L'Ordre Mendiant des Carmes tire son nom et
son origine du Mont Carmel en Palestine, au dessus d’Haïfa, autrefois
habité par les prophètes Elie et Elisée et leurs disciples, dont cet
Ordre prétend descendre. Au XIII è siècle, Albert, Patriarche de
Jérusalem, donna aux solitaires du Mont Carmel une règle qu'approuva le
Pape Innocent IV[1].
La vieille montagne du prophète Elie exerça toujours sur les Croisés un
attrait mystérieux. Ils visitaient avec piété, les solitaires vivant
dans des grottes. Saint Louis en 1254 revenant de la Croisade, décida
six Religieux à l'accompagner à Paris, et une tradition veut que Jean de
Bretagne, Comte de Richement et fils du duc Jean Ier,
en a également amené deux à Ploërmel en 1271.
D'ailleurs, les Carmes vont émigrer en Europe où ils devront se plier
aux obligations des Ordres Mendiants.
Si l'on étudie la situation des Ordres Religieux en Bretagne à partir du
XIV e siècle, nous voyons les Carmes à Nantes en 1318, dans une maison
que leur donna Thébaut de Rochefort, vicomte
de Donges, puis à Rennes, Saint-Pol-de-Léon, Vannes, Dol, Pont-1'Abbé,
Hennebont, Le Guildo, Quintin, Josselin, et
Sainte-Anne-d'Auray où un couvent de Carmes fut fondé au XVII siècle, à
l'occasion du célèbre pèlerinage qui commença à cette époque.
Sous le règne de Louis XIV, le nombre des Religieux Carmes était de plus
de 300 en France, mais à la Révolution Française, leur nombre y avait
beaucoup diminué.
L'armorial de 1698 leur donne comme blason : « De sable mantelé arrondi
d'argent, à trois étoiles, deux en chef et une en pointe de l'un en
l'autre.[2]
»
Armoiries des Carmes
Il existe aux archives départementales d’Ille et Vilaine, dans le
dossier des Grands Carmes, un curieux manuscrit faisant l’historique de
cet ordre en Bretagne. Composé au XVII e siècle par un
religieux qui a voulu garder l’anonymat, tout ce que l’on sait sur lui,
c’est qu’il était prieur à Dol en 1590. Il nous raconte les principaux
faits de l’époque en y joignant des détails très curieux d’histoire
locale.
Richard de Lesmenez, évêque de Dol[3]
voyant qu'il n'y avait aucun couvent de moines dans sa ville y appela
les Religieux Carmes en 1401[4].
Il supplia alors "Benoît prétendu treizième", de lui en accorder la
permission. C'est un souci pastoral qui paraît avoir guidé ce dernier :
il n'y avait alors aucun couvent de Mendiants dans son diocèse et pas
davantage dans celui de Saint-Malo. Sans doute, une telle fondation
était-elle appelée à combler, sur le plan pastoral, le vide existant
entre Dinan et la frontière normande. Pour des raisons
socio-économiques, beaucoup de ces couvents s'étaient établis aux portes
de nos villes, dans des faubourgs populaires, à la faveur de donations
diverses, souvent précaires... Le rocher de Saint-Malo ne disposait pas
alors d'assez de place pour les accueillir. Aussi n'est-il pas
surprenant que Mgr. de la Motte commis par le Pape pour vérifier si
certaines "conditions précautions et formalités" prévues avaient été
observées, s'y soit montré favorable et ait cru bon de passer outre à
diverses oppositions locales à Dol. Dans la bulle figurait cependant la
clause "vocatis
vocandis" stipulant que ceux qui y avaient intérêt seraient en
droit d'y mettre empêchement. .. "Nonobstant", l'évêque Richard se
décida à procéder à l'édification du dit couvent et commit la conduite
de l'œuvre à un habitant de Dol Guillaume Lemesle.
Richard leur donna la grande place d'Armes de l'Aire, joignant à la rue
de l'Aire Béart[5]
et de Malétroit[6]
et à la grande porte de la Ville[7]
avec quelques maisons et franchises qui appartenaient à son église que
les Religieux acceptèrent[8].
Le
jour de la fête de la chaire de Saint Pierre[9]
selon la supputation ancienne, le Duc Jean V[10],
assisté de ce prélat, de Guillaume de Montauban[11],
Seigneur dudit lieu et de Landal, du Sire de
Combour, de la noblesse, du clergé et du peuple, « y
assia la première pierre et fut ledit
monastère basty par l'Evesque,
aidé des libéralités de Guillaume, fils d'Olivier de Montauban, de
Mahaut d'Aubigné et de Marguerite de, Lohéac,
sa première femme »[12].
C'est ce que nous apprend la chronique rimée que voici, tirée d’un
ancien missel
L'an mil quatre cent et un an,
Le jour de la chaire de Saint Pierre,
Assist le noble duc Jehan
De céans la première pierre.
Richard, evesque de ce lieu,
Sires, Montauban et Combour,
En la révérence de Dieu,
Le fondèrent en grand labour.
Pour eux et touz autres
fondours,
De cest moustier
généralement,
Et pour tous autres bienfaitours
Est prié Dieu dévotement.[13]
La construction du couvent, décidée en 1401 avait subi entre temps bien
des vicissitudes.
La tradition qui veut que le duc Jean V[14]
en ait posé cette année-là la première pierre paraît fort contestable.
Les religieux n'étaient point, les seigneurs féodaux du terrain sur
lequel il devait être édifié.
Cette fondation ne se fit pas sans de grandes difficultés ; Le soutien
de l'évêque n'évita pas aux Carmes d'entrer peu après[15]
en conflit avec les chanoines de la métropole doloise et les deux
recteurs portionnaires de Notre-Dame de Dol
voisine, préposés à son service. Ces derniers, Pierre Leroy et Nicolas
Chrestien, n'ayant point été consultes par
l'évêque sur l'opportunité de l’établissement des Carmes, s'y
opposèrent, ils entendaient en effet que soit démoli l'édifice que les
religieux avaient commencé à faire édifier. Ils intentèrent devant les
juges contre le prieur, les religieux et Guillaume Le
Mesle, pour faire démolir tout ce qui était
bâti. Ils furent déboutés de leurs demandes et plaidèrent à Rome. Par
sentence rendue à Marseille en 1405, les religieux étaient condamnés par
le "pape de Rome" à démolir leur nouvelle construction faite dans le
fief du Chapitre et en la paroisse de Notre-Dame[16],
et vider les lieux, l'entrepreneur Guillaume Le
Mesle à "ruiner" ce qui avait été édifié et à s'acquitter des
frais et deniers du procès[17]...
Richard de Lesmenez mourut sur les
entrefaites, et son successeur, Etienne Cœuret[18],
ayant obtenu l'arbitrage de cette affaire, la termina vers 1407 à
l'avantage des Carmes, qu'il releva de la censure encourue par eux parce
qu'ils avaient refusé de détruire leur monastère à peine sorti de terre[19].
"Il est à présumer", note le rédacteur du manuscrit, "que le procureur
général de l'Ordre excepta de procéder, alléguant incompétence de juge".
Le Révérendissime Père Général et lui demeuraient alors à Rome "ou
estait le légitime pape Boniface, qu'ils
reconnaissaient et non Benoît[20]".
Cette décision doit en effet être replacée dans le contexte
particulièrement troublé de l'époque : deux papes s'affrontaient alors.
Un tel changement d'attitude s'explique, à n'en point douter, par les
derniers développements du Grand Schisme.
Benoît XIII, à Avignon, ne protesta pas. N'avait-il pas intérêt, de son
côté, à soutenir le clergé breton qui lui était resté fidèle, malgré la
soustraction officielle d'obédience entre 1398 et 1403 ? Il lui en
coûtait peu de laisser condamner des religieux aux sympathies romaines
affichées. Aussi la sentence fut-elle confirmée par une bulle de
novembre 1406.
Pour son exécution canonique in rem judicatam
furent commis l'abbé de Saint Saturnin de Toulouse, le doyen de
Saint-Malo et l'official d'Avranches "avec le pouvoir de déclarer les
prieurs et religieux et Guillaume Le Mesle
excommuniés", faute à eux d'obéir à la sentence de 1405. Les religieux
se nommaient frère Jean Roger premier prieur du couvent, Roland Barbé,
Jan Dadin, Jan Brossart, et frère Hervé. Les
taxes et les dépens s'élevaient à 42 florins d'or et huit grosse, somme
importante pour l'époque.
Aux lieu et place de Richard Lemesnez les
chanoines lui avaient désigné un successeur "Estienne". "Quelque uns,
note le rédacteur,"l'appellent Cœuret, les autres, avec plus de raison
Choeret, d'autant qu'il avait été enfant de
chœur à Saint Samson"... Alors qu'il n'avait pas encore été sacré évêque
officiellement en raison de la situation politique, Benoît XIII lui
envoya un bref apostolique "pour ce faire et garder les droits de
chascun". C'était le constituer arbitre de
la querelle qui opposait alors réguliers et séculiers. Les religieux
seraient admis à être relevés de leur excommunication et autres
sentences romaines s'ils demandaient humblement leur absolution.
Le nouveau prélat s'employa alors de son mieux à obtenir de son
vénérable chapitre qu'il "voulust souffrir
et s'assentit" à ce que les religieux et frères Carmes fissent en l'aire
Beart leur église maison et habitation, en
la ville de Dol. De son côté, Guillaume de Montauban s'engageait à
asseoir en assiette bonne et valable sur la terre de Landal, la somme de
60 sous rente pour satisfaire le chapitre, et éteindre la querelle[21] .
L'évêque de Dol obtenait également d'un bourgeois
Joannet Le Bordelays fils de Robin Le
Bordelays qu'il fit raison aux Carmes d'une
rente annuelle de 6 deniers et onze chabosseaux[22]
de froment" ... Cette rente serait gagée sur quatre
journeaux de terre en la paroisse du Mont-Dol au village de La
Bardoulière. Il s'agissait bien d'une
transaction à beaux deniers comptants. L’acte fut
signée le samedi après Pâques, 18 avril 1420, signé Roussel et Le
Bordais. La construction du couvent pouvait dès lors être envisagée.
"D'autres fondations, ne s'en est retrouvée aucune de la maison de
Landal, fors une rente de 12 francs assignée sue le lieu de l’Estanc
de l’Ouaie près le bourg de La Boussac"
payée annuellement par le receveur de Landal. Or sa générosité fut sans
doute bien plus importante. Le Père Du Paz
rapporte, nous est-il dit, "avoir vu le testament de Jean de Montauban,
fils de Guillaume, lequel ordonnait d'être enterré fort solennellement
au-dessous du grand autel des Carmes. Il serait célébré plus de mille
messes outre celle de l'enterrement, et pour le luminaire donna mille
livres de cire ; plus, vingt ans durant, et pour l'aumône, offert cent
écus[23],
destinés à permettre l'élévation du logis où est le réfectoire et les
dortoirs dessus".
Ce testament qui a été retrouvé[24]
témoigne du grand secours qu'à Dol, comme dans de nombreuses autres
villes, reçurent alors les Ordres Mendiants des mains de grands
seigneurs mais aussi de divers bourgeois plus ou moins fortunés de
l'époque.
Perturbée par ces longs procès, la construction à Dol du nouveau couvent
des Carmes fut lente. Elle était encore en cours 50 ans plus tard
(1456). Les fondateurs s'étaient engagés à verser pendant vingt ans une
rente annuelle pour "parfaire et accomplir" la fondation. Hélas ce
paiement souffrit de longs retards et les religieux demandaient en vain
à en être satisfaits. De dimensions modestes, l'immeuble en cours de
construction, enclavé sur l'arrière[25]
et sur les côtés, était déclos sur l'avant à l'Ouest du côté de la
chapelle Notre-Dame on y accédait par une
cour commune ouverte du côté du faubourg et le puits était accessible
aux habitants des environs.
Guillaume de Montauban décéda en 1432 et fut inhumé dans l'église des
Carmes, où reçut également la sépulture son fils, Jean de Montauban,
amiral de France, seigneur de Montauban et de Landal, mort en 1466[26].
Le testament de ce dernier prouve qu'à cette époque le couvent de
Notre-Dame des Carmes de Dol n'était pas
encore complètement édifié, puisqu'il légua « pour le parachèvement
d'icelui le nombre de cent liv. tournois par chacun an après son décès
jusques à vingt ans[27].»
La fille, unique de ce seigneur, Marie de Montauban, épousa Louis de
Rohan, seigneur de Guémené, mais omit
d'accomplir les dernières volontés de son père ; les Carmes le lui
rappelèrent dans une requête ou ils demandent les rentes qui leur sont
dues, « afin qu'ils puissent parfaire et accomplir leur église, » dont
ils reconnaissent que le sire de Rohan-Guemené
est fondateur à cause de sa femme[28]
"Le lieu ou est basty le couvent est une
place vague, nommée l'Aire Béart joignant la porte du même nom[29],
qui est vers l'Ouest et du costé Nord des
murailles de la ville", "au fief et domaine de l'évêque".
