leur est nécessaire pour « parfaire et accomplir leur esglise ». B. N. ms Fr. folio 70, 18 avril 1466 : Testament de Jean de Montauban, amiral de France. Ibid, 22340, fo 257. HM op. cit., p. 281.

[28] Dom Morice, Preuves de l’Histoire de Bretagne, I. 842.

[29] Appelée Porte d’En-Haut.

[30] Nous ne connaissons pas cette église. Les églises de carmes sont généralement de dimensions modestes, parfois allongées, toujours étroites et de faible hauteur, le plan toujours d’une grande simplicité. Généralement l’église mendiante est une vaste salle rectangulaire à une ou deux nefs terminées par un chevet plat ne comportant pour tout ornement une verrière. La nef unique est la formule la plus courante. HM, pp. 288-291. A l’extérieur, les églises conventuelles se signalent par la simplicité de leurs silhouettes.

[31] Ainsi appelaient ils la sacristie.

[32] Histoire manuscrite de la fondation des couvents des Carmes en Bretagne.

[33] BMSAIV, 1896, pp. 194-196.

[34] Eubel K., Die Avignonesische Obedienz der mendicantem-Ordern, Paderborn, 1900.

[35] Ploërmel, etc …

[36] 1585.

[37] Evêque de Dol (1558-1591). "D'argent au lion coupé de gueules et de sînople, armé, langue et couronné d'or". Fils de Guy d'Espinay et de Louise de Goulaine. Poète et théologien. Auteur des "Sonnets Amoureux" avant son épiscopat alors qu'il fréquentait les littérateurs parisiens. Se fit remarquer par son érudition au concile de Trente.Chanoine et Chantre de Saint-Pierre de Rennes. Prieur de Gahard et de Bécherel. Abbé de Gildas des Bois. Evêque de Dol pendant les guerres de religion. Abbé du Tronchet (1586-1591). Obtint l'abbaye du Tronchet, après la mort du sieur de La Masse, et la posséda jusqu'à son décés. Pourvu de l'évêché de Dol le 29 mai 1560, il ne fut consacré que le 16 septembre 1565. Il tarda à se consacrer à ses devoirs épiscopaux mais restaura le château des Ormes, maison de campagne des évêques de Dol. Il n'hésita pas à user du titre d'"archevêque de Dol" et, vieillard, à soutenir l'épée défaillante d'Antoine d'Espinay, son frère gouverneur de Dol. Il décéda le 12 septembre 1591 (ou 1594) et fut inhumé dans son église cathédrale. Son "riche et honorable tombeau" disparut aussi en 1742.

[38] Dame de Landal, comtesse de Maure, Mortemar et Torigné.

[39] Sans doute le carême 1591.

[40] 11 Septembre 1591.

[41] Hélène Bruslon de La Musse épouse de Pierre Du Boisbaudry, seigneur de Trans et fille de Pierre Bruslon de la Musse, seigneur de la Musse, président à mortier au Parlement de Bretagne, Chevalier des ordres du Roi et introducteur des ambassadeurs.

[42] Après la mort tragique du roi Henri III.

[43] Durant la ligue, la défense s’organisait à Dol. Chaque chanoine payait un écu pour le rafraîchissement des murailles. Le chapitre achetait la poudre et les canons. Sur proposition d’un ingénieur nommé saint Marc, on songea même à transformer en citadelle le couvent des Carmes qui s’appuyait aux remparts, du côté de l’Est. Les moines devaient se retirer au Mont-Dol, ou ailleurs ! Puis, ce projet fut abandonné. (Duine, p. 43.)

[44] Frère aîné de Montgommery.

[45] Devant le couvent, le lendemain des Roys de l’an 1591.

[46] La tour des Carmes.

