Généalogie et Histoire en Pays Dolois  

 

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La CARTOLISTE

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L'INAUGURATION DE LA STATUE DE CHATEAUBRIAND le 12 OCTOBRE 1930

               La statue de Chateaubriand, offerte par l'Etat à la ville de Combourg, a été inaugurée le 12 octobre 1930, sous la présidence de M. André-François Poncet, sous-secrétaire à 1'Economie Nationale.

              A 9H30, M. André-François Poncet, accompagné de M. Jullien préfet d'Ille et Vilaine, est reçu à l'Hôtel de Ville par M. Bohuon, maire de Combourg et les nombreuses personnalités présentes.

              La foule se rend au Monument aux Morts, et, après quelques minutes de recueillement et l'exécution de "La Marseillaise" par l'Harmonie des Chemins de fer de l'Etat, se dirige vers l'emplacement de la statue, à l'intersection des routes de Rennes et de Dinan.

              Après que les officiels ont pria place dans la tribune, le voile recouvrant la statue est enlevé : on découvre ainsi l'oeuvre de M. Alphonse Terroir, grand prix de Rome,  scellée sur un socle de granit de Lanhélin.

              Prononçant le premier discours, M. Dézarrois, conservateur des Musées Nationaux, prend la parole au nom du Comité du Monument. I1 remercie les personnalités présentes, puis, soulignant le symbolisme de l'emplacement choisi, il évoque le départ de Chateaubriand, quittant les siens, ses rêves et sa jeunesse, pour rejoindre Cambrai par la route de Rennes.

              M. Bohuon, maire de Combourg, lui succède pour rappeler la vie de Chateaubriand dans la cité.

              M. La Chambre, député, trace alors quelques traits du caractère de Chateaubriand puis adresse ses félicitations au sculpteur Terroir qui a su rendre l'expression nostalgique de celui qui incarne l'âme bretonne.

              Après quelques mots de M. Le Savoureux, présidant des "Amis de Chateaubriand", M. Gaston Rageot, président de la Société Gens de Lettres, dit notamment : "Le secret de Chateaubriand, c'est le drame profond de son intelligence trop lucide".

              Le représentant de l'Académie Française, le duc de la Force, parle de Combourg partout invisible et présent, ce Combourg qui enveloppa l'enfance de Chateaubriand.

              M. André-François Poncet prend, le dernier la parole et, parlant de l'influence de la Bretagne sur Chateaubriand, il dit notamment :

 

" Cette statue attestera que Chateaubriand doit à la "Bretagne ce qu y a en lui d'authentiquement   et d'héréditairement breton.

 Quand Sainte-Beuve, dans la série de leçons qu'il a consacrée à Chateaubriand et à son groupe littéraire, entreprend en quelque sorte de démontrer l'écrasant objet auquel il s'est attaqué et cherche à résoudre ce phénomène infiniment complexe en ses éléments fondamentaux ; un cri échappe soudain au milieu de son travail : Après tout, dit-il, c'est Breton.

 Eh oui ! C'est un Breton ! On s'étonne seulement que Sainte-Beuve ne l'ait découvert qu'à la neuvième leçon, car la Bretagne a marqué Chateaubriand d'une empreinte évidente. Il est bien le fils d'une race de voyageurs et de marins, il aime l'expédition, l'aventure. Il y a chez lui un fond de corsaire. Le voyage l'exalte et l'enivre. Il s'y rajeunit, il s'y retrempe. Il en revient chargé de dépouilles, riche de provisions dont il vivra, descendu à terre.

 Il est bien le fils d'une race de rêveurs tristes que n'effraient ni silence, ni la solitude et qui aime les grands horizons, où la pensée flotte à son aise sans rencontrer d'obstacles ni de limites. Et d'autre part, il connaît cette aptitude à la douleur, cette étonnante faculté de souffrir que la mer bretonne cultive depuis des siècles.

 Il est bien encore le fils d'une race croyante qui porte en elle l'instinct et le goût de la foi, l'inquiétude philosophique, et ainsi il annonce et prépare ces chrétiens troublés, ou révoltés que seront les Lamennais et les Renan.

 Il est bien enfin le fils d'une race courageuse et fidèle, son courage, nul, semble-t-il, ne le conteste. Il en a fourni des preuves multiples tout le long de sa vie depuis les années de misère et de famine  qu'il a passées en Angleterre jusqu'à ce discours magnifique aussi honorable pour l'orateur qui le prononçait que pour la Haute Assemblée qui l'écoutait, par lequel il signifie devant la Chambre des Pairs son refus de servir Louis-Philippe."

 

               Le discours de M. André-François  Poncet est salué par des applaudissements nourris. Un groupe de jeunes filles exécute alors, devant les marronniers d'automne, la chanson de l'exilé.

              A midi, dans une salle de l'Hôtel de Ville, un banquet réunit les personnalités présentes. Au Champagne, des discours furent prononcés, notamment par M. Julien, préfet d'Ille et Vilaine, qui remercia et félicita M. Poncet; M. Bohuon, maire; M. Jenouvrier, sénateur; M. Collas, professeur de littérature à la Faculté de Rennes,  lequel, dans une étude détaillée et remarquable expliqua la mélancolie de Chateaubriand; Mme Perdriel-Vaissière, au nom des poètes, qui chanta en l'écrivain plus le poète que le prosateur, tant son style cadencé donne à ses phrases l'enchantement de la musique.

               Puis, M. André-François Poncet saluant les dames présentes remercie Mme de Durfort de sa généreuse intervention pour le succès de la journée et après avoir souligné l'aide que les pouvoirs publics doivent apporter aux écrivains, termine en rappelant les paroles prononcées par M. Doumergue à Brest, à l'occasion des événements intérieurs et extérieurs :
 

                       Mon pays sera mes amours

                              Toujours !
 

               L'après-midi, la pluie se met à tomber et le concert, projeté dans la cour du château, doit être donné sous les Halles par 1' Harmonie des Chemins de fer de l'Etat.

               Le soir, des guirlandes de lumières, épousant le contour des toits et des créneaux du château, jetaient dans la nuit leurs lueurs tandis que des réflecteurs éclairaient la statue de Chateaubriand.

J. M. C. (d'après l'Union Malouine et Dinannaise du 17 octobre 1930)

Les listes publiées sur ce site n'étant pas exhaustives, si vous connaissez des cartes non répertoriées, merci de nous en communiquer les références.

J'accepte toute cartoliste ou reproduction pour compléter ces informations ; Merci.

© Pelem - HistogenDol  06.2004 - mise à jour du site 09-août-2006