Le monastère des Carmes avait été construit sur un terrain vague appelé
l'Aire-Béart, à l'intérieur et à coté des
murs de ville et près la porte d'En-Haut. En
cet endroit se dressaient quelques maisons contiguës, qu'il fallait
ruiner, pour dégager un lieu assez ample. Parmi elles, s'en voyait une
"fort ruyneuse sur laquelle
estait deub à
escuyer Briand de
Lanvalay, sieur de Vaudoré, trois
sols de rente", bâtie près de la chapelle
Notre-Dame et dont l'intéressé se plaignait de n'avoir point
obtenu satisfaction. L'église conventuelle[30]
fut bâtie sur le terrain relevant de Briand de
Lanvallay, seigneur de Vaudoré. Aussi
le fils de ce dernier, Bertrand de Lanvallay,
demanda-t-il une indemnité au Chapitre provincial des Carmes tenu au
couvent de Dol en 1442 « pour avoir raison des "arrérages de son
deub »,. « II luy
fut accordé par les pères du Chapitre que luy
et ses successeurs seigneurs de Vaudoré se
feraient enterrer, si bon leur sembloit, en
la chapelle de près le revestuaire[31],
vers le soleil couchant, qui est de l'autre costé
du chœur et en mesme hauteur que la chapelle
de Nostre-Dame[32].
»
Si l'évêque était seigneur fondateur primitif des lieux, le seigneurs de
Montauban et Landal entendait être reconnu; les "constructeurs et
co-fondateurs dotateur" de la dite chapelle
ainsi que ses héritiers, « comme ils en baillent aveu et tenue au sieur
evesque[33] ».
C, la porte d’En Haut,
E, l’église Notre-Dame,
F, l’église des Carmes,
G, la chapelle des Bénédictines
X, la grande tour des carmes,
Y, petite tour des Carmes.
Quels étaient alors les effectifs de ce monastère ? Nous ne possédons
aucun élément chiffré mais il devait être modeste. La licence de
fondation relevée par Eubel[34],
corroborée par un procès-verbal d'élection du chapitre laisse présumer
que le nombre de religieux n'était pas supérieur à une douzaine,
inférieur de moitié à celui d'autres établissements plus anciens[35].
Il
est petit, incommode, avec son jardin en deux parties, l'une dominant
l'autre de toute la hauteur du mur qui les sépare et des escaliers
placés aux deux bouts ; en outre, il est fort pauvre. En mauvais état,
étayé de la cave au faîte, il a beaucoup souffert des guerres de
religion. La Ligue l'a trouvé ses toitures ruinées, ses murailles
ouvertes. Toute la ville, hommes et femmes, vient prendre l'eau au puits
du jardin, car les habitants, en guerre avec ceux de Pontorson, n'osent
sortir de crainte d'être pris.
"Au commencement de la guerre contre les Huguenots et depuis la Sainte
Union[36]
", nostre couvent de Dol
estait tellement abattu et indigent de
réparations, que tout portait sur estancons
depuis la cave jusque au haut du feste du
logis", l'église et les communs laissés à découvert. Le puits du jardin
commun "à toute la ville" était déserté "pour ce que hommes et femmes
n'osaient aller aux fontaines en dehors, de peur d'estre
prins par ceux de Pontorson"...
Plus de service divin, de religieux, il n'y en avait plus que trois,
l'un prêtre, l'autre diacre, le troisième non encore initié. Les
conditions matérielles dans lesquelles ils vivaient, assez misérables,
laissaient beaucoup à désirer. Ils n'assuraient plus le service divin à
Notre-Dame. Le couvent mal défendu était à la merci de toutes les
incursions et de tous les pillages. "A la persuasion d'un ingénieur
nommé Saint Marc", il avait même été question de faire une citadelle
dans le couvent même et d'expédier les religieux chez les bénédictins du
Prieuré sous Dol à l'autre extrémité de la ville ou à celui du petit
Mont qui sont de l’ordre de Saint Benoit.
Aussi pense-t-on un moment les envoyer dans un prieuré bénédictin et
faire du couvent une citadelle. Mais en 1590, le Provincial maître
Pierre Bertaud envoya pour prieur Pierre
Behourt qui n'avait pu demeurer à Loudun et
qui arriva « la vigillle de St
Helier ». On ne sait combien il trouva de
religieux, mais il employa tout son zèle à rétablir la régularité dans
le couvent. D'abord il obtint de l'évêque, Charles d'Epinay[37],
dont il était né vassal et voisin, au diocèse de Rennes, de fermer les
portes du couvent aux femmes et même aux hommes et qu'on ne vienne plus
sans grande nécessité puiser l'eau au puits du couvent. En même temps,
il multipliait ses exhortations ferventes aux religieux, les reprenait
dans leurs mœurs trop libres, tentait de les obliger à assister
régulièrement à l'office et toujours supportait avec patience leurs
écarts. Il n'obtint pas grand résultat, sinon qu'il rétablit le chant
des Matines à minuit, l'évêque le lui ayant permis, à condition qu'on ne
sonnât que la petite cloche, Le père Pierre aurait bien voulu aussi
réparer les bâtiments, mais il était sans ressources. Charles d'Epinay,
évêque et comte de Dol, était tout occupé à lutter contre
Montgommery qui tenait Pontorson.
Pourtant, dans cette cruelle situation, il recommanda le prieur des
Carmes à Françoise de Pompadour comtesse douairière de Maure[38],
en son château de la Rigaudière, "qui leur
bailla seix pieds de
chesnes den son bois de
Busot près de Landal et
100 escus en argent pour commencer les
réparations.
Pierre Behourt alla aussi prêcher à
Saint-Malo[39]
et en rapporta cinquante écus et beaucoup de linge car les habitants de
Saint-Malo sont « fort dévots à Ne De du carme de
Dol ». De Fougères il reçut aussi secours ; enfin, les habitants de Dol
eux-mêmes et surtout le chapitre, après la mort de l'évêque[40],
contribuèrent grandement à relever le couvent des Carmes. Et aussi
beaucoup de nobles s’étant réfugiés à Dol durant les troubles, entre
autres, Bonne Bruslon[41],
dame de Trans,qui commença au couvent de Dol la piété qu’elle à consommé
en celui de Rennes, en la chapelle de Ne De duquel
elle est enterrée. Ainsi les réparations purent bien commencer. Les
réparations furent faites ainsi que de belles fondations par les nobles
et habitants pendant les quatre années de priorat du père Pierre.
L'an 1590, au plus fort de cette guerre de la Ligue[42],
le père Maistre Béraud provincial dépêchait prieur en ce couvent Pierre
Béhourt, religieux du couvent de Rennes.
Arrivé la vigile de la Saint Hélier il fut
bien reçu par l'évêque Messire Charles d'Épinay... qui lui permit "qu'on
fermât les portes du couvent aux femmes et filles qui le fréquentaient
pour leurs besoins domestiques" et qu'on chantât matines à minuit,
pourvu qu'on ne "sonnât que la petite cloche des messes" pour ne pas
déranger trop souvent la population.
"Cette cloche fut deux fois la cause de la conservation de la ville"...
La ville de Dol tenait le parti de la Ligue[43]
pendant les guerres de Religion. Le 7 janvier 1591, le Huguenot Jacques
de Montgommery et son frère Gabriel de
Lorges[44]
venant de Pontorson, voulurent l'assiéger.
"Les protestants en armes effectuaient de fréquentes courses jusqu'aux
portes de la ville et le couvent demeurait exposé. Début janvier, le
corps du sieur De Lorge, frère de
Mongommery, trouvé mort sur la place[45]
fût apporté en ville et restitué finalement contre quelques prisonniers
que les huguenots avaient emmenés dans la place forte voisine de
Pontorson.
Le Comte de Montgommery qui s'était
aventuré, un soir, venu de Pontorson "avec grand nombre de gens de
guerre d'eschelles et de flambeaux" à la
maison de Larguay à un quart de lieue de Dol
"vint un jour avec un seul huissier parlementer avec le soldat
trahaitre", placé en sentinelle sur la
grosse tour[46]
joignant le jardin du couvent, "par ou il prétendait d'entrer pour se
fortifier".
Mais à leur arrivée sous les murs de la ville, la cloche du Couvent des
Carmes se mit à sonner pour l'office de nuit.
Le premier coup de cloches "qu'il pensait estre
le toxsin", l'épouvanta tellement qu'il le
mit en fuite. Les soldats ne rodèrent pas moins par les marais "toute la
nuit jusque au matin". Les assiégeants croyant qu'on sonnait le tocsin
pour un appel aux armes, rebroussèrent chemin et regagnèrent Pontorson.
Sanitat de Dol desservi par les
Carmes.
Au commencement du XVIIe siècle,
la peste désola la ville de Dol Pour soigner plus commodément les
pestiférés et pour mettre les gens bien portants à l'abri de la
contagion, on établit un Sanitat ou Lazaret
non loin de l'ancienne léproserie St-Lazare
dans le faubourg de la Chaussée. Le nom du lieu occupé par ce Lazaret,
appelé autrefois le Champ St-James, indique
que la chapelle des pestiférés était dédiée à St Jacques; elle fut
construite, en effet, sous ce vocable, par Mgr Antoine de
Revol évêque de Dol[47].
La peste se déclara dans la ville peu après l’arrivée de Jean de
Saint-Samson à Dol. Au moment où elle
sévissait le plus cruellement le Bienheureux Jean de Saint Samson, se
transporta au Sanitat et y donna des preuves
admirables de sa charité. « Il encourageait les malades avec tendresse,
les excitait à la confiance par de Saints discours ; il parlait surtout
aux agonisants avec tant de ferveur et de charité qu'ils rendaient le
dernier soupir au sein d'une paix confiante et douce. »
« Un religieux du monastère ne tarda pas à être atteint et mourut en
peu de jours. Les religieux commencèrent à trembler et lorsque le fléau
eut frappé encore un novice, neveu du supérieur, ils résolurent de
quitter la maison et de n'y laisser qu'un jeune religieux, nommé
Olivier, qui n'était pas encore prêtre, avec un domestique séculier...
Jean de Saint-Samson n'imita pas sa
communauté. Sa cécité même, qui semblait le rendre impropre au soin des
malades, ne lui parut pas être un motif suffisant pour s'éloigner ; il
voulut rester auprès du pestiféré... Un jour, il rencontre le malade
qui, dans un accès de délire, allait se précipiter par la fenêtre. Il
l'arrête, et ayant appelé ses deux compagnons, retirés par crainte du
fléau au fond du jardin, il le fait rapporter dans son lit. Assis à son
chevet, il priait Dieu de lui rendre l'usage de la raison et de lui
accorder la grâce d'une mort calme et consolée par les secours de la
religion. II eut le bonheur de voir sa prière exaucée : car, au même
moment, la raison revint au malade, et le supérieur étant venu savoir de
ses nouvelles, Jean prit aussitôt le pauvre pestiféré dans ses bras et
le lui apporta, afin qu'il entendit sa confession. Peu d'instants après,
le malade, rapporté dans son lit, passait à une meilleure vie.
Le Saint homme pria à côté du dangereux cadavre et aida à l'ensevelir.
Le religieux qui était resté dans le monastère avec lui, ayant à son
tour été atteint par la terrible maladie, fut servi avec la même
charité... Jean le soigna du mieux qu'il put...
et obtint de Dieu sa guérison. Il fut enfin frappé lui-même. Il y avait
près de la ville un lieu appelé Champ de Saint-James, où les personnes
frappées de la peste étaient envoyées... Conduit en ce lieu, Jean y
donna des preuves nouvelles de sa charité. Il encourageait les malades
avec tendresse, les excitant à la confiance par de Saints discours ; il
parlait surtout aux agonisants, avec tant de ferveur et de charité,
qu'ils rendaient le dernier soupir au sein d'une paix confiante et
douce. Le terrible fléau disparut enfin ; les religieux rentrèrent dans
leur monastère » et Jean avec eux[48].
Au reste, les historiens de ce bon Religieux assurent que Dieu lui
accorda la grâce de guérir les malades atteints de fièvres paludéennes,
alors fréquentes à Dol et dans les contrées environnantes.
Rentré dans son monastère, en 1607, après la cessation de la peste, il
récitait, sur les religieux malades de la fièvre, une oraison
particulière et ils étaient aussitôt délivrés de leur mal. Le bruit de
ces merveilleuses guérisons s'étant répandu dans la ville, toutes les
personnes atteintes de fièvre désiraient que le bon aveugle[49]
priât sur elles. « Les malades venaient tous les matins à l'église du
monastère et s'agenouillaient devant l'autel ; le Saint- Homme passait,
conduit par un religieux, récitait sur chacun d'eux l'oraison dont la
vertu était si efficace dans sa bouche, et l'on dit que souvent ils s'en
retournaient guéris. »
Nous rattachons ce souvenir des vertus du vénérable Jean de Saint Samson
au Sanitat de Dol, parce qu'il édifia
grandement cet asile de pestiférés et qu'il put
y soigner des fiévreux aussi bien que d'autres malades. Quant à ce
Lazaret lui-même, il n'en reste plus de trace. Il se trouvait là où fut
l'Ecole tenue par les Frères qui devint l'Ecole
Notre-Dame tenue par les Religieuses de
Créhen.