[47] Evêque de Dol (1603-1629). "D'argent à trois trèfles de sinople". Promu à l'évêché de Dol le 5 novembre 1603, il est sacré à Paris le 4 janvier 1604 dans l'église de Saint-Martin des Champs, par Paul Hurault, archevêque d'Aix, il prend possession le 20 février suivant. Il fonde un monastère de Visitandines à Dol, en 1627. Cet évêque se distingua en organisant la défense de la ville contre plusieurs menaces. Il résida dans son diocèse et convoqua de nombreux synodes. Mort le 6 août 1629 en son manoir des Ormes suite à une forte fièvre contractée lors d'une procession à Sainte-Anne sur les digues de mer. Il est inhumé dans la chapelle absidale de la cathédrale, dans le même caveau que Mathurin de Plédran. Il avait été enterré le 9 suivant dans la chapelle de Saint-Samson où ses neveux avaient fait placer sur la muraille une grande lame de cuivre sur laquelle étaient deux inscriptions. Il est inhumé dans un cercueil de plomb, et les funérailles furent présidées par l'archidiacre Jean Placier. Il était l'ami de Saint-François de Sales.

[48] Bremond, op. cit. pp. 371-372.

[49] Jean de Saint-Samson était aveugle.

[50] Duine, p. 61.

[51] Faubourg de la Chaussée, 1626.

[52] « Ce qui est cause que les religieux se portent aussy bien qu’en auchun autre couvent de la province, qui auparavant y estoient fort valétudinaires ». Manuscrit du moine.

[53] (1629-1644). "D'azur au chevron d'argent, chargé de sept merlettes de sable et accompagné de trois fleurs de lys d'or, formées d'épis de blé de même, liées de deux cordons d'argent ; 2 en chef, 1 en pointe".

Hector D’Ouvrier appartenait par sa naissance à une famille honorable de Toulouse, et qui occupait dans la magistrature des postes élevés. Il était docteur en droit civil et canonique, abbé de Saint-Menge-de-Châlons et aumônier de la reine Marie de Médicis, lorsqu'il fut nommé à l'évêché de Dol le 1er septembre 1629, et sacré à Paris le 2 août 1630, par Jean-François de Gondi, archevêque de cette ville, assisté des évêques de Die et de Luçon. Il devint conseiller d'État et gouverneur de la ville et du château de Dol au mois de septembre suivant. Il assista à l'assemblée du clergé qui se tint en 1643. Ayant consenti à permuter son évêché avec celui de Nîmes, occupé par Antoine Cohon, le roi le transféra à Nîmes le 19 février 1644, et il y fit son entrée le 14 février 1646. Son église cathédrale avait été détruite par les protestants, et en partie reconstruite par son prédécesseur; il la bénit un mois après son arrivée. Les protestants qui étaient dans, sa ville épiscopale, et qui étaient très remuants, lui donnèrent souvent du souci, et allèrent l'attaquer un jour dans son palais. Il jeta un interdit sur la ville, et se retira à Beaucaire ; mais bientôt après, ayant reçu les soumissions des magistrats, il leva cet interdit et rentra dans sa ville. On l'avait soupçonné d'abord de favoriser le jansénisme, et il avait peut-être fourni un peu matière à ce soupçon ; mais, à ses derniers moments, il déclara qu'il se soumettait sans aucune restriction aux décisions de l'Eglise. Ce fut dans ces sentiments qu'il mourut, le 20 juin 1655, après avoir mis la dernière main à son église cathédrale.

[54] Juhel de la Plesse, chronologie ms. des Evêques de Dol.

[55] Juhel de la Plesse, chronologie ms. des Evêques de Dol.

[56] Duine, p. 294.

[57] Juhel de la Plesse, chronologie ms. des Evêques de Dol. La tenue d’un chapitre représentait une lourde charge pour la communauté chargée de recevoir des représentants de l’ensemble de l’ordre, elle ne pouvait supporter la dépense sans l’aide des fidèles, aussi à ces occasions, il était organisé des collectes extraordinaires, HM, p. 214.

