Généalogie et Histoire en Pays Dolois  

La commune de Cherrueix (35)

 

 

 

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Les anciennes salines de Cherrueix

            La plupart des salines de la baie du Mont Saint Michel se trouvaient dans la partie normande de celle-ci, le travail du sel y était une véritable industrie. On en compta jusqu'à 300. Dans la manche il y avait depuis des temps immémoriaux des salines à Marcey, Vains, Genêts, Bréhal, Bricqueville, Créances, Lessay, Montmartin, etc... Dés le huitième siècle il existait des salines de Huisnes à Genêts. Il semble que ce soient les grandes abbayes normandes qui dès l'an mille possédaient des droits sur ces établissements.

            Elles eurent une importance de plus en plus grande. Dans la partie bretonne elles s'étendirent peu à peu depuis Roz sur Couesnon jusqu'à Château-Richeux, mais elles ne furent jamais aussi importantes qu'en Normandie sauf peut-être à Roz sur Couesnon.

            Le pays était fortement marqué par cette industrie du sel ; Cette activité était strictement réglementée : pendant la fabrication, chaque saline faisait l'objet d'une réglementation très serrée. Le sel était pour le fisc ce qu'est l'essence aujourd'hui, personne ne pouvait se passer de ce produit, les sources d'approvisionnement étaient faciles à surveiller.

             Les gabelous veillaient à l'exactitude des poids utilisés, à la quantité de sel produite, au nombre de feux autorisés.

            Les sauniers étaient tenus d'être syndic à tour de rôle, organisant le temps de travail ; 80 jours par an, divisés en deux semestres de 40 jours. D'aucuns disent que lés sauniers étaient de pauvres gens. Les propriétaires étaient au contraire très assis. En 1778 le prix de vente d'une saline se montait à 10 ou 12000 livres. Une saline était officiellement louée 3000 livres par an. Les sauniers n'étaient donc pas à plaindre ; l'un d'eux en particulier a laissé un héritage de 22000 livres, chiffre très appréciable pour l'époque. Riches et influents les sauniers de l'époque « fricassaient l'argent avec leur plomb » et « chassaient les chiens avec des écus de six livres » ainsi dit la légende. L'état a toujours été tenté de limiter la production pour maintenir les prix. Les fraudeurs ne manquaient pas, on fraudait sur la livraison et les contrôles inopinés des voitures étaient fréquents ainsi que sur la qualité du sel de façon à en faire le plus possible quitte à le vendre moins cher et mal cuit.

            Les sauniers avaient aussi de nombreux litiges avec les paysans qui allaient chercher de la tangue pour améliorer leurs cultures. Le ratissage permanent des grèves finissait par les abaisser et surtout empêchait toute végétation, si utile pourtant pour le maintient du relief et des digues, protection contre la mer. Les sauniers encombraient aussi les chemins avec les charrois de sel mais aussi de bois, ce bois qui alimentait les salines. Elles fumaient jour et nuit, dégageant une fumée acre.

            La grève qui s'étend au pied du Mont Saint Michel et dans toute sa baie est unie et couverte d'un sable très fin ; On n'y voit pas de cailloux, et les coquillages y sont rares. Lorsque la mer est calme, elle entre dans cette baie par un mouvement très lent et n'y apporte d'autres corps étrangers que des débris de granit jaune et rouge détachés des rochers. Grâce à ce mouvement paisible des flots, il se forme sur la plage des dépôts d'une terre glaise bleuâtre, fine et bien lavée, connus sous le nom de lisses. Ces lisses sont des mines de sel.

            Pour faire le beau sel blanc, pendant les mois d'été, les riverains ratissent très légèrement, à l'aide d'un haveau, le sable chargé de salin. On ramasse dans des hottes le sable le plus fin et le plus pur et on le jette sur des aires pratiquées à ces usages. Là on le laboure plusieurs fois par jour et lorsque les sillons commencent à se couvrir d'efflorescences salines, on cesse cette opération et cette matière est transportée près des salines, en gros tas ou mondrains que l'on couvre de fagots et de terre grasse afin d'empêcher la pluie d'y pénétrer, on peut aussi la ramasser sous des hangars où on laisse ce sable jusqu'à la fin de la bonne saison. Ce sablon est ensuite aspergé d'eau douce qui entraîne les parties salées, lesquelles aboutissent par des gouttières dans des cuves placées dans le bâtiment destiné à l'évaporation. De ces cuves on le transvase sur des plateaux en plomb à rebords, on allume ensuite un feu clair sous ces plateaux, l'eau s'évapore en deux heures. Cette opération produit la cristallisation du minéral et le sel sera récolté au fond du plateau. Une eau nouvelle est versée dans le plateau et on continue l'évaporation. Après 24 heures d'effort on récolte en moyenne 50 kg de sel sur 3 plateaux, on le met à égoutter dans des paniers en forme d'entonnoir, les ruches.

            Ces opérations de bouillerie s'effectuaient dans des salines, petites maisons édifiées le long de la côte, au plus près de la mer, mais à l'abri des marées. Ces maisons de terre ou de pierrailles présentaient deux ouvertures dans leur toit de chaume, laissant échapper la fumée. On y trouvait trois fours en terre glaise, supportant chacun un plateau de plomb. Un feu clair y était entretenu pendant 24 heures, l'eau s'évaporait sous l'effet de la chaleur, toutes les deux heures on renouvelait cette eau.

            De tous temps on rendait les salines responsables d'une partie des dégradations des digues des marais à cause des havelages de sables nécessaires à leur exploitation.

            L'Intendant de Bretagne prit de nombreux arrêtés concernant la réglementation de ces salines mais aussi ordonnant leur destruction lorsqu'elles présentaient du danger pour les digues.

            Monsieur de la Motte Picquet, commissaire de la Cour, fit une inspection des marais de Dol en 1736, il prétendit que l'enlèvement des sables et gazons pris dans la grève pouvait faire venir la mer avec plus de violence contre les digues. Par un arrêt du 17 août 1736, le Parlement de Bretagne fit défense de prendre des terres, sables et gazons dans les grèves pour quelque cause que ce fut ; Un autre arrêté du 17 août 1749 ordonna expressément la suppression de toutes les salines construites sur la paroisse de Cherrueix, avec défense d'en bâtir de nouvelles et de ramasser des sables sur les grèves. En conséquence, les salines furent abattues.

            Voir les emplacements des salines aux sieurs "Frot", "Guerin", "Bouaissier", de Cherrueix sur la carte "Loiseleur'

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