Au commencement du XVII e siècle, le Couvent des Carmes de
Dol, par suite du profond et naturel changement des temps, tomba dans un
certain relâchement, chacun ne pensait qu’à soi. « Toute piété
estait déchue, tant entre séculiers que
réguliers » Le désordre régnait à Dol comme dans les autres maisons de
la Province, et peut-être davantage que dans plusieurs.
Comme tant d'autres, à cette époque, le monastère devait ressembler à
ces cloîtres italiens d'aujourd'hui qu'une loi, peut-être encore plus
cruelle que miséricordieuse, n'a pas voulu fermer d'un seul coup et qui
traînent, dans une pauvreté sordide, leur agonie lamentable. Cinq ou six
vieillards, pareils à ceux que l'on rencontre dans nos hospices
d'incurables, ont la garde des longs couloirs sonores, des cellules
vides, de la chapelle désolée et des ronces du jardin.
Une première fois, en septembre 1613, Philippe Thibault avait été envoyé
par le Provincial, Pierre Chalumeau, pour réprimer ce désordre. Il eut
peu de succès.
Antoine de Revol, évêque de Dol, qui
connaissait depuis longtemps le chemin du couvent des Carmes, y venait
souvent avertir avec charité les religieux de se mieux comporter, mais
il « ne s'en retournait jamais qu'avec mécontentement ». Ayant reconnu
les mœurs et pratiques de ceux de l'Observance Rennes, il leur avait
demandé des religieux et n'avait pu les obtenir. Un incident malheureux
hâta la réalisation de son désir.
Au mois de juin 1617, un religieux du couvent pris de vin, tua par
malheur un homme dans le couvent[50].
Aussitôt, à Rennes, on sut la chose, les
juges d’église et séculiers en prirent connaissance et le firent
emprisonner dans la prison publique. Le père Philippe Thibault Prieur de
la réforme, homme de Sainte vie, Prieur au Couvent de Rennes, avec le
père Behourt, envoyés par le provincial
Pierre Maillard, arrivèrent à Dol le 27 juin
1617. La veuve du défunt se mit à crier après eux, demandant justice, ce
qu’elle fit encore le lendemain matin, les suivant par les rues de Dol
jusque dans l’évêché où elle redoubla ses clameurs. L’évêque leur fit de
grandes plaintes sur le funeste accident et sur la vie libertine et
déréglée des autres religieux. Il assura qu'il tirerait le criminel de
là prison publique et le sauverait de la mort, à condition qu'on établît
la Réforme dans le couvent. Et pour contre-balancer
la mauvaise réputation des Carmes de Dol, il voulut faire entendre au
peuple la parole des deux Carmes rennais : le père Thibault prêcha dans
la cathédrale le dimanche de la Sainte-Trinité,
le père Behourt, pendant l'octave du
Saint-Sacrement.
Laissant le père Behourt à Dol, le père
Thibault était parti à Rennes rendre compte au Provincial des événements
et des demandes de l'évêque. Il se heurta au mauvais vouloir du père
Maillard. Cependant il réussit à le ramener
avec lui à Dol où, ayant pris connaissance de l'affaire, il se fit
remettre le coupable et le condamna à la prison perpétuelle, aux jeûnes
et châtiments corporels.
Antoine de Revol, qui avait aidé à le
soustraire à la justice séculière, insista auprès du Provincial pour que
la Réforme fût introduite dans le couvent. Le père
Maillard du céder ; il renvoya les novices, dispersa les
religieux dans différentes maisons de la Province, envoya le Prieur à
Nantes, et le remplaça par le père Augustin du Saint-Sacrement. Alors,
on put faire venir des religieux de Rennes.
Parmi eux se trouvait Jean de Saint Samson qui y demeura un an.
Dès que l'accord fut conclu, l'évêque ouvrit sa bourse au couvent qui
était fort nécessiteux. Puis il écrivit au Général Sébastien
Fantone, lui demandant d'associer le couvent
de Dol à l'Observance. Le Général l'accorda volontiers et chargea le
père Thibault de veiller au bon ordre. En retour, Antoine de
Revol élargit le prisonnier et lui donna
pour prison son couvent.
Le Couvent, à partir de Juillet 1617, se releva plus florissant que
jamais. On s'occupa de réparer l'église et le logement des religieux qui
étaient en très mauvais état.
Le monastère était toujours fort exigu et d'accès incommode, "le jardin
divisé en deux, le bout d'en hault
eslevé de plus de seix
degrés que celuy d’embas
et séparé d’une muraille … et deux eschalliers
aux deux bouts pour y monter »". Il ne pouvait s'étendre, parce que "les
logis et jardins estaient à personnes qui ne
voulaient ny donner ny
vendre, quand bien même on leur en présentâoit
plus que la juste valeur, et le plus difficile à avoir et le plus
d’importance estoit
unne maison qui advançoit fort dans
la cour et jardins, qu’on jugeoit avoir
esté aultre fois
du couvent ". Finalement les héritiers d'un bourgeois nommé Jean
Guihart, consentirent à la vendre et l’un
d’eux consentit à échanger un petit logis joignant la muraille du
pressoir du couvent au faubourg de la Chaussée et à un autre on bailla
cinquante écus qui lui furent avancés par l'évêque. Les religieux firent
également l'acquisition "contre la rente" de plusieurs autres petits
terrains autour du couvent appartenant à MM. Guillaume
Ogier, Jean Ollivier
Masurays, Jullien
Tallevas.
Le tout fût enclos dans le "pourprins" comme l'exigeait la règle. Les
frais de l'opération furent amortis par les soins de Mgr. l'Évêque, ce
qui permit d'allonger un peu la muraille "qui touchait le pilier du bas
de l'église". Monsieur de la Ramelière,
frère de l’évêque et gouverneur de la ville, fit faire un parapet sur la
muraille « pour n’estre
veus des passants comme auparavant ». Mais comme il n’y avait ni
infirmerie ni chambre d'hôtes, en 1625, les vieux logis furent démolis
et furent « bastis deux beaux corps de logis
se joignant l’un et l’autre en forme de potence », l'un "de soixante
cinq pieds joignant le jardin, l'autre de quarante cinq pieds jouxte le
mur de dessus la rue[51]".
La
pierre à maçonner fut prise sur place dans le sous sol, ce qui obligea à
réaliser des arcades pour poser les fondations des bâtiments.
L’évêque, la dame comtesse de Maure ont contribué de notables sommes
d’argent à cette reconstruction, ainsi que les aumônes ordinaires et
extraordinaires reçues par les pères Carmes.
Les dortoirs furent refaits à neuf[52],
l'église reblanchie et "relambricée", sa
sacristie restaurée.
L’église est de moyenne grandeur mais son chœur est « fort grand », on y
installa 92 chaires. S'y voyaient désormais "un beau grand autel bien
estoffé" avec un "beau tabernacle doré". On
a fait aussi un chœur sur la sacristie et la chapelle qui la touche.
Appuyées
sur de solides fondations de pierre, les nouvelles constructions étaient
beaucoup plus salubres, et les religieux souffrirent moins du voisinage
des marais. Par la suite, on y établit un couvent d'études. Les évêques
qui succédèrent à Antoine de Revol, Hector
d'Ouvrier, Cohon, Cupif,
continuèrent leur protection au couvent.
Vers 1638, Hector d'Ouvrier, Evêque de Dol[53],
fit reconstruire le cloître de Notre-Dame du
Carme et plaça ses armoiries « d'azur chargé du chevron d'argent, sept
merlettes de sable, accompagnées de trois gerbes mêlées de même », au
milieu du cloître, du côté de la sacristie. Le bâtiment faisant face au
jardin est aussi de ce temps[54].
Le Couvent de Dol a passé depuis pour une des maisons les plus commode
et la mieux bâties de l'Ordre. Le noviciat s'y entraîna avec plus de
ferveur et de piété qu'en tout autre couvent, et les études de
Philosophie et de Théologie lui donnèrent un grand éclat depuis son
rétablissement[55].
Colbert de Croissy, dans son rapport, nous apprend qu’en 1665, le
couvent est « bien basty ,
où on tient ordinairement vingt cinq religieux, et ce monastère peut
avoir d’asseuré trois mille livres de
rentes ».
Le 21 octobre 1623, la comtesse de Maure, marquise de
Mortemart, dame de Landal, fut reçue
solennellement par les religieux.
Le 26 avril 1624, considérant la pauvreté des Carmes de Dol et les
réparations qu’ils veulent faire à leur couvent, le chapitre leur
accorde une aumône de 30 livres[56].
Le Chapitre général de l’Ordre du 28 mai 1626 fut tenu à Dol avec
beaucoup d’éclat, le père Thébaut y fut élu
Provincial[57].
Un certain nombre de Dolois entraient dans les ordres religieux. Parmi
les Carmes, outre le Dolois Gilles Cronays[58],
qui ravit ses frères par la splendeur de ses vertus et mourut en odeur
de Sainteté, ayant fait ainsi de sa vie un poème, nommons quelques
auteurs. Raphaël de Saint-Mathieu[59],
qui connaissait l'hébreu, le grec et le latin, et qui laissa dans sa
congrégation un magnifique souvenir, écrivit chez nous, en 1625, pour
célébrer la couleur brune de son habit, un badinage agréable de
lettré, d'érudit et de moine". Docteur de
l'Université de Paris, Albert de Saint-Gilles prononça une oraison
funèbre de Louis XIII, qui fut imprimée dans la capitale en 1643.
Quelque dix ans après, il fit paraître, en latin, son « Paul,
prédicateur de la résurrection des morts » ; cet in-quarto visait les
mécréants el les voulait contraindre à suivre le vrai chemin. Comme le
précédent, Sébastien des Anges était né à Dol. On loue son caractère
avenant. Il publia, dans la noble langue latine, des «Axiomes ou
Sentences spirituelles », qui montèrent, en 1653, à leur quatrième
édition[60].
Le 12 février 1649, ces messieurs du chapitre de Dol ordonnent une
procession générale pour le dimanche 21 février. Cette procession se
rendra dans l’église des pères Carmes de la ville. Le but est d’obtenir
du ciel la « concorde et tranquillité générale » en France[61].
Le 17 août 1676, Pierre de Courcol[62],
prêtre chanoine de la cathédrale, « détenu au lit de
griève maladie corporelle et néanmoins sain
de jugement », lègue 50 livres aux Carmes de Dol pour célébrer 100
messes basses[63].
Du 31 décembre 1676. Les Carmes envoient une requête « par laquelle ils
exposent que la liberté d'aller et de se promener sur les murailles de
la ville, du côté qui borne l'enclos de leur monastère, est également
préjudiciable aux suppliants et inutile au public, ne servant que
d'entretenir le honteux commerce et les sales pratiques de quelques
personnes débauchées, qui commettent mille abominations auprès des lieux
Saints, et à faciliter aux voleurs, et autres mal intentionnés, l'entrée
et la sortie de l'église, sacristie, maison et jardins des suppliants,
lesquels ont autrefois souffert par là plusieurs vexations, et fait des
pertes considérables, qu'ils ont encore sujet de craindre à l'avenir, si
on ne leur permet de faire clore et boucher le passage desdites
murailles : d'un bout, à l'endroit qui est entre la porte de la ville et
leur église, et de l'autre à l'endroit qui répond à l'extrémité de leurs
jardins. » La ville leur accorde l'autorisation de faire deux portes, à
leurs frais, à la condition que ces portes permettent aux canons et
autres engins d'y passer ; d'autre part, en cas de nécessité, la ville
restera libre de démolir ces portes, sans qu'elle soit tenue & dommages
intérêts. D'ailleurs, les Carmes pourront garder « les merrains de bois
et de pierre » provenant de cette démolition éventuelle[64].
Certaines familles de notables Dolois se faisaient inhumer aux Carmes[65],
ainsi en est-il de la famille Le Poitevin :
Après des funérailles à l’Abbaye sous Dol, le corps de Thibault Le
Poitevin[66]
fut déposé dans le caveau de famille, chez les Carmes. Or, un religieux,
qui avait coutume de passer une grande partie de ses nuits au pied des
autels, entendit du bruit dans la fosse. Il court avertir le Prieur.
Tout le monastère est en émoi, on ouvre le cercueil. Malheureusement,
l'air, qui eût été si utile à Thibault Le Poitevin, « le suffoqua » par
surabondance, « et lui fit rendre le dernier soupir. » Notre bourgeois «
s'était dans sa tombe dévoré un bras »[67].
Le récit de cet évènement a été composé dès le début du XIX e
siècle, sur des traditions orales, comme la façon de présenter les
choses le démontre[68].
Et l'enterrement qui est raconté n'est pas antérieur au commencement du
XVIIIe siècle, puisque les
Eudistes de Dol y paraissent.
Nous rencontrons un autre cas de léthargie, au XVI e siècle.
Un jeune homme de la Chaussée étant enseveli, le cortège funèbre passait
devant la chapelle des Carmes, lorsque le corps donna signe de vie. Et
le cercueil fut attaché en ex-voto chez les religieux. Nicolas
Dadier, Prieur de Dol (en 1599), et l'un des
beaux esprits de son temps, fit «brusler
ladite châsse, ne scaichant que
signifloit »[69].