[58] Sur Gilles Cronays, mort en 1601, à Dol, sa ville natale; sur Gabriel Bohier (surnommé Raphaël de Saint Mathieu, né à Saint-PoI-de-Léon) mort à Rome, en 1629; sur le Dolois Sébastien des Anges, mort à Paris, en 1661; sur le Dolois Gilles Le Roy (surnommé Albert .de Saint Gilles) mort à Sainte-Anne-d'Auray, en 1670; voir Bibliotheca carmelitana, par Cosme de Saint Etienne de Villiers, Orléans, 1752, t. I, col. 16  et 17: t. Il, col. 669-610, T13, 1031; exemplaire à la Bibl. Municipale de Rennes. Duine p. 118, note 56.

[59] L'opuscule de Raphaël de Saint Mathieu est intitulé : Apologia et deffensio pro Carmelitis qui habitum induerunt fusci coloris in conventu Dolensi 1628. La dédicace est adressée au procureur général des Carmes; elle est datée, à la fin, sous celte forme : In conventu Dol. Carm. observ. 1625. 10 feb. La brochure comprend 120 feuillets, foliotés au R° et au V°, écrits très lisiblement. Les feuillets mesurent environ 13 centimètres en hauteur et 9 centimètres en largeur. Dans les dernières lignes, l'auteur dit que ces pages sont destinées à son monastère et non à l'imprimerie (ADIV). Duine, p. 118, note 57.

[60] Duine, p. 81.

[61] Duine, p. 85.

[62] Secrétaire de l'évêque en 1639. Chanoine de la cathédrale de Dol (1641 - 1680). Etait doyen des chanoines lorsqu'il mourut le 30 mai 1683. (Crucifix), Testament: Archives du Parlement de Bretagne, Chapitre de Dol, Procédures, G 66.32

[63] Duine, p. 115.

[64] Duine, p. 98-99.

[65] Les enterrements, les obits et les messes étaient une source de revenus pour les carmes.

[66] Officier Garde Côtes : Lors de la création de la garde côte qui eut lieu en Bretagne en 1674, il fut suivant les ordres du roi nommé par la noblesse et le clergé et les principaux habitants, capitaine pour commander les hommes de Carfantin propres au service du roi. Il se retrouva en 1686 au bombardement de Saint Malo, il vit cette machine infernale que les anglais lancèrent sur cette ville qui pour s'être trop approchée de la ville n'eut d'autre effet par sa grande explosion que de briser toutes les vitres et de se faire entendre à une distance considérable; l'ingénieur de cette machine qui s'était trop précipité, fut trouvé mort de l'autre côté de la ville.

Historique, fait en 1808 par Pierre- Charles Lepoitevin de La Crochardière :

" Thibaut Lepoitevin mourut à La Crochardière. Il fut enterré dans l'Église des Carmes de Dol, le 28 mars 1701, dans le même enfeu ou son père et sa mère avaient été inhumés je rapporterai à ce sujet un évènement qui n 'est pas sans intérêt et qui est encore à la connaissance du pays: Thibaut Lepoitevin mourut presque subitement; un nombreux convoi suivait les restes mais pour se rendre de La Crochardière aux Carmes de Dol, l'on ne pouvait s'exempter de passer sur le territoire des eudistes séminaristes qui desservaient la paroisse de l'Abbaye. Ces prêtres prétendirent rendre à la mémoire de M. Desverdieres, les honneurs qu’ils croyaient lui devoir; tous ces prêtres se rendirent avec la croix à un pont qui servait de limite à leur territoire: ils veulent que le convoi s'arrête là pour y chanter un libéra. Le convoi veut au contraire continuer sa marche; les prêtres insistent. Rumeur de la part du convoi. Constance des prêtres pour leur volonté. Les Épées se dégainent Les prêtres tiennent bon et l'église triomphante, chante son libéra. Ce pont qui a été détruit il y a trente ans se nomma depuis: Le pont LIBÉRA. On y voit aujourd'hui une maison, mais ce n’est pas de cela, lecteur dont je veux aujourd'hui vous entretenir mais plutôt de ce qui se passa la nuit du jour ou Thibaut Lepoitevin fut inhumé. Un carme qui était dans l'usage de passer une grande partie des nuits dans l'église, entendant du bruit dans le lieu ou Thibaut avait été déposé, courut en avertir le Prieur; de suite toute la communauté fut sur le pied. On se précipita par trop et l'air qui lui était si utile devenant trop abondant (faute de précaution, il s'était dévoré un bras). L'air le suffoqua et il rendit le dernier soupir Après un tel exemple, il n’est permis de dire que la loi qui ordonne de n’enterrer qu'après deux heures, n’est pas suffisant surtout pour les morts subites. " Archives départementales d'Ille et Vilaine, dossiers familles: Lepoitevin; document déposé aux archives par François Duine.
Le Pont des libéras, où se passa la scène entre les hobereaux et le clergé, faisait partie du Crucifix, à en juger par les registres de cette paroisse. Son nom venait sans doute de ce qu'il servait de limite à la paroisse de l'Abbaye, et de ce que le clergé de celle-ci y recevait les cortèges funèbres ou les y quittait. Le Poitevin, consignant le souvenir d'un fait lointain, transforme sa narration en histoire étymologique de ce lieu (appelé, selon lui, pont dit libéra). Duine, p. 167, note (a).