Henri le Poitevin de la Crochardière qui
mourut le 2 juillet 1774 fut inhumé aux Carmes[70]
Très populaires les frères Prêcheurs étaient appelés à donner à
l’extérieur de nombreuses missions. Les temps forts de la prédication
sont l’Avent et plus encore le Carême
Si le chapitre de Dol était riche, il n'en allait pas de même des
Carmes, mais ces derniers disposaient d'autres ressources, un de leur
principal revenu venait des missions qu’ils prêchaient. La sollicitude
de nos ducs à leur égard ne s'est jamais démentie. Elle est attestée de
multiples façons, privilèges, franchises de taxes,
etc... Dans les querelles qui les opposaient souvent au clergé
séculier, ils interdisaient qu'on leur fasse procès spécialement au
sujet des enterrements (choix des enfeux
pour les laïcs, enterrement des enfants), bénéfices dont ils disposaient
souvent. Les ducs accordaient aussi aux Mendiants toute licence de
quêter lors de leurs déplacements, licence qui allait à l'encontre du
monopole épiscopal en la matière. Nous voyons ainsi les Carmes de Dol en
disposer au début du XVI e siècle, à l'initiative de la reine
Anne, pour un de leurs plus célèbres prédicateurs.
Les Carmes obtenaient aussi d'autres faveurs spéciales dont ils ne se
privaient pas. Ils reçoivent la permission de parcourir toute la
Bretagne quelques années après 1505[71].
En 1509–1511, les Carmes de Dol reçoivent l’autorisation « de publier en
leurs prédications les pardons et indulgences concédés par le pape et de
requérir et demander leurs aumosnes
charitables[72] ».
Le relevé de leur motivation et de leur provenance a été effectué avec
soin[73].
Il témoigne assez de l'importance des dons divers que les religieux
recevaient à l'occasion de ces missions fréquentes. Ces dons, ils les
affectaient pour partie au financement de leurs constructions (églises
couvents) pour partie, aussi, à leurs frais de chapitres et d'entretien.
Les communautés de villes rétribuaient volontiers les Carmes pour la
tenue de leurs sermons de Carême. A Nantes où les
miseurs rétribuent les prédicateurs, un carme de Dol reçoit dix
livres en 1529[74].
Touchant le revenu de leurs fondations, les Carmes de notre ville n'ont
laissé aucune archive[75].
Il est à présumer qu'il était assez modeste. Ces diverses ressources ne
commenceront à décliner qu'à partir de la seconde moitié du
XVIe siècle.
En 1591 Pierre Behourt prêche le carême à
Saint-Malo, en 1600, il prêche le carême à la cathédrale de Dol, et il
donne l’habit religieux à Mathieu Pinault au couvent des Carmes[76].
Des habitants de Saint-Malo, chez qui le père prieur s'était rendu à
maintes reprises prêcher, les Carmes obtinrent "50 écus d'argent et
beaucoup de linge", tant pour le service de l'église que pour leurs
dépenses personnelles. Les gens de Fougères contribuèrent aussi
beaucoup, ainsi que le chapitre et plusieurs nobles venus se réfugier
dans la ville pendant les hostilités de la Ligue, contraints qu'ils
étaient alors d'abandonner leurs manoirs souvent mal fortifiés.
Le père Louis de Cenis, qui fut trois fois provincial de la Province de
France, prédicateur renommé, prêche le carême de 1607 à Dol[77].
En 1617, le père Thibault prêche dans la cathédrale le dimanche de la
Sainte-Trinité, le père
Behourt, pendant l'octave du Saint-Sacrement[78].
L’éloquence religieuse était distribuée dans le diocèse par les Carmes
de la ville, ordinairement. Vers 1643, les stations de carême furent
payées ainsi qu'il suit : La paroisse de La Boussac donna 100 livres de
fil et 46 écus; celle de Meillac : 160
livres de fil et 21 écus ; celle de Sainl-Broladre
: 20 écus et du fil ; celle de La Fresnais :
67 livres en argent, sans fil ; celle de
Saint-Coulomb : 100 livres, sans fil59. Ces missions à travers
les campagnes exigeaient un long travail préparatoire et entraînaient
des fatigues considérables pour les prédicateurs, mais elles plaisaient
au peuple, et, au point de vue de l'unité nationale dans la foi et du
maintien de la morale publique, elles avaient une efficacité
merveilleuse. La somme qui restait au religieux, après ses dépenses
nécessaires, revenait au monastère de Dol, lequel portait péniblement le
poids d'une pauvreté démesurée[79].
Au XV e siècle, on ne possède aucune indication chiffrée sur
l’établissement de Dol, aussi on peut lui attribuer un effectif de 12
religieux.
En 1506, le Prieur est natif de Rennes, il y possède une maison dont il
gratifie le couvent de la ville le 24 juillet 1506[80].
Jean du Moulin fut baptisé à Sens le 30 décembre 1571. En 1575, il perd
la vue ; vers 1582 il devient orphelin, mais malgré tout il reçoit une
formation classique, et vers 1584, il est organiste à Sens. En 1600,
Jean s’installe à Paris chez son frère. C’est le début d’une période
d’indigence voulue par Jean. Autour de 1603, il s’installe près du
couvent des carmes de la place Maubert, mais
il continue à mener une vie de mendiant et de musicien[81].
Entre 1604 et 1606, Jean fréquente les Carmes et dirige frère Mathieu
Pinault. Peu à peu, un cercle spirituel se crée autour de Jean : il fait
découvrir la littérature mystique de qualité. En 1606, Jean du Moulin
devient Frère Jean de Saint-Samson lorsqu’il
entre au noviciat de Dol-de-Bretagne. On lui donne l'habit et, bien que
ce ne fût pas la coutume avant la Réforme, il reçoit en même temps un
nom de religion. A son nom de baptême qu'il conserve on ajoute celui de
Saint Samson, premier évêque de Dol et patron de l’église cathédrale,
peut-être aussi par allusion au Samson aveugle de l'Ecriture. Jean Du
Moulin fait place à Frère Jean de Saint-Samson.
Il continue à souffrir de nombreuses maladies. En 1607, il prononce ses
vœux ; grâce à sa renommée de thaumaturge, il rencontre Monseigneur
Antoine Revol, évêque de Dol, son fils
spirituel pour lequel il écrira l’Aiguillon en 1629. Pour aider la
Réforme de Touraine, en 1612, les Carmes le transfèrent au noviciat de
Rennes, où il formera une constellation de spirituels carmes. Le 14
septembre 1636, il meurt dans le plus complet dénuement, entièrement
perdu en Jésus crucifié. Par un geste fraternel, le 20 juillet 1990, les
Carmes Dechaux[82]
donnent aux Grands Carmes de France le crâne de Frère Jean de
Saint-Samson gardé jusqu’alors dans leur
couvent d’Avon.
Vers 1626, un jeune religieux, nommé Raoul Roquet, en religion frère de
la Visitation, ayant fait sa profession aux environ de la fête de la
Visitation Ne De, son père René
Rocquet, sieur de la
Roncette, donna de sa propre et libre volonté au couvent un petit
logis et un jardin joignant le couvent qui furent enclos dans la
ceinture du couvent.
Le 3 9bre 1660, les frères Lazare de Saint François et Michel Joseph de
Saint Marc furent l’objet d’un arrêt pour être sortis du couvent de Dol
sans obédience.
En 1665, d’après Colbert de Croissy, il y aurait 25 religieux.
En 1727, le frère Eydern est directeur
chapelain et aumônier des religieuses bénédictines.
Le 30 octobre 1736 fut inhumé dans l’église le corps de révérend père
Mathurin de Saint Julien, Prieur de la communauté. Il repose devant
l’image Saint Charles Borromée qui est dans le sanctuaire[83].
Le prieur François Berthe[84],
en religion Bertin de Saint-François. Né le 29 juillet 1737, entré aux
Carmes le 5 mai 1764. Malgré la promesse écrite faite le 19 février
1791, ne prêta pas serment à la constitution civile du clergé, serment
auquel d'ailleurs il n'était pas tenu, mais prêta celui de soumission
aux lois les 3 mai et 19 septembre 1792. En ce mois de septembre, il
était allé habiter Baguer-Morvan et y suppléer le curé. Il est dit
vicaire de Dol sur la liste des pensionnés de l’état de 1793 et ne
figure pas sur celle du 20 septembre 1794[85].
Le procureur de la communauté, Laurent Le Goff,
en religion père Laurent de Saint-François. Né le 20 mai 1733; entré en
communauté le 20 Janvier 1762. Imposé comme directeur des Bénédictines
le 19 juillet 1791 par la municipalité de Dol à la place de M. de la
Croix, qu'elle avait relevé de ces fonctions. Le 10 avril 1792, il
refusa le poste de directeur des hôpitaux qu'on voulait lui confier[86].
Le 22 mars 1791, il dépose à la municipalité une déclaration en date du
31 janvier par laquelle il exprime son vœu de se retirer[87].
Pierre-Anne Martin, né à Rennes, paroisse
Saint-Martin, le 5 décembre 1756, entré en communauté le 6 septembre
1779[88].
Le 4 mai 1790, il fait, devant la municipalité, la déclaration de
vouloir sortir dès ce jour de la maison des Carmes où il réside et même
de l’ordre des carmes[89],
sauf à lui de jouir de la pension assignée aux religieux de son ordre
par les décrets de l’Assemblée Nationale des 19 et 20 dudit mois de
février …
Tous les trois firent la déclaration de quitter leur monastère,
conformément à la loi du 13 février 1790.
Jean de Saint Samson[90]
était Frère lai au monastère des Carmes de Dol.
C'est
dans ces lieux que vécut un personnage mystérieux qu'on a désigné comme
le "Saint Jean de la Croix " français et comparé à Sainte Thérèse
d'Avila.
Jehan du Moulin naquit et fut baptisé à Sens le 30 décembre 1571. Issu
d'une famille aisée, fils de Pierre du Moulin, contrôleur des tailles et
de Marie d'Aiz. On ne sait quasi rien de ses
parents, honnêtes bourgeois et, semble-t-il, dans l'aisance. Il eut deux
frères. L'aîné, « brillant cavalier », au service de Henri IV, « mourut
vaillamment, les armes à la main en défendant la ville de Corbeil contre
les espagnols » Le second, nommé Jean-Baptiste, eut une jeunesse un peu
singulière, mais sur laquelle nous avons peu de renseignements. « Après
de sérieuses études, nous dit-on, il passa quelque temps à Rome, où il
sut se faire estimer et aimer, et rentra en
France à la suite de Marie de Médicis. Marié à Paris avec la fille de M.
Douet, trésorier-payeur de la gendarmerie
française, il fut pourvu de cette charge après la mort de son beau-père
et mourut lui-même à Lyon en 1601[91].
Il
devint aveugle à l'âge de 3 ans et orphelin à 10 ans. Il « passa sous le
toit de son oncle maternel, Zacharie d'Ais, qui lui avait été donné pour
tuteur. Cet oncle s'occupa avec soin de son instruction et lui fit même
donner des leçons de langue latine par M. Garnier, curé de
Saint-Pierre-le-Rond. L'enfant fit des
progrès si rapides, qu'il se rendit capable en peu de temps d'entendre
et d'expliquer le latin, nous disent les documents. Mais cet oncle
s'efforça de le rendre habile surtout dans la musique. Il apprit à jouer
de l'épinette, de la viole, de la mandore, du luth, de la harpe, de la
flûte, mais ses préférences furent pour l'orgue et si remarqués furent
les progrès qu'il fit dans ses études d'organiste, qu'à l'âge de douze
ans, il tenait déjà l'orgue de l'église des dominicains dans sa ville
natale ». Déjà, semble-t-il, assez porté à la dévotion, mais sensible au
beau sous toutes ses formes, «il aimait à se faire lire des livres, et
employait son argent pour en acheter ». Il racontait plus tard au P.
Pinault qu' « en sa jeunesse, il se faisait lire par ses parents et amis
toutes sortes de livres, tels que historiens, poètes français, et qu'il
avait tellement inculqué en son imagination le style et la phrase du
poète Ronsard, qu'il faisait des sonnets et autres vers à son imitation
». « Il se reprochait même d'avoir une fois, à la prière d'une de ses
parentes, composé quelques vers galants[92]
».
Dans sa jeunesse, musicien inné, il anime des concerts, puis
progressivement va se diriger sur le chemin de la foi. Il découvre le
Carmel parisien de la place Maubert en 1603.
Et en 1606, à l'âge de 35 ans, il entre au couvent de Dol de Bretagne et
prend le nom du premier évêque de cette ville.
De
constitution délicate sa santé résiste mal au climat du marais dolois,
il est miné par les fièvres paludéennes très répandues à cette époque
dans notre région.
C'est un prédicateur renommé, le père Louis de Cenis, provincial des
Carmes, venu prêcher le carême à Dol en 1607, qui le conseille. Puisque
les remèdes humains sont sans effet, il lui apprend une oraison qu'il a
vu faire effet sur des fiévreux à Rome. "Il la dit lui même sur le
malade, mais sans succès. Le lendemain était le jour où la fièvre devait
revenir[93]
; Jean se confesse, communie, prononce l'oraison sur soi avec un grand
esprit de foi et est guéri aussitôt. On crie au miracle, et d'autres
religieux malades de demander au frère Jean de dire l'oraison sur eux.
Il s'y refuse par humilité ; mais en ayant reçu l'ordre des supérieurs,
il guérit par ce moyen les malades du couvent». La peste sévit en ces
années dans la région et le frère Jean se dévoue auprès des pestiférés.
Son renom de Sainteté franchit très vite l'enceinte du couvent et
lorsqu'une nouvelle épidémie de fièvres paludéennes se répand on se
souvient du pouvoir miraculeux du frère aveugle.
L'évêque de Dol, Mgr Antoine de Revol,
accepta fort mal ces guérisons et voulut faire cesser ces pratiques
superstitieuses. Il se rendit au couvent accompagné de son théologal. Il
surprit le frère Jean en train de procéder à des guérisons : "Frère Jan,
dit-il fort âprement, qui vous a faits hardi de bénir mon peuple en ma
présence ? Ledit frère répondit : Pardonnez-moi, Monseigneur, je ne vous
pensais pas là. Et lui ayant dit que ce qu'il faisait n'était qu'abus et
que tromperie et l'ayant grandement rabroué et
hontoyé devant tous, ledit évêque ajouta que son oraison était
superstitieuse. Ledit frère demanda congé à l'évêque de parler, qui lui
ayant permis, il répondit : "Pardonnez-moi, Monseigneur, l'oraison est
en sens parfait, il n'y a point de superstition". Ledit seigneur évêque
se tourna vers le susdit théologal en lui demandant : "Que vous en
semble, Monsieur le Docteur ?" Lequel répondit : "les Apôtres n'en
faisaient pas davantage ; si nous menions la vie de frère Jan et si nous
avions autant de foi que lui, nous guéririons tous ces malades aussi
bien que lui". Antoine de Revol voulut
encore savoir d'où frère Jean tenait cette oraison. Il lui dit l'avoir
apprise du père de Cenis et la réciter sur les malades par ordre de ses
supérieurs. "Et bien. Frère Jan, conclut l'évêque, j'ajoute à votre
obédience le commandement de continuer à guérir les malades, "
Les fièvres se firent à nouveau sentir et les forces de frère Jean
diminuaient sans cesse. C'est alors que le recteur de
Roz, François Forgeays
offrit de le prendre chez lui et de le garder jusqu'à ce qu'il fût
guéri. Jean de Saint Samson fit ainsi plusieurs séjours à
Roz, tant le climat de Dol lui était pénible
à supporter. Le révérend père Donatien de St Nicolas a laissé un récit
de ce séjour dans notre paroisse dans son ouvrage écrit en 1651.
"Ce recteur était un homme fort charitable qui portait sur sa face
beaucoup des linéaments de celle du B. François de Sales, évêque de
Genève, et qui lui ressemblait encore plus dans son grave maintien, dans
sa douceur et en beaucoup d'autres perfections. Il avait avec lui une
sienne soeur, vieille femme veuve, fort grave, dévote et charitable vers
les malades et les pauvres de toute la paroisse. A peine notre frère
fut-il arrivé chez ce bon ecclésiastique qu'il commença à embaumer, non
seulement cette maison, mais encore tout le pays de l'odeur de ses
vertus, et on reconnut aussitôt en ces quartiers le prix du trésor que
Dieu y avait envoyé dans ce vertueux aveugle. Le recteur et les autres
prêtres de la paroisse se firent aussitôt ses disciples en la vie
spirituelle et tous les jours il leur faisait de pieux entretiens sur
les matières de la vertu et des obligations de leur condition ; à quoi
la bonne dame dont je viens de parler prenait un grand contentement, y
appelant tous les soirs les domestiques et serviteurs de la maison, afin
de profiter tous des conférences Saintes qu'ils avaient par ensemble.
Il
y avait entres autres un bon prêtre qui tenait l'école et enseignait la
jeunesse, lequel, à certains jours de congé, amenait ses écoliers à
frère Jean de Saint Samson. Celui-ci les entretenait avec tant
d'affabilité et de dévotion que souvent il leur ôtait l'envie de se
recréer. Tantôt il leur faisait lire quelque livre spirituel, tantôt il
les interrogeait sur leur catéchisme et les instruisait si
méthodiquement en la foi catholique que la plus grande part des
paroissiens prenait plaisir à le venir voir et entendre ses pieux
entretiens.
Ces exercices de piété chrétienne, que les guerres précédentes avaient
étouffés dans tout le pays se renouvelèrent en sorte parmi le peuple que
plusieurs se confessaient et communiaient aux fêtes et dimanches et même
les plus dévots le faisaient assez souvent au jeudi. C'était chose
ordinaire, même parmi les enfants, de dire tous les jours les litanies
de la Sainte Vierge. Les filles vivaient chez leurs parents, retirées
des occasions de vanité et plusieurs de ces enfants de l'un et l'autre
sexe embrassèrent depuis la vie religieuse en divers ordres, dont le
nôtre peut donner encore aujourd'hui des témoignages pleins de
bénédiction et d'odeur de vertu. Ainsi notre humble frère laïc fut
choisi de Dieu comme un vrai apôtre de ce pays de Dol, pour défricher
cette terre inculte, pleine d'épines et de halliers que l'hérésie et les
guerres y avaient produits. Car, à l'exemple des habitants de cette
paroisse où il fit tant de bien, ceux des paroisses voisines devenus
émulateurs de leurs vertus et de leur piété, commencèrent à se porter à
la dévotion et au service de Dieu, de sorte que par ce moyen tout
l’évêché a été peuplé de personnes très ferventes en la foi et
affectionnées aux exercices de la piété et de la perfection chrétienne".
Le recteur de Roz et sa soeur, sous la
conduite de cet aveugle tout emprunt de spiritualité changèrent leur
maison en petit monastère recevant les pauvres et les passants avec
beaucoup de charité et les servaient à table.
Frère Jean de Saint Samson quitta Dol pour Rennes en 1612. Nombre de
personnes dévotes et plusieurs grands personnages, parmi lesquels un des
amis de François de Sales, Mgr de Révol,
évêque de Dol, venaient fréquemment le consulter. Marie de Médicis,
espérant toujours quelque miraculeux retour de fortune, s'adressait à
Jean de Saint-Samson par l'intermédiaire du
P. Philippe Thibaut qu'elle aimait beaucoup. Il écrit aux possédées de
Loudun pour les consoler dans leur détresse. On voudrait savoir de
quelle nuance particulière — tendresse ; pitié ; crainte — se colorait
la vénération qu'on avait pour lui. Il semble avoir été parfaitement
bon, un peu perdu entre ciel et terre, ingénument obstiné à ne parler
que de Dieu[94].
Ce religieux aveugle fut et reste l'un des plus grands mystiques
français et joua un rôle important dans la reforme de son ordre. Il est
l'auteur de nombreux écrits spirituels. On lui attribue 4000 pages de
notes dont la majeure partie est conservée aux archives départementales
à Rennes.
Jean de Saint-Samson fut le principal
collaborateur du P. Thibaut. Appelé en 1612 à Rennes où, sauf une courte
mission réformatrice au couvent de Dol, il doit résider jusqu'à sa mort,
en 1636, « ses hautes vertus et les faveurs surnaturelles qu'il recevait
d'en haut lui créèrent une position exceptionnelle... Il devint le
conseil non seulement des simples religieux, mais aussi des supérieurs.
Ceux-ci le consultaient sur l'esprit qu'il convenait d'inoculer à la
nouvelle réforme; ceux-là lui ouvraient leur intérieur, recevaient ses
conseils, se soumettaient à sa direction ». « Dieu l'avait destiné pour
être le plus clair flambeau de notre petite observance dans les choses
spirituelles », a écrit de lui son premier biographe. A cette influence
de l'exemple et de la parole, « il faut ajouter celle qu'il exerça par
ses écrits. On peut affirmer, toute proportion gardée, qu'il fut sous ce
rapport le Saint Jean de la Croix de la nouvelle réforme ». Dans son
Vrai esprit du Carmel « il prouve que la contemplation forme l'esprit
principal de l'Ordre et donne des règles pour s'incorporer cet esprit et
s'élever jusqu'aux sublimes hauteur de la vie mystique »[95].
Il mourut en odeur de Sainteté, le dimanche 14 décembre 1636. Son
tombeau se voyait dans l'église des Carmes de Rennes, dans la chapelle
Notre-Dame de Pitié, près du tombeau de
Robert Cupif, évêque de Dol[96].
Il consistait en une dalle de marbre que fit placer Luc Godard, Seigneur
des Loges et Président au Parlement de Bretagne, qui attribuait aux
prières de ce Saint Religieux la guérison d'une grave maladie. Le Chef
de ce Bienheureux fut conservé dans le couvent des Carmes de Rennes.
Actuellement une relique de son corps se trouve dans une petite chapelle
chez les Carmes de Bourges.
Les Carmes étaient, de grands dévots du culte marial. A Dol cette
dévotion à Notre-Dame des Carmes[97]
était vive : les bourgeois de Dol et les habitants du Clos Poulet
venaient y faire leurs dévotions, les marins « y rendre leurs vœux »,
sitôt, « qu’ils estoient de retour de leur
trafic sur mer ».
Le
religieux auteur du manuscrit nous rapporte trois "miracles" intervenus
par l'intercession de la Vierge, sous le patronage desquels ils
s'étaient placés et qu'il juge exemplaires. Miracles feins ou
questuaires ? Ces prodiges étaient pour les
religieux moyens d’agrandir leur maison.
Il faut confesser que nous et nos devanciers avons
esté fort négligentz
de faire avérer et approuver les miracles faicts
par l'Invocation de Ne De du Carme de Dol, tant
sur mer que sur terre, et les dévotz
habitantz de St Malo qui y ont tant de
dévotion en rendent bon et fidèle tesmoignage.
J'en raconterai seullement trois,
desquelz le plus signalé est la
resurection d'un jeune homme du
fauboure de la Chaussée, qui ne
mancquoit jamais sitost
qu'il estoit levé de son
lict au matin de venir faire ses prières en
la chapelle devant l'imaige de la Vierge. Un
soîr il
trespassa, invocant
les prières de sa bonne dame et maitresse,
et demeura toutte la
nuict froid et roide mort; le lendemain on l'apportoit
à l'église de Ne De, qui est la
parochaine de la ville, pour faire son
service et le mettre en terre, mais comme ceux qui le
portoint furent près la porte de la chapelle
Ne Dame, furent contrainctz de s'arester
comme ceux qui portoint l'enfant de la
veusve de Naïm
et il commença à crier :
« Ne passés pas oultre,
je n'ai pas prié ma maîstresse aujourd'hui »
On l'oste pronptement
du cercueil (que là ils appellent chasse), on lui
oste le suaire de dessus les yeux, et il s'en alla avec le
linceul où il avoit
esté ensevely devant l'imaige
de la Vierge, et de là s'en retourna vivant et sain dans sa maison; et
afin de perpétuer la mémoire de ce miracle la châsse
fut.attachée avec des lames et
agraffes de fer à la
closture d'entre le chœur de l'église et la
chappelle de Ne Dame où elle
estoit encore l'an mil cincq
centz quatre vingt dix que je fus envoyé
prieur aud. couvent, et y a encore plus de
cinquante personnes vivantz dignes de foy
tant religieux que sœculiers qui la ont
veuëe, entre autres le révérend père Mathieu
Pinault religieux dud.
couvent et à présent provincial de ceste province, mais qui en
parle plus scientifiquement est le père Nicolas
Dadier, qui estant prieur
aud. couvent de
Dol l'an mil cincq
centz. quatre vingt dix neuf, encore
vivant en ce couvent de Plouarmel.
confesse ingénument avoir fait
brusler lad. Chasse ne .scaichant
que signifioit.
Autre miracle qui nous a premièrement esté
raconté par le mesme
revèrend père provincial et depuis certifié par plusieurs autres
: Unne honneste
femme du marais do Dol ayant sa maison située sur le bord de la Banche,
qu’est l'un des esgoutz par où l'eau des
marais s’écoule dans l'océan, sur le chemin par où on vient du bourg de
Chesrué à Dol, allant en ses champs pour
quelques affaires, par inadvertance laissa un sien petit
filz a la porte du logis, et revenant à
elle, se ressouvenant du péril de tomber dans l'eau où elle avait laissé
son enfant, prenant sa course pour s'en retourner s'escria
: « Ne De du Carme, je vous recommande mon
filz » Comme elle arriva elle le vit assis
el se Jouant sur l'eau, d'où l'ayant retiré luv
demanda : « Mon fils, comment, ne vous êtcs
vous point, noyé? » II luy
respondit : « Une belle fille, comme je
tombois, m'a prins
par la main et m'en a empesché. » Le
lendemain la mère amena son filz à l'église
des Carmes pour remercier Dieu et la Vierge de l'avoir conservé, et le
père Noël de Mardeaux
célèbra la messe à ceste intention, comme
luy-mesme nous a récité depuis peu de temps.