[67] Duine, p. 123.et note 11 p. 167.

[68] C'est dans les combles du manoir de la Crochardiere, près Dol, que j'ai trouvé le manuscrit auquel j'emprunte cette histoire. Il est déposé aux archives départementales de Rennes. L'auteur se nommait Pierre-Charles Lepoitevin de la Crochardière. Homme sincère et sans ambition, il mourut à 76 ans, le 25 septembre 1883. Il ne faut pas confondre cet acteur de la Révolution avec Thibault-Augustin Lepoitevin de Chanel, avocat, né à Rennes, qui s'éteignit à 79 ans, en sa demeure, à Dol, grande rue, le 8 avril 1825. Dans le même temps, nos compatriotes connurent François-Joseph Lepoitevin de la Noë, mort dans sa maison, grande rue, le 18 février 1814, à 60 ans ; etc. Duine, p. 167, note (b).

[69] Duine, p. 167 et note (a).

[70] Duine, p. 183, note 56 et Paris-Jallobert, p. 123.

[71] HM op. cit. p. 158, ADLA, B. 15, folio 49.

[72] HM op. cit. p. 215, ADLA, B. 20, folio 48, Bulles de Sixte Quint en certaines fêtes, en faveur de certains couvents.

[73] HM, op. cit. p. 216-17.

[74] HM, op. cit. p. 226.

[75] Remises à la municipalité, elles furent probablement détruites lors des évènements de novembre1793.

[76] SMB, p. 34.

[77] SMB, p. 137, note3.

[78] SMB, p. 396.

[79] J'ai trouvé le revenu des stations de carême dans un  cahier de sept pages, qui peint bien l'intérieur tort triste et la pauvreté très dure du couvent des Carmes de Dol. Nous ne pouvons dater exactement cette pièce. Mais deux moines qui y figurent étaient dans cette maison en 1643 (Archives départementales de Rennes, Sur la couverture, on a marqué : Couvent de. Dol et des Isles).Dans son Rapport sur les archives (Rennes, 1908, p. 5), M. LESORT indique, parmi les pièces qui sont entrées depuis peu dans son dépôt, une liasse intitulée : fiefs possédés dans la seigneurie par les Carmes de Dol (années 1628-1733). La liasse 9H4 contient un mandement de Mgr d'Ouvrier, en date de 1639, dans  lequel l'évêque recommande au clergé de son diocèse les Carmes de Dol, dont le monastère tombe en ruines. Duine, p. 82.

[80] ADIV, 9H67.

[81] Il sait jouer de 14 instruments.

[82] Carmes déchaussés, appelés ainsi parce qu’ils portaient des sandales très ouvertes dans lesquelles ils allaient pieds nus.