Le
troisième miracle se rapportait lui, à une conversion exemplaire : Sur
les conseils d'un marin catholique.
Le
dernier est d'un marchant Anglois
lutérîen, qui venant à St Malo fut
surprins d'une furieuse
tempeste, qui le minst hors
toutte espérance de salut, n'attendant plus
que la perte du vaisseau, de tout ce qui estoit
dedans et de la vie ensemble. Il y avoit
dans le vaisseau un jeune garçon catholique, qui
luy dist qu'il s'estoit
autresfois trouvé en semblables
perilz et que les
nauchers faisoint
vœu a Dieu et Ne Dame du Carme de Dol, et puis
venoint a heureux port. Il respondit
qu'il ne scavoit ce que
c'estoit mais qu'il le
fist pour luy et qu'il l'accompliroit.
Le voeuf fait, la
tempeste cessa et ils vintrent
miraculeusement à port, et incontinent bien joyeux
veinrent rendre leur vœu devant l’autel et l’imaige
de la Vierge, où estant
agenouilz il fut touché intérieurement d’abjurer son hérésie et
se faire catholique. Il fut, conduit à Me Pierre Berthelot[98],
docteur de Paris et théologal de Dol, qui le catéchisa, et d'autant
qu'il n'y avoint pas pour lors d'evesque
résident .à Dol il l'envoya a l'évesque pour
estre absoult de
son hérésie et admins en l'église Catholique
apostolique et romaine.
Le 14 juillet 1789 on résolut d’illuminer la ville, et de faire ; chez
les Carmes, un service funèbre pour les patriotes égorgés à Paris[99].
Le 6 septembre 1789, l’hôtel de ville ne pouvant recevoir tous les
assistants, on dut se réunir dans la
chapelle des Carmes[100]
Le 22 février 1790, le père Legoff,
procureur de la communauté des Carmes, dépose la déclaration des biens
que possède sa communauté[101].
Le 25 février 1791.Le directoire de Dol écrit à celui du département :
Les ci-devant Carmes de cette ville nous ont présenté leur compte de
1790 que nous joignons à la présente. La bonne réputation du religieux
qui nous l'a rendu ne permet pas de douter de l'exactitude de ce compte.
Par le résultat nous voyons que cette communauté a subsisté sur 1,225
liv. 10 s. 9 d. pendant l'année 1790; il lui revient donc 364 liv. 9 s.
3 d. pour le complément du traitement de deux Carmes et 400 liv. pour
les trois premiers mois de 1791, total : 764 liv. 9 s. 3 d. Nous leur
avons adressé un mandat de cette somme et nous vous prions de
l'ordonnancer le plus tôt possible. Ils méritent la célérité que nous
sollicitons pour eux. Ils nous ont remis un état de reste montant en
argent à 1,720 liv. 14 s. 5 d. et à 59 boisseaux de blé froment; ils
nous entremis leurs journaux avec les titres qui en sont la
justification ; ils nous proposent la remise de tout ce qu'ils doivent
aux termes de l'art. 9 du titre 3 de la loi du 5 décembre 1790 sur la
désignation et administration des biens nationaux. Incessamment et à
notre retour de rennes nous nous occuperons de ces inventaires.
Le 22 mars 1791, le père
Legoff, procureur de la communauté, dépose la déclaration par
laquelle il exprime le vœu de se retirer et de mener une vie privée avec
les avantages accordés à chaque individu par l’Assemblée Nationale.
Imposé comme directeur des Bénédictines le 19
juillet 1791 par la municipalité de Dol à la place de M. de La Croix,
qu'elle avait relevé de ces fonctions. Le 10 avril 1792, il refusa la
poste de directeur des hôpitaux qu'on voulait lui confier.
Le 26 août 1791, la municipalité décide de faire établir un catalogue
des livres, médailles, machines, tableaux, gravures qui composent les
bibliothèques des séminaires et de la maison des Carmes de Dol, ainsi
que l’inventaire de l’argenterie et papiers des dites maisons. Ces
inventaires devant être remis aux administrateurs du district[102].
Le 3 novembre 1791 est faite l’adjudication de la descente des cloches
des églises Notre-dame des Carmes et de l’Abbaye de la
Vieuville, adjudication faite au sieur
Labarre pour la somme de 300 livres, procès
verbal en est fait le 29 décembre à la municipalité[103].
Cette église des Carmes, n'avait d'ailleurs qu'une cloche qui pesait 696
livres 1/4 et qui fut expédiée à l'hôtel des monnaies de Nantes
Le 1er décembre 1791, le directoire du district écrivait à la
municipalité pour l’informer … la porte de la bibliothèque de la maison
des Carmes a été enfoncée et on y a enlevé beaucoup de livres[104].
Le 25 mai 1792, l’inventaire était terminé et il était fait dépôt à la
municipalité de 1438 cartes indicatrices des volumes composant la
bibliothèque des ci-devant Carmes[105].
Cette bibliothèque comprenait quelques incunables et bon nombre de
livres imprimés au XVI e siècle.
Le Couvent des Carmes ne fut jamais riche. En 1790, il possédait en
maisons, terres et rentes, un revenu de 2.877 livres et avait 846 livres
de charges ; partant, il ne lui restait que 2.031 livres de revenu net.
Le 15 pluviôse an IV (4 février 1796), le directoire, considérant que
dans l’église de la ci-devant communauté des Carmes servant de parc pour
les bouchers de l’armée, il existe une tribune qui menace bêtes et gens
…, charge la municipalité d’en faire la démolition[106].
Le tout fut vendu nationalement pour une soixantaine de mille francs.
Quant au mobilier, il n'atteignit à la vente que 600 francs : ce qui
dénote bien sa pauvreté.
La plupart des rentes dues aux pères Carmes furent abandonnées à
l’Hospice de Dol et à la Caisse d’amortissement par arrêté des Consuls
du 27 Fr an XI.
Le 5 fructidor an XII (12 août 1803), le maire de Dol écrit à M. le
sous-préfet de Saint-malo : L’ancienne église des Carmes, à Dol, ne sert
plus au culte depuis plus d’un an. On est occupé à la démolir pour y
bâtir une maison[107].
Pendant la révolution, la chapelle servit de salle de réunion, de
boucherie pour l’armée, de magasin pour les foins de la république[108],
d’atelier de salpêtre pour le citoyen Cousin. On la démolit en 1804
L'an XII de la République Française, le 28 prairial, aux 4 heures de
l'après-midi, demoiselle Anne-Françoise
Revers des Beauvais[109],
comparaissant devant les membres de la Fabrique et M. le Curé de Dol
échangea le Grand Autel et accessoires des ci-devant Carmes, contre des
lambris de chapelles, une carrée, deux niches à statues, quatre petites
colonnes et, accessoires en sculpture de la Cathédrale. Cet autel fut
placé dans la chapelle au côté vers midi, joignant la sacristie de l'église-cathédrale[110].
Il a subsisté jusqu'au 8 décembre 1872 où fut béni l'autel actuel en
l'honneur de St Joseph
Depuis lors, l'église a été démolie, et ce qui reste des bâtiments
conventuels est devenu méconnaissable. Toutefois on aperçut encore
longtemps ces tristes débris à l'entrée de Dol, près du pont construit
sur la voie ferrée de Saint-Malo. D'ailleurs, ce n'est qu'en 1863 qu'a
été rasée la chapelle Saint-Sébastien, dernière portion restée debout de
l'église conventuelle de Notre-Dame du
Carme.
Dans sa délibération du 18 février 1791, la Municipalité de Dol avait
nommé le père Berthe, Prieur des Carmes, comme prédicateur de la Station
Quadragésimale. Mais dans leur sollicitude pastorale, les pieux édiles
« attendu, disaient-ils, que l'expérience a prouvé que la multiplicité
des sermons pendant le Carême, ralentissait la ferveur des fidèles »
déclarèrent suffisants deux sermons par semaine : le dimanche et le
mercredi, en tout quinze sermons, et fixèrent les honoraires du
prédicateur à 60 livres[111].
Deux notables de Dol, Jean Tallon et Malo de Louche, eurent le bon
esprit de tourner en dérision cette délibération prise « en bonnet de
nuit » non pas à la maison commune, mais «auprès du feu de Monsieur le
Maire» lequel, tout en délibérant contre le despotisme épiscopal,
s'attribuait les droits anciens de l'évêque et du chapitre. Avec raison,
les deux notables firent remarquer que, à défaut de l'évêque, c'était au
Recteur qu'il appartenait de nommer le prédicateur de Carême.
Le Maire de Dol et ses collègues bondirent sous l'ironie et
s'expliquèrent dans une Epître dont le style grotesque caractérise bien
l'époque :
«Dans ce moment où les crises se succèdent avec rapidité et se propagent
avec abondance, la Municipalité de Dol, sachant que le défaut d'Evêque
laisserait le peuple sans sermons pendant le Carême prochain, toujours
vigilants à détromper le peuple égaré par les insinuations perfides des
ennemis des nouvelles lois, a pourvu à la Station du Carême de 1791.
Elle a imposé l'obligation au Sieur Berthe, qu'elle a choisi, de faire
précéder le texte de son sermon, du serment prescrit par la loi ;
celui-ci a accepté la station aux conditions a lui imposées ».
Le Prieur des Carmes avait, en effet, accepté tout d'abord la mission
que lui confiait la Municipalité, et de s'astreindre au serment qu'il
n'avait pas encore prêté jusqu'alors.
Mais Mgr de Hercé, Evêque de Dol[112],
n'eut pas grand effort à faire comprendre à ce Religieux, la gravité du
cas. Aussi le père Berthe écrivit-il que sa mission ne pouvait être
autorisée que par l'Eglise, et n'étant qu'un ministre subalterne il
laissait « aux pasteurs titrés le droit qu'ils ont d'instruire leurs
ouailles ».
Ce refus du Prieur des Carmes fut remis à la Municipalité au moment où
celle-ci terminait la rédaction de sa lettre au Département. Elle en fut
quitte pour constater -que le père Berthe avait été « dévoyé du sentier
où il était ».
Quelque temps après les trois dernier Carmes du Couvent de Dol : Le
Prieur François Berthe ; le Procureur Laurent de Saint-François et
Pierre Martin, firent la déclaration de quitter leur monastère
conformément à la Loi du 13 Février 1790 et s'en allèrent en exil à
Jersey.
Le couvent des Carmes survécut jusqu'à la Révolution.
Il a disparu et n'a pas été remplacé. Après lui fut détruite l'ancienne
église Notre-Dame, la seule paroisse de la
ville demeurée indépendante du régaire de
l'évêché et de son chapitre et à laquelle les habitants de la ville
étaient demeurés à ce titre très attachés. Elle se dressait, on le sait,
auprès d'une porte ancienne également détruite, donnant accès à la cité
épiscopale du côté du vieux faubourg de Pontorson. Des maisons
nouvelles, construites dans le courant du XIX e siècle sont
venues occuper le terrain autour de la place où furent édifiées
également au siècle dernier des halles, sans caractère, qui subsistent
toujours. Seule, la tour voisine, dite des Carmes, en perpétue
aujourd'hui le souvenir, par ailleurs bien oublié.
Voyons ce qu'il reste encore de ce couvent construit sur l'aire Béart en
1401[113].
1) En bordure nord de la rue des Carmes, peu avant le coude de cette rue
en venant du centre de la ville, au fond d'une petite cour connue sous
le nom de cour aux ânes, existe encore jusqu'aux deux tiers de leur
hauteur, les murs de ce qui fut, sans doute, la maison
priorale des Carmes, la partie supérieure
ayant été supprimée en 1954 par son propriétaire parce qu'elle tombait
en ruine. Son pignon porte un écusson dont le motif n'apparaît qu'à
peine. II a été comme tous les autres à Dol victime d'une décision du
conseil municipal du 14 novembre 1792 qui ordonna de les piquer tous
"pour qu'il n'en reste aucune trace". Vestiges démolis en 1977 pour
faire place à la construction d'un supermarché Marguerite devenu
aujourd’hui Intermarché.
La cour aux ânes
- Dessin docteur
Testard – collection particulière.
2) À l'entrée de la promenade des douves s'élève encore une partie de la
chapelle ou église des Carmes. De nombreux auteurs ont voulu qu'il n'en
reste rien. Beaucoup en effet ont cru qu'il s'agissait d'un grand
édifice. Tous les plans existants n'indiquent que par une petite croix
son emplacement, ce qui met cette opinion en doute. Par ailleurs, un
plan établi par les ingénieurs vers 1770 et conservé aux archives
départementales d'Ille et Vilaine est assez précis à ce sujet. Les
derniers vestiges de l'église des Carmes sont donc ce qui était encore
le café Renault dans les années soixante. Une petite tourelle visible à
l’entrée de la promenade des douves devait faire partie de ce couvent,
elle renferme encore un remarquable escalier de pierre à vis.
Tous ceux qui prendront cette promenade des douves reconnaîtront cette
chapelle dans l'extrait suivant des actes successifs de vente de la
propriété qui, après avoir été cédée comme bien national au citoyen René
Marie Pinoul, fut vendue à demoiselle Anne
Françoise Rever le 1er messidor
an IX (1801)...à citoyen Julien Barbé (an XII 26 germinal)... à monsieur
Nivolle (4 novembre 1843)
etc.... Julien Barbé fit démolir l'église en
1804.
Sur un ancien acte de vente on peut lire " L'église des ci-devant Carmes
de Dol, située au coté vers le nord de la rue de la révolution[114]
consistante dans ses quatre gros murs de clôture, charpente et
couverture, la tour au coté nord du bout vers orient avec son dôme
joignant vers midi au pavé de la rue, d'orient au gros mur de la ville
nord et occident au citoyen …..
de plus 7 mètres 48 centimètres de terre[115]
au coté occident de la tour en alignement d'ycelle
et en fond pour y construire un édifice de cette grandeur …. " Cet
édifice fut bien édifié puis détruit vers 1937-38. Il fut alors creusé
des fondations, et nul ne saura sans doute jamais le nombre de corps
relevés alors, dont un d'un tout jeune homme à la mâchoire parfaite[116].
Ainsi restent encore debout la tour et le bout de la chapelle, le corps
de l'édifice allant jusqu'à la rue ayant disparu pour que soit construit
un peu plus à l'ouest l'immeuble des garages de la Cote d'Emeraude. Le
cellier, dans la cour, près de l'ancien café Renault en est sans doute
aussi un autre vestige, chapelle latérale ou sacristie[117].
Documents annexes
Année |
Nom
Liste non exhaustive |
fonction |
1405 |
Jean Roger |
premier prieur du
couvent |
|
Roland Barbé |
|
|
Jan Dadin |
|
|
Jan Brossard |
|
|
frère Hervé |
|
1590 |
Pierre
Behourt |
Prieur
(1590-1594) |
1599 |
Dadier
Nicolas |
Prieur |
1600 |
Mathieu Pinault
|
Reçoit l’habit
religieux âgé de 13 ans.
Il fait
profession en 1603. |
1604 |
Mathieu Pinault |
Quitte Dol pour
Paris. |
1606 |
Jean de Saint
Samson (Jean Du Moulin) |
Novice |
1607 |
Pierre
Behourt |
Prieur |
1607 |
Jean de Saint
Samson |
Fait profession |
1608 |
Symphorien
Godivier |
Supérieur du
couvent,
prieur du couvent
de Rennes en 1590,
a Dol de 1608 à
1611. |
1611 |
Mathieu Pinault |
Quitte le couvent
de Dol pour celui de Rennes |
1612 |
Jean de Saint
Samson |
Quitte le couvent
de Dol pour celui de Rennes |
|
|
Le prieur en
place est envoyé à Nantes. |
1617 |
Augustin du
Saint-Sacrement |
Prieur nommé pour
la réforme du couvent |
|
Jean de Saint
Samson |
Passe un an à dol
pour la réforme du couvent. |
1623 |
Regnault Legendre |
|
Vers 1626 |
André de la
Visitation (Raoul Roquet) |
Fils de Me René
Rocquet, sieur de la
Roncette. |
1636 |
Séraphin de Saint
René |
|
|
Jean de Saint
Samson |
|
1640 |
Hugues de Saint
François |
Prieur
(12.04.1640) |
|
Maurice de Saint
Pierre |
|
|
Célestin de Saint
François |
Sous Prieur |
1640 |
Modéran
de la Passion |
Prieur
(26.06.1640) |
|
Samson de Saint
Louis |
Procureur |
|
Benoist
de Saincte Marguerite |
|
|
Saturnin de Saint
Pierre |
|
|
Macaire de
Sainct Clément |
|
|
Denis de Saint
Paul |
|
|
Alexandre de
Sainct Yves |
|
1649 |
Modéran
de la Passion de Notre Seigneur |
Prieur |
|
Benoist
de Sainte Marguerite |
Sous-Prieur |
|
Nicolas de
l’Incarnation |
|
|
Pacifique de
Saint Nicolas |
|
|
Saturnin de Saint
Pierre |
|
|
Barnabé de Saint
Paul |
|
|
Macaire de Saint
Clément |
|
1660 |
Lazare de Saint
François |
Prieur |
|
Michel Joseph de
Saint Marc |
|
1687 |
Rodolphe du Saint
Sacrement |
Prieur
(03.06.1687) |
|
Georges de Saint
Armel |
Procureur |
|
Eudeline
de Saint Samson |
|
|
Denis de Saint
Pierre |
|
|
Claude de Saint
Pierre |
|
|
Hippolitte
de Saint Elisée |
|
|
Paulin de Saint
François |
|
1706 |
Denis de Saint
Pierre Thomas |
Prieur |
|
Noël de Saint
Mathurin |
Procureur |
1712 |
Noël de Saint
Mathurin |
Procureur (1712 &
1714) |
1714 |
Ange de Sainte
Monique |
Procureur
(27.10.1714) |
1719 |
Cozos
de Saint Jérome |
Procureur |
1721 |
Athanase de Jésus |
Prieur |
|
Pierre Thomas de
la Nativité |
& 1727 |
|
Brice de Saint
Samson |
Procureur & 1727 |
|
Jacques de Saint
Joseph |
|
|
Epiphane de
Sainte Thérèse |
& 1727 |
|
Julien Marie de
Saint André |
|
|
Fulgence de Saint
Olivier |
|
|
Théosphore
de la Trinité |
|
1727 |
Louis de Saint
François |
Prieur |
|
Laurent de Sainte
Marie |
Directeur des
religieuses bénédictines |
|
Eydern ? |
|
1729 |
Pierre Damascène
de la Nativité |
Prieur |
|
Aignan de Saint
Barnabé |
Procureur |
|
Salomon de Saint
Pierre |
|
|
Laurent de Sainte
Marie |
vicaire |
|
Dominique |
Procureur Syndic |
1732 |
Laurent de Saint
Jean baptiste |
Prieur |
|
Guy de Saint
Nicolas |
Sous Prieur |
|
Sébastien de
Saint Jean Baptiste |
|
|
Célestin de
Sainte Anne |
Sacriste |
|
Hyacinthe de la
Sainte Vierge |
|
1732 |
Thomas de Saint
Dominique |
Prieur |
1735 |
Constantin de
Saint Ignace |
Prieur |
|
Guy de Saint
Miolad |
|
1736 |
Mathias de Saint
Julien |
Prieur |
1738 |
Edouard de Saint
Ambroise |
Procureur |
1738 |
Salomon de Saint
Pierre |
|
|
Sulpice de Sainte
Anne |
(13.10.1738) |
1740 |
Jean de la croix |
|
1745 |
Siméon de Saint
Pierre |
Prieur |
1762-1790 |
Laurent de Saint
François (Laurent Le Goff) |
Procureur,
directeur des Bénédictines. |
1764-1790 |
Bertin de Saint
François (François Berthe) |
Prieur |
1779-1790 |
Pierre-Anne
Martin |
|
Une grande partie des revenus sont les fondations qui consistaient à
concéder une rente en argent ou en nature ou un capital destiné à
l’achat d’une rente, ou un bien-fonds, pour entretenir des services
religieux ou pour disposer du droit d’enfeu à perpétuité. Le montant ou
la valeur du bien peuvent être extrêmement variables, mais sont
généralement en relation avec l’importance du service religieux
escompté. Il y a aussi des achats de maisons ou terres qui sont ensuite
louées à des particuliers[118].
Liste non exhaustive.
[119]