[83] Les « images des saints » sont devenues, depuis le XIV e siècle, l’un des ornements des églises mendiantes, qui ont entrepris de voiler leur nudité primitive. HM, p. 295.

[84] Décédé à Dol, rue de la Constitution, ci devant rue Ceinte, le 28 avril 1793

[85] Delarue, vol. 2, pp. 19 et 21.

[86] Delarue, vol. 2, p. 22.

[87] Delarue, vol. 2, p. 84.

[88] Delarue, vol. 2, p. 22

[89] Delarue, vol. 2, p. 36.

[90] Mlle Boucheraux, bibliothécaire à la Bibliothèque Nationale, dans une conférence sur le Grand Mouvement de la Réforme des Carmes en France, dans la première moitié du XVIIe siècle, raconte la vie et les miracles de Jean de Saint Samson, aveugle comme jadis Saint Hervé, dont la curieuse et Sainte figure demeure attachée aux Couvents des Carmes de Rennes et de Dol. Bouchereaux Suzanne Marie, La réforme des Carmes en France et Jean de Saint Samson, librairie Philosophique J.Vrin, Paris, 1950.

[91] Sernin, op. cit. pp. 6,13,19

[92] Bremond, op. cit. p. 369.

[93] Il s’agissait d’une fièvre intermittente.

[94] Sernin, op. cit., p. 263

[95] Bremond, op. cit. p. 376.

[96] Evêque de Dol (1648-1659). "D'azur au chevron d'or, accompagné de trois trèfles de même".

Etait évêque de Léon, mais abandonna ce siège précipitamment devant le retour de son prédécesseur. Il est transféré par le roi au siège de Dol en 1648. On retiendra de ce prélat les nombreux litiges qu'il eut avec le chapitre de Dol. Au reste, pendant les années qu'il passa à Dol, ce fut là sa principale occupation. Il décéda à Rennes le 21 septembre 1659.

Parisien, mais d'une famille originaire d'Anjou, était cousin du célèbre Nicolas Fouquet, vicomte de Vaux et de Melun, surintendant des finances en 1660.

Doyen de l'église collégiale de Notre-Dame du Folgoët. (1629-1650). Nommé doyen en 1629 ; on ne lui connaît d'autre défaut que de n'être pas né breton, mail il aimait la Bretagne comme sa patrie ; le 11 juillet 1629, il fournit aveu au Roi de sa collégiale, y prenait les titres de "prêtre grand archidiacre, chanoine official et vicaire général de Cornouaille, Prieur commendataire de Locrist, doyen et gouverneur du Folgoët ; en 1625, fut  reçu avocat et substitut de procureur général du Parlement de Rennes ; quitta le doyenné du Folgoët en 1650.

Grand Archidiacre, Official et Vicaire Général de Quimper.

Evêque de Léon, Louis XIII, sur la recommandation du cardinal duc de Richelieu, le nomma en 1637 à l'église de Léon, vacante. Il en fut confirmé évêque par bulles du Pape Urbain VIII en 1639 et sacré le 25 mars 1640 à Paris, dans l'église de l'abbaye Saint-Germain des Prés, par Victor Bouthillier, archevêque de Tours, son métropolitain, assisté des évêques de Nantes et de Saintes. Ensuite, après avoir prêté à Paris le serment accoutumé, il fut reçu à Léon, et prit possession solennelle de cette église le 25 avril suivant.

En opposition avec René de Rieux, Anne d'Autriche, reine régente, désirant apaiser ce différend, nomma Robert Cupif à l'église de Dol par brevet du 24 novembre 1648.

Evêque de Dol. Il fut transféré à Dol par brevet du 24 novembre 1648, par suite de la permutation qu'il fit avec Antoine de Cohon de ses bénéfices contre cet évêché. Ayant obtenu ses bulles au mois de novembre 1652, il prit possession le 16 févier 1653. Il n'occupa pas longtemps son nouveau siège, car son décès arriva en 1659.