Genre |
Lieu |
Paroisse |
Valeur |
|
|
|
|
rente constituée |
|
? |
11 l 20 d |
rente foncière |
Bien de
succession |
? |
36 l |
rente foncière |
Sur héritage |
? |
13 l 45 s |
terre |
Les Planches
Mondins |
? |
04 l |
terre et
seigneurie |
La Ville
Guillaume |
? |
18 l |
maison |
L’Abbaye
près Dol |
Abbaye près Dol |
03 l |
maison & jardin |
En haut de la
paroisse, nommée les Trois Croix |
Abbaye près Dol |
12 l |
rente foncière |
Sur des effets |
Angers |
05 l |
biens |
A Jean Juhel
(frère Eloy) |
Baguer-Morvan |
07 l 10 s |
pièce de terre |
Les champs
Mingenes |
Baguer-Morvan |
07 l 10 s |
rente constituée |
|
Baguer-Morvan |
13 l 15 s |
rente foncière |
Héritages situés
aux environs de la Morinais |
Baguer-Morvan |
07 l |
rente foncière |
Lieu dit de la
Villemain |
Baguer-Morvan |
03 l 05 s |
rente foncière |
Sur héritage |
Baguer-Morvan |
01 l 10 s |
rente foncière |
Sur héritage de
la Moignerie |
Baguer-Morvan |
06 l |
terre |
La
Guillonais |
Baguer-Morvan |
44 l |
terre |
Le pré
Dibou |
Baguer-Morvan |
40 s |
rente constituée |
|
Baguer-Pican |
28 l 20 s 06 d |
rente constituée |
|
Baguer-Pican |
02 l |
terre |
Pièces de terre |
Baguer-Pican |
15 l
& 3
demeaux F.M. |
rente foncière |
Sur héritage |
Bonnemain |
05 l |
terre |
2 pièces,
Landelle et Treghan |
Bonnemain |
12 l |
maison |
Le petit plat
d’étain, Rue du Moulin |
Carfantin |
02 l |
rente foncière |
Sur héritage |
Carfantin |
10 l |
terre |
|
Carfantin |
07 l 10 s |
terre |
La Petite
Héraudière |
Carfantin |
03 l |
terre |
Le Clos
Tréhel |
Carfantin |
06 l |
terre et métairie |
Haute Lande |
Carfantin |
50 l |
terre |
Les
Sommaillères à la
Laronnière |
Cherrueix |
05 l |
terre |
Sur le Clos et
Grange |
Cherrueix |
03 l |
terre |
La Rue, 38
sillons |
Cuguen |
05 l |
maison |
Appelée
l’Ancienne Saulnerie |
Dol |
10 l |
maison |
Avis de ce
couvent, touchante le mur et la grande porte
chartière des dames Bénédictines |
Dol |
06 l |
maison |
Fauxbourg
de la boulangerie près l’hôpital, avis l’Imaige
Notre Dame |
Dol |
03 l |
maison |
Fauxbourg
de la Lavanderie |
Dol |
3 l |
maison |
L’Image
Saint-Pierre |
Dol |
30 |
maison |
Mazures
nommées La Geberdières,
fauxbourg
de la Chaussée. |
Dol |
20 s |
maison |
Nommée le Petit
Soleil sous les porches |
Dol |
05 l |
maison |
Proche le
fauxbourg de la Boulangerie |
Dol |
06 l |
maison |
Proche les
Baselliers et remparts |
Notre-Dame |
02 l |
maison |
Sous les porches
nommée l’Ancienne Saulnerie |
Dol |
02 l |
maison & jardin |
Fauxbourg
de la Boulangerie |
Dol |
03 l |
maison & jardin |
La croix
Peguille |
Dol |
04 l 10 s |
maison & jardin |
Près
fauxbourg de la
Lavanderie |
Dol |
03 l |
maison et jardin |
Aux
Basseliers |
Notre-Dame |
03 l 05 d |
rente constituée |
Deux rentes sur
la Maison de l’image Notre-Dame |
Dol |
10 l |
rente foncière |
Guillaume Pelé
sieur de la Guihommerais, rente à
perpétuité sur terres situés en la paroisse de Sains et à l’Abbaye. |
Dol |
40 l |
rente foncière |
Héritages situés
aux Beauvais |
Dol |
06 l 10 s |
terre |
A la Chaussée
nommée la Margattière |
Dol |
02 l |
terre |
Au seuil de la
Brèche Arthur près le Champ Saint James |
Dol |
06 l |
terre |
Le pré
Cornel |
Dol |
16 l |
terre |
Legears
près Dol |
Dol |
02 l |
terre |
Les Passagères en
Pont-Labat |
Dol |
06 l |
maison & jardin |
Deux petites
maisons avec jardin derrière en la paroisse du Crucifix |
Dol - Crucifix |
07 l |
terre |
Pré dépendant de
la maison de la Brosse |
Epiniac |
|
terres |
Pieces
de terre et biens en Equiou proche
Evran, évêché de Saint Malo |
Equiou |
12 l |
maison & terre |
Maison et clos |
Hirel |
06 l 13 s 03 d |
maison |
Sur le château et
dépendances de Landal au Comte de France |
La Boussac |
12 l |
terre |
lieu de l’Estanc
à l’Ouaie, près le bourg |
La Boussac |
|
terre |
Le pré dom
Georges |
Lislemer |
03 l |
|
Sur héritage
|
Mont-Dol |
06 l |
maison & jardin |
Maison, jardin &
courtil |
Mont-Dol |
10 l |
rente foncière |
Sur les
Cherandières |
Mont-Dol |
10 l |
terre |
|
Mont-Dol |
03 l |
terre
|
A
Carcoul et la Chaussée |
Mont-Dol |
06 l 10 s |
terre |
Au village de
Chantelou |
Mont-Dol |
06 l |
terre |
La Goutte
Changette |
Mont-Dol |
04 l |
terre |
La
Sourdossière, sur la Banche |
Mont-Dol |
01 l 5 s |
terre |
La
Vergerie |
Mont-Dol |
02 l 10 s |
terre |
Les
Pouets au seuil de la
Bégaudière |
Mont-Dol |
06 l |
terre |
Sur un clos
….près le Vivier |
Mont-Dol |
04 l 10 s |
terre |
Sur un clos
….près le Vivier |
Mont-Dol |
03 l |
terre & maison |
Les Gours, au
pied du Tertre |
Mont-Dol |
03 l |
terre |
4
journeaux au village de la
Bardoullière |
Mont-Dol |
|
maison |
A l’enseigne de
la Fleur de Lys |
Notre-Dame |
06 l |
maison |
Avis la chapelle
de la Vierge de la communauté nommée la maison des
Carraux |
Notre-Dame |
05 l |
maison & jardin |
Bas Celliers |
Notre-Dame |
06 l 05 s |
terre |
Nommée La
Turquoise |
Notre-Dame |
04 l 10 s |
maison |
Haut de la
Chaussée |
Notre-Dame |
10 l |
maison |
La Vieille
Foulonnerie |
Notre-Dame |
23 l 15 s |
terre |
La Rousse |
Notre-Dame |
25 s |
terre |
La pièce des
champs |
Pleine Fougères |
04 l |
rente |
Sur héritage |
Roz-sur-Couesnon |
70 l |
terre |
L’Epinay sur
quatre personnes |
Saint-Broladre |
30 l |
terre |
Le haut des
champs, près le bourg |
Saint-Léonard |
02 l |
Dans les années
communes : |
Valeur Boisseau
Froment Terrain |
3 L 10 s le
boisseau |
|
Valeur Boisseau
Froment Marais |
3 L |
A la
Saint-Michel : |
|
|
Hirel |
4 B. F. M |
|
Cherrueix |
½
B. F. M. |
|
Cherrueix |
3
demeaux F. M. |
|
Baguer-Pican |
3 ½ B. F. T. et 2
chapons |
|
Mont-Dol |
4 B. F. M. |
|
Epiniac |
5 B. F. T. |
|
Notre-Dame |
8 ½ B. F. T. |
|
Hirel |
11 B. F. M. |
|
A
Pasques : |
|
|
Saint-Marcan |
28 B. F. M. |
|
|
Soit |
202 livres |
|
|
|
Rentes dues à la
communauté sur terres et rentes |
811 livres 4 sols 18 deniers |
Rentes
constituées dues à Dol : |
|
pour fourniture de
viande au sieur Coudray et femme veuve
Savary, boucher. (mais comme ils doivent 44 l et 40 sols, il ne
reste que 6 livres). |
090 livres |
Rentes dues à
Rennes : |
|
A la veuve de la
Motte Fouque pour 7 000 l. d’emprunt. |
152 livres par an
|
pour un emprunt de
3 000 livres à Mme de la Monneraye le
Meze, dame de
Bourgneuf. |
150 livres |
pour 2 000 livres
empruntées au sieur Prigent de la
Treiguillys. |
200 livres. |
à M. le chevalier
de Cicé. |
400 livres |
pour une dette de
1 500 livres à Mme Odye. |
075 livres |
pour André Nicol,
religieux de la province. |
060 livres |
Soit |
1127 livres |
Tous les ans, 3
jours ½ pour fanner dans le pré nommé de
l’Evesque, on y envoie un journalier. |
Soit 17 livres |
Baguer-Morvan |
10 l 15 s |
Baguer-Pican |
05 l |
Notre-Dame |
04 l |
Le val,
Saint-Marcan |
Au
Prieuré de Saint-Broladre |
3 B. F.
M. |
Soit 12
l 13 s |
|
Au
seigneur des Hommeaux |
13 sols
en argent |
|
Au Clos
lupin |
Aux
religieux bernardins de la Vieuville |
2 B. F.
T. et 7 l
1 ½ B.
F. et 5 l 5 s |
Soit 12
l 05 s |
|
|
|
|
|
A Mr de
Saint-Méloir
|
2 sols
monnaye qui font 2 sols 5 deniers
une
paire de gants blancs
deux
chapons |
Soit 01
l 07 s 05 d |
|
A Mss
du chapitre de Dol |
2 B. F. T. et
4 godets
1 l 8 s 5 d en argent |
Soit 10
l 08 s 05 d |
|
A la
seigneurie de Malestroit |
4 B. F.
|
Soit 16
l |
Grande
Epine,
Baguer-Pican |
A M. le
comte de Noyant, seigneur de la Mancelière |
7
godets F. et 8 sols en argent |
Soit 05
l 10 s |
|
|
|
|
Baguer-Pican |
12 livres |
L’Abbaye
près dol |
06 livres 10 sols |
Carfantin le Noble |
01 livre 05 sols |
Pour deux
domestiques |
02 livres 02 sols
08 deniers |
Rolles
dus à différents fiefs et seigneurs
Seigneur de la
Mancellière et plusieurs autres |
05 livres |
Au révérend père
provincial |
|
Pour droit de
visite |
18 livres |
Taxes de la
province |
40 livres 06 sols |
Chirurgien |
pour raser les religieux (M. Beauvais, notre chirurgien actuel, ne
prend rien non plus que pour les saignées et autres traitements). |
Ordinairement 20 livres |
Buandière |
|
45 livres en 1745,
36 livres en 1767,
60 livres en 1770 |
Domestiques
|
(un domestique jardinier en 1781) |
45 livres en 1781,
40 livres en 1782,
60 livres en 1784,
60 livres en 1788. |
Gages
|
Gages du garçon |
30 sols |
Cordonnier |
(Gilles Mancel) |
04 livres le soulier,
03 livres 04 sols l’escarpin. |
D’après le chanoine
Guillotin de Corson :
Maisons terres et
rentes |
Revenu : |
2 877
livres |
|
Charges : |
816
livres |
|
Revenu
net : |
2 031
livres |
Directoire de Dol :
Le 25 février 1791.Le directoire de Dol écrit à celui du département :
Les ci-devant Carmes de cette ville nous ont présenté leur compte de
1790 que nous joignons à la présente. La bonne réputation du religieux
qui nous l'a rendu ne permet pas de douter de l'exactitude de ce compte.
Par le résultat nous voyons que cette communauté a subsisté sur 1,225
liv. 10 s. 9 d. pendant l'année 1790; il lui revient donc 364 liv. 9 s.
3 d. pour le complément du traitement de deux Carmes et 400 liv. pour
les trois premiers mois de 1791, total : 764 liv. 9 s. 3 d. Nous leur
avons adressé un mandat de cette somme et nous vous prions de
l'ordonnancer le plus tôt possible. Ils méritent la célérité que nous
sollicitons pour eux. Ils nous ont remis un état de reste montant en
argent à 1,720 liv. 14 s. 5 d. et à 59 boisseaux de blé froment; ils
nous entremis leurs journaux avec les titres qui en sont la
justification ; ils nous proposent la remise de tout ce qu'ils doivent
aux termes de l'art. 9 du titre 3 de la loi du 5 décembre 1790 sur la
désignation et administration des biens nationaux. Incessamment et à
notre retour de Rennes nous nous occuperons de ces inventaires.
4E6747 : minutes Juhel, notaire, 1721 – 1738.
Nombreux actes concernant les pères Carmes.
1F1971 :
Plan du projet de rue rejoignant la place du Champ à la
rue de Rennes, 1er août 1769
Xx :
Plan de Dol levé par Picot, ingénieur de
Garangeau, en 1693
Les carmes de Dol n’ont pas laissé d’archives ou presque pas, si ce
n’est les actes consignant les débuts de la communauté.
9H1 : Grands Carmes de Dol.
Lettre d’Antoine de Revol,
datée aux Ormes le 6 septembre 1620.
Pièces diverses, fondations, transactions.
Procès contre les paroissiens de Baguer-Morvan.
Parchemins concernant la fondation du couvent.
Deux actes sur parchemin,
Livre rentier fait aux pères Carmes de Dol, fait en
l’année 1745 par le père Siméon de Saint Pierre (1745 – an XI).
Accord de transaction entre sieur François de
Bruc et sieur François de La Motte, 1642
Fondation de Mathurine
Cadet, 1643.
Plaidoiries avec le recteur de
Notre-Dame pour les inhumations.
Plaidoiries avec le général de Baguer-Morvan pour les
fouages.
Donations diverses.
9H7 :
St Charles Borromée était vénéré au couvent des Carmes
de Dol ainsi qu’en témoigne un acte d’inhumation du 3 octobre 1736.
Mandement de Monseigneur Hector d’Ouvrier, Carmes,
réédification du monastère, 1639.
Lettre avec grand sceau d’Antoine de
Révol.
Donations, actes divers sur parchemin
Bibliographie :
BOUCHEREAUX Suzanne Marie, La réforme des Carmes en
France et Jean de Saint Samson, Etudes de Théologie et d’Histoire de
la Spiritualité, Librairie Philosophique J.Vrin,
Paris, 1950.
CRBC, La Bretagne en 1665 d’après le rapport de
Colbert de Croissy, Jean Kerhervé, François
Roudaut, Jean Tanguy. Centre de Recherche
Bretonne et celtique, Faculté des Lettres et Sciences Sociales,
Université de Brest, 278 p. 1978.
BREMOND Henri, Histoire du sentiment religieux en
France, depuis la fin des guerres de religion jusqu’à nos jours,
vol. II, l’invasion mystique, (1590-1620), chapitre V, Jean de
Saint-Samson. Paris,
Bloud et gay, 1916-1936, 11 vol. et 1 vol.
d’index.
DELARUE Paul Gustave, Le clergé et le culte
catholique en Bretagne pendant la Révolution, District de Dol,
documents inédits, Rennes, 1903-1910, 6 vol., 2eme partie - 1905 -
commune de Dol.
DUINE François, Histoire Civile et Politique de Dol
jusqu'en 1789, Paris, Champion, 1911, 349 p ; réédition, Laffitte
Reprint, Marseille, 1975.
DUINE, Mémoires Société Archéologique d’Ille et Vilaine,
t. XXIV, 1895, p. X-XII.
GUILLOTIN DE CORSON Amédée,
Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. René
Haton et Fougeray,
Rennes et Paris, 1880-1886, 6 vol. gd in-8°.
MARTIN Hervé,
Les ordres mendiants en Bretagne (vers 1230 – vers 1530).
Université de Haute-Bretagne, Institut de
Recherches Historiques de Rennes. Librairie C.
Klincksiek, Paris, 1975.
SERNIN, R. P. Marie de Saint André, Carme déchaussé,
Vie du vénérable frère Jean de Saint-Samson,
religieux carme de la réforme de Touraine, Paris,
Poussielge frères, 1881, 392 pp.
VILLERS L. (de), Histoire des carmes en Bretagne,
A. de La Borderie et L. de Villers, Carmes de Dol, Mémoires
Société Archéologique d’ Ille-et-Vilaine, t. XXV, 1896, pp. 193 – 207
Le couvent des Grands Carmes de Dol, cinquième couvent de l’observance
de Rennes.
2
Fondation du couvent des Carmes de Dol.
3
Du procès entre les chanoines et les religieux.
3
Les raisons de ce procès et condamnation.
4
L'oeuvre d’Etienne Coeuret
4
Du lieu ou est bâti le couvent des Carmes.
6
Le couvent au XVI e siècle.
7
La cloche du couvent des Carmes sauve la ville de Dol.
8
Sanitat de Dol desservi par les Carmes.
8
Introduction de la réforme de l’Observance de Rennes.
9
Le couvent au XVII e siècle.
10
La vie au couvent
12
Les prédicateurs.
14
Les religieux.
15
Jean de Saint Samson.
16
La dévotion à Notre-Dame des Carmes.
19
Des miracles faits par les prières de la Vierge.
19
Période révolutionnaire.
21
Journal des évènements.
21
Carême de 1791.
22
Vestiges des Carmes à Dol
24
Religieux pères Carmes connus.
27
XV e siècle.
27
XVI e siècle.
27
XVII e siècle.
27
XVIII e siècle.
28
Quelques revenus et charges connus.
29
Rentes dues à la communauté sur terres et rentes diverses.
29
Rentes en bled, monnaye, corvées et autres dues :
31
Etat des rentes boisseaux Froment dues à la communauté :
31
Rentes dues par la communauté pour remboursements d’emprunts (1745):
31
Corvées que doit la maison :
31
Rentes en avoine pour obiterie dues par la communauté :
31
Rentes en bleds, monnaye et autres dues par la communauté :
31
Fouages dus par la communauté :
32
Capitation due :
32
Rolles dus à différents fiefs et seigneurs.
32
Droits du provincial :
32
Autres charges annuelles :
32
Pour l’année 1790 :
32
Mandement de l’évêque Hector d’Ouvrier :
34
Sources :
35
Archives départementales d’Ille et Vilaine,
35
Fonds des Grands Carmes. 9 H 1 - 47.
35
Bibliographie.
36
Table des matières.
37