Mourut à Rennes, en plaidant contre son chapitre, le 24 novembre 1659 (Duine). Le président de Chalain lui fit faire de solennelles obsèques aux Carmes, où il fut enterré. L'héritage du prélat comprenait une magnifique bibliothèque.

[97] Manuscrit fondation des Carmes, publié par L. de Villiers, BMSAIV, 1896, pp.204-207.

[98] Bachelier en théologie. Théologal de Dol, reçu le 16 février 1601, député aux Etats de Ploërmel et de Rennes. Fabriqueur de la fabrique du Chapitre en 1607. Grand official du chapitre de Dol. Cité comme Vicaire Général en 1609.  + le 22 mars 1610.

[99] Duine, p. 161.

[100] Duine, p. 164 et note p. 201.

[101] Delarue, vol. 2, p. 28.

[102] Delarue, vol. 2, pp. 112-113.

[103] Delarue, vol .2, p. 126.

[104] Delarue, vol. 2, pp. 124-125.

[105] Delarue, vol. 2, p. 144.

[106] Delarue, vol. 2, p. 226.

[107] Delarue, vol. 2, p. 279.

[108] Delarue, vol. 2, p. 194, 8 septembre 1794.

[109] Fille de Alain Julien Rever, avocat au Parlement de Bretagne et de Anne Scholastique Blanchard.

[110] Registre de Fabrique de la cathédrale de Dol pp. 3-4.

[111] Delarue, vol. 2, p. 72.   18 février. — Sur quoi délibérant, le conseil …...Considérant qu'un sermon le dimanche et un autre le mercredi de chaque semaine suffisent, attendu que l'expérience a prouvé que la multiplicité des sermons pendant le carême ralentissait la ferveur des fidèles et qu'à peine il se trouvait vingt personnes aux sermons de dessus la semaine les carêmes précédents, a nommé le sieur Berthe curé des Carmes de Dol, auquel il sera payé par le trésorier de la municipalité, sur les fonds provenant de la boucherie de caresme, la somme de 60 livres pour les quinze sermons qu'il dira les mercredis et dimanches pendant le carême prochain à condition que le sieur Berthe, avant de faire son premier sermon, prêtera le serment décrété par l'Assemblée nationale. Je déclare accepter ce que dessus aux conditions qui y sont prescrites à Dol ce 19 février 1791. F. Berthe, prieur des Carmes.

[112] Né à Mayenne (diocèse du Mans) le 6 février 1726, tonsure en 1740, prêtre en 1751, licencié en théologie, docteur in utroque, vicaire général de La Muzanchère à Nantes le 8 août 1754, nommé évêque de Dol le 9 avril 1767, sacré le 5 juillet suivant, retiré dans le séminaire de Dol en 1790, y ordonna quatre prêtres le 19 mars 1791, quitta Dol le 1er avril, se retira à Mayenne et passa à Jersey en octobre 1792. A la suite de l'expédition de Quiberon, il fut fusillé à Vannes le 30 juillet 1795, à côté de son frère François, qui avait été son vicaire général pendant tout son épiscopat. Pasteur fort zélé, mais de caractère intransigeant, parfois intolérant.

[113] D’après notes manuscrites de François Peigné, années soixante.

[114] Aujourd’hui rue des Carmes, elle s’était aussi appelée rue de La liberté.

[115] Sur un autre acte, on peut lire, portant 20 pieds.

[116] Celle-ci servit longtemps de boite à savon à un voisin.

[117] Ce garage et ces vestiges aujourd’hui disparus – 2006.

[118] HM, p.230-231.

[119] Livre rentier fait aux pères Carmes de Dol, fait en l’année 1745 par le père Siméon de Saint Pierre (1745 – an XI). ADIV, 9H1.

[120] Livre rentier fait aux pères Carmes de Dol, fait en l’année 1745 par le père Siméon de Saint Pierre (1745 – an XI). ADIV, 9H1.

communication Michel Pelé 

mise à jour : 21/05/2011